Citoyens, agriculteurs, associations et élus se sont réunis lundi soir à Arles pour une nouvelle étape dans leur combat contre le projet de ligne électrique à Très Haute Tension entre Jonquières-Saint-Vincent (Gard) et Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).
La salle des fêtes d'Arles a fait le plein lundi 9 décembre. Jean-Paul Juglaret, éleveur de moutons à Mas Thibert, est venu s'informer et soutenir la bataille juridique engagée par le collectif "STOP THT". "Ça nous passe devant la propriété, on a peur pour nos animaux, on a les habitations qui sont dans le périmètre du champ magnétique, on tremble, on n’est pas contre la ligne, on propose une alternative et ce serait bien qu’ils nous écoutent".
Alerte rouge et avocats
Riverains, agriculteurs, élus de Camargue, la ligne électrique de 400 000 volts aérienne entre Jonquières et Fos, ils n'en veulent pas. Ils le clament haut et fort depuis des mois. En vain. Le projet suit son cours. Fin septembre, le préfet de région, coordinateur du projet, a validé le Fuseau à Moindre Impact (FMI) proposé par RTE, à l'intérieur duquel sera défini le tracé définitif des 180 pylônes de la ligne THT. En 2025, la Déclaration d'utilité publique sera prononcée.
Face à l'urgence, le collectif lance une "alerte rouge". Il s'offre les services de deux avocats parisiens, spécialisés dans le droit de l'urbanisme pour faire échec au projet. "Nous attendons encore l’organisation d’un débat public indépendant, sous l’égide de la commission nationale du débat public, si nous ne l’avons pas et si la déclaration d’utilité publique est adoptée en 2025 comme annoncé, nous l’attaquerons devant le conseil d’Etat", explique Sébastien Mabile, coordinateur juridique du collectif "STOP THT". L'avocat en droit de l'environnement s'appuie sur un précédent. Le projet de ligne de 400 000 volts entre Boutre (Var) et Carros (Alpes-Maritimes) traversant le site classé des gorges du Verdon, retoqué par le conseil d'Etat en 2006. Une victoire des opposants après 20 ans de lutte acharnée.
"Alternative enterrée oui, saccager non!"
“On veut être écoutés”, renchérit Isabelle Gex, vice-présidente du Collectif Riverains Arles Plaine de La Crau 13, ils n'ont qu’à enterrer cette ligne, techniquement, c'est possible, c’est une question de volonté politique". "Alternative enterrée oui, saccager non", c'est le slogan du collectif.
Le maire d’Arles soutient la fronde, comme les élus locaux impactés par les 65 km du tracé. Patrick de Carolis reconnaît que ce projet est "nécessaire", il souligne même être "favorable à l’industrialisation du territoire et la décarbonation de l’industrie" mais il défend un autre tracé : "on n’est pas contre la ligne, mais pour une ligne adaptée à notre territoire". L'élu de Camargue demande que les parties prenantes du projet se mettent autour de la table pour "discuter du projet qui aura le moindre impact".
Jocelyn Champagnon, chercheur à la Tour du Valat, rappelle que la Camargue est le site français qui compte le plus grand nombre d’espèces recensées. Plus de 400 au total. Des oiseaux qui nichent à l'année, d'autres qui viennent se reproduire, d'autres encore qui ne font que la traverser sur leur route migratoire. Flamand Rose, glaréole à collier, héron pourpré... "Ce sont les espèces les plus grandes qui vont être impactées, il faut savoir qu’avec les lignes à haute tension, le principal problème, c’est la collision, alerte le chercheur.
Le 24 novembre dernier, l'association Nacicca et le centre ornithologique du Gard (CoGard) ont organisé un grand comptage des oiseaux pour recenser les espèces d'oiseaux menacées sur le tracé de la ligne THT, qui doit voir le jour à l'horizon 2028.
Article écrit avec Claire Pain, journaliste à France 3 Provence-Alpes