La FCPE 13, principale association de parents d'élèves, s'inquiète de la santé mentale des lycéens. En 2024, les parents bénévoles ont recensé trois suicides de jeunes dans le seul département des Bouches-du-Rhône.
Des tragédies dont on ne trouve aucune trace dans la presse. En 2024, au moins deux lycéennes et un lycéen ont décidé de se donner la mort dans le département des Bouches-du-Rhône. Deux étaient scolarisés dans un lycée de Salon-de-Provence, l'autre dans un établissement réputé du centre-ville de Marseille, selon la FCPE.
"Ce sont les faits qui nous sont remontés d'établissement où la FCPE est présente, mais il y en a peut-être d'autres dont nous n'avons pas connaissance", précise Christophe Merlino, le président de l'association.
31% des lycéennes ont des pensées suicidaires
Selon une étude de santé publique France publiée en 2024 sur la santé mentale des jeunes, de plus en plus de lycéens déclarent avoir des pensées suicidaires. Lors de l'enquête menée en 2022, 31% des filles et 17% des garçons disent avoir pensé à mettre fin à leurs jours lors de l'année écoulée. Ils sont 13%, tous genres confondus, à être passés à l'acte et fait une tentative de suicide.
Un mal-être qui s'infuse, pas toujours compris par leur entourage. Concernant les trois suicides dont il a eu connaissance, Christophe Merlino explique "des familles sont tombées des nues. Elles n'expliquent pas le geste de leur enfant".
Lui-même père d'un enfant de 16 ans, élève en première, il incrimine une "pression scolaire" de plus en plus forte, alors que les lycéens doivent entrer à partir de ce 15 janvier leurs vœux d'orientation sur la plateforme Parcoursup. " Cette pression d’avoir toujours les meilleurs résultats, cette mise en concurrence malsaine, cette sélection faite par un programme... Ajoutez à cela la crise sanitaire sans précédent que nous avons connue il y a peu… ce package donne des chiffres qui doivent alerter."
Sur son application, la FCPE 13 propose un ensemble de ressources pour aider les parents et les élèves à agir face au mal-être des jeunes.
Manque de moyens
L'association estime que l'éducation nationale manque de moyens pour accompagner les élèves. Selon un rapport de l'éducation nationale publié en 2021, on compte un ou une psychologue pour 1428 élèves. Un autre rapport, financé par la commission européenne, recommande plutôt de mettre un psychologue en face de 1000 élèves.
"On a aussi une infirmière pour 1500 élèves, une assistante sociale pour 2000, un médecin scolaire pour 16 000, dénombre Christophe Merlino. Comment fait-on pour repérer les enfants qui vont mal dans ces conditions ?" Contacté, le rectorat n'a pas répondu à notre demande d'interview.
"Il y a une tradition du "pas de vagues" dans l’éducation nationale. Si la FCPE ne dénonce pas ces drames, personne n’est au courant", déplore Christophe Merlino, qui demande plus de moyens pour les métiers médico-sociaux dans l'éducation nationale.