"Le risque c'est la stérilité", la liposuccion du cou, cette pratique prônée par des influenceuses qui inquiète

Lift coréen, BBL, lemon bottle... un nouveau vocabulaire à la mode. Le principal syndicat national de chirurgie plastique et esthétique va déposer plainte contre des influenceuses qui pratiquent des actes de chirurgie esthétique sans diplôme, en attirant leurs clientes sur les réseaux sociaux.

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Faire disparaître un double menton disgracieux d’un coup de baguette magique, c’est la promesse du lift coréen, la nouvelle tendance esthétique de liposuccion du cou, qui inonde les réseaux sociaux. Les vidéos fleurissent sur TikTok et Instagram. Au point d’alerter le syndicat national de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique qui a décidé de porter plainte "pour exercice illégal de la médecine".

Un risque mortel

"Le lifting coréen, c’est une liposuccion abusive", alerte le docteur Christophe Desouches, praticien marseillais, membre du bureau du SNCPRE, rappelant qu'il s'agit d'un "acte chirurgical". "Le cou n’est pas une zone anodine, il y a d’énormes vaisseaux qui vont vasculariser le cerveau et quand on fait une brèche, il peut y avoir un hématome qui peut être cataclysmique avec un risque vital engagé, quand c’est fait dans des endroits inappropriés, le risque devient forcément mortel", précise-t-il.

Après “les injections d’acide hyaluronique, qui étaient déjà illégales, on passe à une étape supérieure et on se demande où ça va s’arrêter. C’est plus qu’inquiétant, c’est effrayant”, estime le Dr Desouches.

Des influenceuses "expertes en dissolution de la graisse"

Big beauty, Lips for kiss, Lemon Bottle Paris… Derrière ces comptes aux noms évocateurs se cachent des influenceuses aux milliers d’abonnées, expertes auto-proclamées "en dissolution de la graisse", qui promettent la beauté "en toute sécurité" et à petits prix. Certaines se disent "formées par des chirurgiens étrangers", d’autres titulaires d'un "DUTIC", Diplôme en technique d’injection et de complément en chirurgie". D'autres encore s’affichent "médecins experts aux dernières techniques esthétiques". 

Prise de rendez-vous en MP

Pas de nom, pas de téléphone, pas d’adresse. Les prises de rendez-vous se prennent par message privé ou via Whatsapp. 

"Elles font de l’itinérance, elles marquent sur leur compte Instagram : 'demain, je suis à Toulouse, après-demain, je suis à Marseille', et ça se fait dans des chambres d’hôtel, comme elles le font pour les injections d’acide hyaluronique". 

L’offre ne se limite pas au lift coréen. Les fausses patriciennes proposent aussi BBL (Brazilian Butt Lift), l’augmentation des fesses, le Lemon Bottle, qui élimine les graisses et même l’hyaluronidase, qui consiste en gros à rattraper les ratages…. Mais ce n’est pas le ratage qui devrait le plus inquiéter. 

Le Lemon Bottle, ce fameux brûleur de graisses est interdit en France depuis 2011, en raison de ses nombreuses complications. Les produits utilisés sont donc achetés à l’étranger, de façon frauduleuse et intraçable, note le Dr Desouches. 

Le risque le plus inquiétant, c’est surtout le problème de stérilité. Il peut y avoir des infections directes liées à l’utilisation de ces produits sans aucune stérilité, mais il y a infections avec les virus hépatite C ou VIH.

Christophe Desouches, chirurgien esthétique, membre du bureau SNCPRE

France 3 Provence-Alpes

"Ça ne se voit pas et quand les canules ne sont pas stérilisées ou mal stérilisées, les infections peuvent se propager de patients en patients, il peut y avoir 15, 20, 30 infections provoquées par une seule personne", s'inquiète le praticien.

Les signalements en nette hausse

Des parlementaires s’alarment, eux aussi, de ces dérives. Dans l'Express qui a révélé l'inquiétant essor de ces "faux chirurgiens esthétiques", la sénatrice de Paris Anne Souyris a annoncé saisir la procureure de Paris. 

Le député Insoumis du Calvados, Arthur Delaporte, a demandé quant à lui au gouvernement de lutter contre la promotion illégale de ces pratiques à visée esthétiques sur les réseaux sociaux.

Toute cette "publicité" n’a pas échappé aux intéressées. Sur les réseaux sociaux, les instagrameuses ont perçu la menace, et dans la journée, des expertes en dissolution de graisse ont retiré leurs vidéos de lift coréen et passé leur compte en mode privé.

Les signalements d'actes médicaux à visée esthétique illégaux ont explosé en France, selon l'Ordre des médecins, qui a reçu 128 en 2024, contre 62 en 2022.

>>> Pour toute personne victime, il est conseillé de porter plainte et de prendre contact avec le SNCPRE Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique au 07 67 14 73 37 ou par mail : contact@sncpre.org

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