“Twitter X autorise le harcèlement” : dans les Alpes-Maritimes, cette députée fait condamner le réseau social d’Elon Musk

Un jugement du tribunal judiciaire de Nice ordonne à X (ex-Twitter) de fournir à Christelle d'Intorni les données permettant d'identifier les titulaires de cinq comptes anonymes qui l'ont harcelée en ligne en 2021. La plateforme doit communiquer ces informations sous astreinte de 500 euros par jour de retard.

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Depuis la reprise de Twitter par Elon Musk en 2022, la plateforme, rebaptisée X, s’est transformée en un terrain de batailles idéologiques où volent les noms d’oiseaux et les attaques personnelles. Assouplissant les règles de modération et réintégrant des figures controversées, Elon Musk a fait de X le symbole d’une vision qualifiée de "libertarienne", considérant que la liberté d’expression se doit d'être totale.

Ce modèle, applaudi par une partie de la droite américaine et européenne, suscite pourtant des critiques en raison de la recrudescence des discours haineux et du harcèlement en ligne. Christelle d’Intorni, députée française située à la droite de l’échiquier politique (UDR, le parti d'Eric Ciotti) vient de gagner en justice contre le réseau social d'Elon Musk. Elle souhaite qu'une proposition de loi permette de simplifier la procédure judiciaire.

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Une bataille "personnelle" à contre-courant de son parti ? 

La députée Christelle d’Intorni appartient à un courant politique qui a souvent vanté les mérites d’Elon Musk, considéré comme une figure de la liberté d’expression. Cependant, c’est précisément contre son réseau social qu’elle a décidé de s’engager.

La liberté d’expression, ce n’est pas s’acharner sur des gens.

Christelle d'Intorni, députée de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes

à France 3 Côte d'Azur

Elle dénonce une plateforme où les discours haineux prolifèrent dans une impunité quasi totale. Pendant sa campagne pour les élections départementales de 2021, aux côtés d'Eric Ciotti, cette dernière a été victime d'un lynchage numérique.

"C’était très violent, confie-t-elle. J’étais enceinte, et je voyais défiler des attaques sur mon physique, mon mandat, mes compétences. Certains allaient jusqu’à déformer des photos de moi pour me ridiculiser." Cette violence, elle dit l’avoir vécue comme un électrochoc. "Si moi, en tant que femme adulte faisant partie du monde politique, je l’ai mal vécu, qu’en est-il pour un enfant ou un adolescent ? Les jeunes ne sont pas préparés à cela."

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X (ex-Twitter), plateforme au cœur des controverses

La vision d'Elon Musk, qui se positionne en défenseur d’une liberté d’expression absolue, est applaudie par certains courants politiques, notamment à droite, mais critiquée par ceux qui dénoncent une explosion des discours haineux. Dans ce contexte, la démarche de Christelle d’Intorni tranche.

Issue d’une droite française souvent acquise au milliardaire, elle se démarque en dénonçant une plateforme devenue selon elle un outil autorisant, de manière tacite, le harcèlement numérique. "Il faut que les réseaux sociaux soient des lieux de débat démocratique. Et la liberté d'expression se doit d'être maîtrisée." 

Rester sur X ou faire une croix sur ses abonnés ? Les comptes les plus suivis face à un dilemme sur un réseau social devenu problématique. © LIONEL BONAVENTURE / AFP

Son avocat (qui est dans la vie son compagnon) est impliqué dans ses démarches judiciaires. Il souligne la difficulté d’obtenir des informations des plateformes. "Meta, qui gère Instagram et Facebook, coopérait jusqu’alors. Mais Twitter refuse. (…) C’est un vrai chemin de croix, autant sur le plan judiciaire que financier. Toutes les procédures doivent passer par l’Irlande, où Twitter a son siège social, ce qui nécessite de tout traduire et donc d’engager des frais pour cela."

La régulation, par une proposition législative, devient ainsi selon lui indispensable : "On ne parle pas de deux tweets… J’ai un dossier de plus de 50 pages contenant des publications qui harcèlent Christelle." insiste-t-il, faisant part au passage de son exaspération face à l’inaction de la plateforme. Il conclut : "Twitter autorise le harcèlement."

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Quelle place pour X dans le débat démocratique ?

Consciente des obstacles qui l’attendent, Christelle d’Intorni reste réaliste. "Je ne suis pas certaine de gagner ce combat, mais je veux aller au bout." Elle sait que son initiative pourrait susciter des critiques, y compris au sein de son propre camp. Mais pour elle, l’enjeu dépasse les considérations partisanes : il s’agit de protéger les individus et de garantir un débat démocratique sain.

Avant de suivre une idéologie de parti, j'ai ma propre opinion politique sur le sujet. (...) J'ose espérer que c'est un sujet qui est transpartisan.

Christelle d'Intorni, députée de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes

à France 3 Côte d'Azur

Pour autant, la question de quitter X ne se pose pas pour elle, qui souhaite utiliser la plateforme pour communiquer sur son activité parlementaire. "Je n'envisage pas de quitter X, ça reste un moyen pour nous les parlementaires de relayer notre travail. C'est un moyen de communication qui reste essentiel, mais je conseillerai à mes enfants de faire preuve de beaucoup de vigilance ou de ne pas s'y rendre."

Depuis l'investiture de Donald Trump, très proche d'Elon Musk, entreprises et institutions se posent la question de quitter le réseau social. Un dilemme compliqué tant X est devenu incontournable en quasiment 20 ans d'existence.

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