Des peines allant jusqu'à quinze ans de prison ont été requises, jeudi devant le tribunal correctionnel de Marseille, contre les sept auteurs et complices de la première importation en France de cocaïne à l'aide d'une "torpille" soudée à la coque d'un bateau.
101 kilos de cocaïne avaient été découverts en avril 2013 dans le port de Rotterdam, dissimulés dans une "narcotorpille", un fût d'acier long de trois mètres et de trente centimètres de diamètre, arrimé sous la ligne de flottaison d'un chimiquier néerlandais.
Trois Français, équipés d'un impressionnant matériel de plongée, avaient été interpellés à proximité du navire.
Parmi eux, Lotfi Ben Gadim, 48 ans, chef d'une entreprise de carrelage à Biot (Alpes-Maritimes), a été décrit par la procureure Audrey Jouaneton, comme "un narco James Bond " qui comptait ainsi acquérir ses galons dans le grand banditisme.
Les réquisitions, de 16 mois à 15 ans de prison
Dix ans de prison, dont une mesure de sûreté aux deux tiers, et 300.000 euros d'amende ont été requis contre cet homme que l'accusation place "au sommet de la pyramide".Sept ans de prison et un mandat de dépôt ont été réclamés contre un autre Français arrêté à Rotterdam, Samir Laribi, 30 ans, qui, selon l'accusation, "n'a pas la même étoffe que les autres, mais se retrouve dans le noyau dur opérationnel".
Le troisième homme interpellé en quasi-flagrant délit, Marc Armando s'est pendu dans sa cellule des Baumettes le 3 mai 2013, quelques heures après sa mise en examen.
Cerveau du "casse du siècle" commis à la Banque de France de Toulon en 1992 (163 millions de francs dérobés), le malfaiteur a été dépeint par Audrey Jouaneton comme le "fantôme qui hante ce dossier". "Quand le boss n'est plus là, (les autres prévenus peuvent) se défausser sur lui", a-t-elle affirmé.
La peine la plus lourde (15 ans de prison et 300.000 euros d'amende) a été réclamée contre François Marie-Bérard, un Corse de 56 ans installé à Pereira (Colombie) à la demande de Marc Armando afin d'entretenir le contact avec les narcotrafiquants des cartels colombiens.
Des peines entre 16 mois et 6 ans de prison ont également été requises contre les autres protagonistes de ce dossier.
La procureure a mis l'accent sur la pureté de la drogue saisie (jusqu'à 98,3%) soulignant que ce système de torpille est utilisé par les cartels depuis 2008 et serait efficace dans 90% des cas.
"C'est la première fois en France que nous démantelons un réseau utilisant ce mode de transport"
a précisé la magistrate selon laquelle cette équipe n'en était pas à son coup d'essai, plusieurs d'entre eux ayant été surpris en juin 2012 en train de plonger dans le port pétrolier de Fos-sur-Mer.justice