Cargo saoudien à Marseille : l'armateur dément toute livraison d'armes au Yémen

Entré au port de Marseille-Fos mardi, le cargo Bahri Tabuk devait y charger des munitions de canons français à destination de l'Arabie saoudite, seon une information du média indépendant Disclose. Des affirmations vivement démenties par l'armateur du navire et le syndicat CGT des dockers.

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C'est une polémique qui ne finit pas d'enfler... Celle d'un supposé chargement d'armes au port de Marseille Fos, à destination d'Arabie Saoudite, pour servir la guerre au Yémen.

Une passe d'armes entre médias et partis politiques à l'Assemblée nationale qui rebondit aussi à Marseille. Le syndicat CGT Dockers dément fermement l'information dans un communiqué : "Les ouvriers dockers CGT du Golfe de Fos ne chargeront aucune arme, aucune munition pour quelle guerre que ce soit".

Contacté par téléphone Laurent Pastor, secrétaire général CGT des dockers de Fos parle de rumeurs en ce qui concerne les révélations du média Disclose.

"Nous avons demandé au consignataire et au fournisseur, des documents officiels qui attestent que nous chargerons du matériel civil, destiné aux civils, et en aucun cas du matériel militaire".

"Nous n'embarqueront jamais d'armes destinés à tuer des civils", s'agace Laurent Pastor, qui assure que le syndicat fera toutes les vérifications possibles.

Les informations sur un chargement d'armes ou d'explosifs sont complètement bidons.

Ll'armateur monte aussi au créneau et dénonce une fake news: "Le navire va charger demain (mercredi), pour le compte de (l'entreprise allemande) Siemens, des stations mobile d'électricité à usage civil, et cela représente 100% de sa marchandise". 

"Les informations sur un chargement d'armes ou d'explosifs sont complètement bidons", a affirmé ce représentant en France de la société Shipping Agency Service, qui représente en France l'armateur saoudien Bahri.

Retour sur un mois de révélations

Radio France et le média Disclose avaient révélé en avril dernier la vente d'armes françaises à l'Arabie Saoudite et aux Emirats Arabes Unis. Selon leurs révélations, ces armes étaient destinées à servir lors du conflit au Yémen.

Ces divulgations avaient embarrassé le gouvernement, qui affirmait jusque-là qu'aucune arme française n'était utilisée dans cette guerre.

Les armes de la discorde

La ministre de la défense Florence Parly avait finalement reconnu le 8 mai qu'un chargement d'armes était prévu au Havre le 28 avril, sur un cargo saoudien. Une annonce qui avait provoqué le soulèvement d'associations et de partis politiques anti-armes.

Plusieurs manifestations ont été organisées dans le port du Havre, et un blocage a été annoncé pour empêcher la livraison. 

Le gouvernement avait néanmoins décidé de poursuivre cette livraison. Mais une fois au Havre, le bateau s'est retrouvé bloqué et a dû écourter son escale. C'est donc par Marseille qu'il devait essayer d'opérer la transaction, selon diverses sources.

 

Un chargement qui fait aussi la polémique à Marseille

Alors que le cargo Bahri Tabuk devait accoster dans le port de Fos-Marseille mardi dans la journée, les réactions politiques alimentées par ces rumeurs, se sont multipliées dans la cité phocéenne. 

Dans un communiqué, Samia Ghali, sénatrice des Bouches-du-Rhône, a dénoncé "l’opacité liée à la destination et à l’utilisation de ces armes par l’Arabie Saoudite (qui) doit engager la France à la plus grande précaution"et demandait "un moratoire sur la livraison d’armes en direction des pays de l’Arabie Saoudite". 

De son côté, Jean-Luc Mélenchon, président du groupe La France Insoumise et député des Bouches-du-Rhône, a accusé la France d'être "complice des exactions commises dans le conflit au Yémen qui a généré, selon l’ONU, la « pire crise humanitaire au monde »".

Dans un communiqué, Amnesty International a appelé mardi la France à bloquer le départ de ce "bateau de la honte" pour l'Arabie saoudite, son chargement pouvant
servir pour des "crimes de guerre" commis par les forces armées saoudiennes au Yémen. 

Séance houleuse à l'Assemblée Nationale

Dans l'après-midi, Florence Parly, la ministre des Armées a été interpellée sur ces munitions fabriquées par une filiale du groupe Nexter à l'Assemblée Nationale.

"Nous sommes en train de vérifier", a-t-elle déclaré. "Et quand bien même ce serait le cas, cela serait-il étonnant ? Non, car nous avons un partenariat avec l'Arabie Saoudite" a-t-elle poursuivi dans une ambiance houleuse, interrompue par un "vous mentez!" de François Ruffin, député de la France Insoumise.

Cette nouvelle livraison, si elle est confirmée, relance le débat sur les ventes d'armes françaises à l'Arabie Saoudite, à la tête d'une coalition qui intervient depuis 2015 au Yémen contre les rebelles houthis soutenus par l'Iran. 

Cette "sale guerre", selon la formule même des autorités françaises, a fait depuis 2015 des dizaines de milliers de morts et a entraîné l'une des pires crises humanitaires au monde, selon l'ONU.
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