Après l'annonce surprise de ce début de semaine signée Christian Estrosi, les écologistes se félicitent tandis que l'UDR exprime ses craintes. Mais une fois cela dit, le maire de Nice et président de la Métropole a-t-il vraiment les cartes en main ? Les expériences menées à Cannes montrent que ce n'est pas aussi simple.
L'annonce a pris de court tous les politiques azuréens : Christian Estrosi a annoncé par surprise, ce lundi 20 janvier au soir, sa volonté d'interdire l'arrivée des navires de croisière dès l'été prochain dans la Métropole Nice Côte d'Azur.
Les principaux sites concernés sont logiquement le port Lympia à Nice, mais aussi la rade de Villefranche-sur-Mer, souvent prisée par les croisiéristes.
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Parmi les premières personnes à réagir à cette annonce, Juliette Chesnel-Leroux, présidente du groupe écologiste à la mairie de Nice et à la Métropole Nice Côte d’Azur, salue une "victoire historique pour l’écologie", "obtenue après un long combat", qui démontre selon elle que "les alertes répétées face aux conséquences désastreuses de ces géants des mers ont enfin été entendues". Auprès de France 3, elle déclare croire à l'aboutissement de ce projet : "Là, c'est plus que de la communication, c'est une envie", estime-t-elle".
Si finalement M. Estrosi ne le fait pas, ça serait un risque politique majeur pour lui, notamment en vue de l'accueil de la Conférence des Nations Unies sur l'Océan en juin. S'il y arrive avant, ça sera un succès
Juliette Chesnel-Leroux,Présidente du groupe écologiste à la mairie et à la métropole de Nice.
Le député UDR des Alpes-Maritimes Bernard Chaix est lui nettement moins enthousiaste. Selon lui, il y a "des solutions alternatives à trouver" face à cette décision qu'il juge "exagérée". Il souhaiterait notamment continuer à accueillir les navires "les moins polluants", pour éviter de perdre la clientèle touristique drainée par les croisières.
On va laisser partir les croisiéristes où ? A Gênes peut-être ?
Bernard Chaix,député UDR de la 3ème circonscription des Alpes-Maritimes.
Selon lui, "on a besoin de cette clientèle à Nice pour faire vivre notre économie locale". Un argument rejeté en bloc par Juliette Chesnel-Leroux, qui considère qu'aujourd'hui, "les touristes de croisière ont tout à bord, alors quand ils descendent ils n’achètent même plus de cartes postales". L'élue écologiste estime donc que "ça ne représente rien".

Une décision hors des compétences de la Métropole ?
Contactée par France 3 Côte d'Azur, la mairie de Cannes ne se positionne pas officiellement sur cette annonce du maire de Nice, bien qu'elle fût longtemps précurseure sur cette thématique. Son directeur général adjoint des services, Georges Montanella, rappelle que la municipalité a mené "un combat de longue haleine" sur le dossier, qui a finalement abouti à l'été 2019 sur la 1ère "charte des croisières vertes", contraignant les compagnies à faire un certain nombre de gestes pour amoindrir leur impact sur l'environnement pour accéder à la baie de Cannes.
Les 32 compagnies de croisières dont les bateaux sont au large de cannes ont signé cette charte.
Georges Montanella,Directeur général adjoint des services de la Ville de Cannes.
Mais finalement, jamais une interdiction totale n'a pu être décidée par le maire de Cannes David Lisnard. "On ne peut pas le faire, parce que ce n’est pas notre compétence", pose Georges Montanella. "C'est sous l’entière responsabilité et compétence du préfet maritime", précise-t-il, expliquant que la mairie de Cannes demande depuis des années à "étendre son pouvoir de police au-delà des 300 mètres de bande littorale".
Une proposition de loi aurait même été déposée par la députée Alexandra Martin en ce sens, en vain. "C'est resté lettre morte", se désole Georges Montanella, qui dit "continuer à travailler sur ce dossier-là, notamment pour essayer d'avoir des bateaux plus petits".
Alors Christian Estrosi pourra-t-il rapidement réussir là où David Lisnard s'est retrouvé dans une impasse ? Rien n'est moins sûr, même si Juliette Chesnel-Leroux, des écologistes, y croit : "Il faut faire une demande officielle au préfet maritime, maintenant c'est à lui de prendre la décision, et nous lui enjoignons de le faire".
Reste que si la proposition, ou plutôt la demande de Christian Estrosi aboutit, nul doute que Cannes et d'autres communes du littoral azuréen ne manqueront pas de faire de même.