Dans le hameau isolé de l'arrière-pays niçois, la petite maison à flanc de colline a les volets clos mercredi. C'est là que Christelle, une jeune maman de 32 ans, a perdu la vie dans la nuit, ensevelie devant sa porte par une coulée de boue provoquée par des pluies diluviennes.
Le drame s'est produit vers 21h00 dans la commune de Saint-Blaise (Alpes-Maritimes), située au nord de Nice. L'infirmière venait de rentrer de son travail. Elle a entendu du bruit et a ouvert sa porte d'entrée donnant directement, à deux mètres, sur une colline très escarpée.
Une partie d'un mur de soutènement composé de blocs de béton s'est alors rompu, explique le chef d'escadron Denis Mottier, qui dirige la compagnie de gendarmerie de Nice. La jeune femme aurait dit à son mari de rester à l'abri à la maison, juste avant l'éboulement.
confie Virginie, la voisine directe de la victime, accourue immédiatement avec son mari. Christelle était écrasée par des parpaings du muret et prise dans la coulée de boue, décrit-elle."On a fait ce qu'on pouvait... C'est inimaginable",
"On a dégagé sa tête, mais il n'y avait plus de réponse. C'était difficile, il y avait de la boue, une souche d'arbre", explique un voisin, CRS de profession.
Une vingtaine de pompiers et de gendarmes se sont ensuite relayés pendant une heure trente pour extraire, très difficilement, le corps de la victime, alors qu'un déluge de pluie s'est abattu sur la zone entre 21h et 23h30.
"L'équivalent d'une benne de terre"
"L'équivalent d'une benne de terre" a envahi l'étroite allée passant devant l'entrée de la maison encaissée contre la colline, estime Denis Mottier.Les structures de la maison sont intactes, mais les gendarmes ont préféré évacuer mardi soir le mari et les enfants par précaution. La voisine, Virginie, qui a fait construire une maison à l'identique il y a quatre ans, regarde avec inquiétude le muret devant son entrée où la colline est beaucoup moins haute. Elle tentait mercredi de surmonter le choc avec le soutien de Sandra, une autre maman du hameau.
Mariée il y a dix jours
Christelle, mère de deux garçons de 3 ans et 6 ans, s'était mariée il y a dix jours et voulait partir en voyage de noces, racontent les jeunes trentenaires venus vivre au vert dans ce hameau perdu pour élever leurs enfants.confie Sandra à propos de l'infirmière spécialisée en dialyses "qui s'occupait des autres". La victime travaillait dans la ville côtière de Saint-Laurent-du-Var.Toujours contente, Christelle incarnait la joie de vivre aux côtés de ses enfants",
"Un drame pour la commune"
A quelques kilomètres, leurs enfants sont tous scolarisés dans la même école au centre du village de Saint-Blaise (1.000 habitants). A l'école, où enfants et parents étaient tous en pleurs mercredi matin, une cellule de soutien psychologique a été mise en place, indique le maire du village, Jean-Paul Fabre. "C'est un drame pour la commune", a-t-il commenté"Mon fils était bouleversé ce matin, l'un des enfants de Christelle est son meilleur ami", s'étrangle Sandra.
"On a l'habitude sur nos routes de rochers et de terre qui tombent sur la route, mais on était à mille lieux de penser qu'un tel drame pouvait survenir", dit Virginie.
Mercredi matin, les étroites routes d'accès au village était encore jonchées de mini-éboulements, avec des pierres et des racines d'arbres arrachés. Mais l'intense épisode de pluies violentes avait cessé.