Roland Povinelli, maire d'Allauch depuis 1975, est décédé d'une crise cardiaque dans la nuit du 11 mai à l'âge de 78 ans. C'est une figure controversée du monde politique des Bouches-du-Rhône qui s'est éteinte.
Infatiguable et pourtant. Rolland Povinelli était maire d'Allauch depuis 1975. Dans cette commune de quelque 20.000 habitants des Bouches-du-Rhône, il briguait un neuvième mandat.
L'élu avait été admis à la clinique de la Casamance il y a quelques jours pour des problèmes de santé récurrents, rapporte La Provence.
Figure d'une politique "à l’ancienne"
Avec un mandat parmi les plus longs de France, 45 ans, le maire Roland Povinelli était une figure politique "à l'ancienne", qui pouvait s'affranchir de beaucoup de règles, comme le souligne le journaliste politique Thierry Bezer.Ses derniers mandats avaient été entachés d'"affaires". En 2015, l'élu a été mis en examen pour abus de confiance, faux, utilisation privative de domaine public et détournement de fonds publics.
En 2019, le journal la Marseillaise révèle dans une enquête des enregistrements entre le maire d'Allauch et un candidat du FN. En jeu, des manoeuvres pour "empêcher le Front national de boucler sa liste" aux municipales de 2014.
Des intrigues politiques qui prennent déjà racines selon le quotidien alors que Roland Povinelli est le suppléant de Bernard Tapie lors des législatives de 1993. On parle alors d'un dessous de table de "100 millions de francs" remis à Jean-Marie Le Pen pour qu'il maintienne sa liste.
Insultes et menaces de mort
En mars 2019, Sylvain Fournier, auteur de cette enquête, fait les frais du caractère Povinelli. Le journaliste porte plainte à la suite d'insultes homophobes et de menaces de mort.Un coup de sang, rien de plus selon l'édile. "Certes, l’échange avec ce journaliste, a été vif, et a pu en heurter certains, mais ceux qui me connaissent savent qu’une de mes particularités est de ne pas pratiquer la langue de bois et d’avoir le verbe haut", se dédouane alors Roland Povinelli.
Un mandat "qui aura marqué l'histoire"
L'heure n'est plus aux "histoires", peu importe la méthode. Sur les réseaux sociaux, ces adversaires rendent hommage à l'homme politique.La présidente du département Martine Vassal évoque un mandat "qui aura marqué l'histoire d'Allauch et de notre territoire pendant près d'un demi-siècle".
Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, souligne "une longévité et une carrière qu'il devait notamment à sa passion pour la vie publique et à ses qualités de meneur d'hommes".Je viens d’apprendre le décès de Roland Povinelli, dont le mandat de maire aura marqué l’histoire d’@allauch et de notre territoire pendant près d’un demi-siècle. J’adresse mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches. pic.twitter.com/gT2HdykOxH
— Martine VASSAL (@MartineVassal) May 11, 2020
"Je me souviens de nos face-à-face engagés et parfois musclés", ajoute-t-il.
Laurent Jacobelli, candidat à la mairie d'Allauch et porte-parole du Rassemblement national, salue un "adversaire politique de caractère"
Tout juste Marie-Arlette Carlotti, conseillère municipale de Marseille, souligne en lui rendant hommage "une personnalité pour le moins complexe"...Le maire d'Allauch, Roland Povinelli nous a quittés aujourd'hui.
— Laurent Jacobelli (@ljacobelli) May 11, 2020
Je présente mes plus sincères condoléances à sa famille et à tous les Allaudiens qui doivent avoir le sentiment aujourd'hui d'avoir perdu un proche.
Ce fût un adversaire politique de caractère. pic.twitter.com/vIHYHJC63Y
En effet Rolland Povinelli avait une personnalité pour le moins complexe mais il a fait beaucoup pour Allauch. Condoléances à sa famille et à ses concitoyens. https://t.co/17OPzy79vB
— M-A Carlotti (@MACarlotti) May 11, 2020
"Il ne laissait personne indifférent"
Lionel De Cala, conseiller municipal d'Allauch et président de Générations Allauch, évoque sa "stature imposante", "son caractère fort que tout le monde lui connaissait", sa voix qui "a accompagné la vie de notre commune pendant près d'un demi-siècle".
Il rappelle ses "combats emblématiques", "contre la création de la métropole, contre certains projets routiers, contre le départ de la brigade de la gendarmerie en 2003".
"S'il a pu nous arriver de nous opposer, je n'ai jamais oublié ce qu'il avait fait pour Allauch, une commune à laquelle il a voué son existence".
Si l'heure est au deuil et qu'il est trop tôt pour évoquer le second tour des élections municipales, Lionel De Cala reconnaît vouloir "perpétuer certains de ses combats".
Povinelli, huit mandats à Allauch
Elu conseiller municipal sur la liste d'Union de la gauche, Roland Povinelli entre en politique à Allauch en 1972.Trois ans plus tard, le 5 octobre 1975, il est élu maire et succède à Jacques Gaillard. Un fauteuil qu'il ne quittera plus jusqu'en 2014.
Le temps a fait son oeuvre et la machine politique Povinelli s'essouffle en 2020. Au premier tour des élections municipales, il n'obtient que 24,27% des suffrages derrière Lionel De Cala, divers droite.
Pour la première fois en 45 ans, le maire d'Allauch arrive en seconde position.
Député suppléant, conseiller, sénateur
En 1988, Roland Povinelli a soif de politique. Maire ne suffit plus. Il est élu député suppléant d'Yves Vidal jusqu'en 1988, puis de Bernard Tapie jusqu'à 1993.
En 1998, son réseau le conduit à la vice-présidence du conseil général des Bouches-du-Rhône. Un poste dont il démissionnera dix ans plus tard, lors de son élection au Sénat.
En 2001, il est élu vice-président de la Communauté urbaine de Marseille Provence Métropole, insitution qui a précédé Aix-Marseille métropole en 2016.
Farouche opposant à la Métropole
Roland Povinelli était connu pour s'être fermement opposé à la création de la métropole Aix-Marseille. Lui voulait garder les compétences de sa commune. Il était notamment monté au créneau au sujet de la propreté."Le jour où on m'expliquera que Marseille est une ville propre, j'applaudirai des deux mains. J'ai été obligé de recruter des nouveaux employés qui passent derrière les éboueurs", commentait-il face à notre caméra en juin 2011.
Autre cheval de bataille, la corrida, qu'il combattait ardemment : "Je ne le dirai jamais assez, les corridas sont des spectacles barbares", avait-il déclaré devant le Conseil constitutionnel en 2012.
L'homme aimait les combats politiques. Il aura mené le sien, jusqu'au bout.