Après plusieurs mois de tensions, notamment avec les régions Paca et Auvergne-Rhône-Alpes, le sextuple champion olympique renonce à se porter candidat à la présidence du comité d'organisation des JO-2030 dans les Alpes françaises, qui sera créé le 18 février prochain.
Le "Tony Estanguet des montagnes" jette l'éponge. A quinze jours de la création du comité d'organisation des JO-2030, le sextuple champion olympique de biathlon Martin Fourcade a annoncé qu'il ne sera pas candidat à la présidence, "pour ne pas sacrifier" ses "convictions". Resté jusqu'ici en coulisses de l'organisation de la grande fête des Alpes 2030, "les désaccords" ont éclaté au grand jour ce lundi 3 février. Les raisons de cette décision, les réactions, les conséquences, France 3 Provence-Alpes vous détaille ce qu'il faut savoir de cette affaire.
Fourcade évoque des désaccords "trop nombreux"
Favori pour présider le Comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques (COJOP), Martin Fourcade qu'Emmanuel Macron avait qualifié de "Tony Estanguet des montagnes", a annoncé le retrait de sa candidature dans un courriel adressé lundi aux promoteurs d'Alpes 2030.
"Les désaccords restent trop nombreux pour pouvoir envisager sereinement cette mission. Le mode de gouvernance, la vision, l’ancrage territorial : nous n’avons pas réussi à nous retrouver sur ces sujets fondateurs", écrit l'ancien biathlète de 36 ans à l’adresse des régions Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) et Provence-Alpes-Côte d’Azur, les deux collectivités concernées par les sites olympiques dans les Alpes, ainsi qu’à l’Etat et aux représentants du mouvement sportif.
"Dans ces conditions, j’ai pris la difficile décision de me retirer des discussions autour de la présidence des Jeux d’hiver de 2030", ajoute-t-il.
Je ne peux me résoudre à sacrifier mes convictions.
Martin Fourcade
"Mon ambition pour ces Jeux est claire : ils doivent être en phase avec leur époque, pleinement conscients des enjeux écologiques et ancrés dans la réalité économique de notre pays", explique encore l'ex-champion, connu pour sa préoccupation pour l'environnement et qui sait que les Jeux d'hiver sont confrontés à un péril existentiel en raison du réchauffement de la planète.
Depuis que Martin Fourcade avait fait acte de candidature, dans un entretien à L’Equipe, fin octobre 2024, le biathlète ne faisait pas l’unanimité auprès des différents acteurs des Alpes 2030, même s'il avait le soutien du mouvement sportif et de l'Etat. "Ça a chauffé sur pas mal de questions de gouvernance qui étaient liées pas tant à l'intitulé du poste, mais plus à la latitude et à l'autonomie du comité d'organisation", a fait savoir lundi son entourage. Une autonomie réduite selon lui.
"Un bol d'oxygène" pour Renaud Muselier
Le président de la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur n'a pas fait mystère de son soulagement. "Paradoxalement, une situation qui était considérée comme un coup de froid avec son départ est en fait un bol d'oxygène", a déclaré à l'AFP Renaud Muselier, pour qui Martin Fourcade "est un sportif de très haut niveau, mais c'est un solitaire, qui ne peut pas travailler en collectif". "Tout le monde autour de la table était très désagréablement surpris de ce qu'il a fait", a-t-il ajouté, estimant que "ce garçon nous promène depuis le départ" en multipliant les "conditions".
"Il connaît le projet par cœur et nous prétexter maintenant que Lyon, ça ne lui plaît pas, pour partir, alors que ça a été validé dans le bureau du Premier ministre il y a deux mois, c'est pas sérieux!", s'est agacé Renaud Muselier, en référence à une demande de Martin Fourcade de ne pas installer le siège du Cojo dans cette ville, trop distante d'Annecy où il réside, en Haute-Savoie.
Les détracteurs de Martin Fourcade mettent en avant des prétentions salariales trop élevées et des contrats de parrainage susceptibles de faire naître des conflits d'intérêts. La dernière grande réunion préparatoire qui s'est tenue à Matignon en novembre avait d'ailleurs débouché sur la saisine de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui n'a pas encore rendu son avis.
Le Comité olympique et la ministre des Sports prennent acte
Dans un communiqué commun, les régions Paca (Provence-Alpes-Côte-d'Azur) et Aura (Auvergne-Rhône-Alpes), le comité olympique et le comité paralympique français ont pour leur part regretté la décision de l'ex-biathlète. "Alors même que tous les avis semblaient converger pour le porter à la présidence du COJOP, pour des raisons personnelles et nous les respectons, il ne souhaite pas aller plus loin. Il contribuera sans nul doute au succès du projet qu'il a lui-même participé à écrire", ont indiqué les institutions.
[#AlpesFrancaises2030]
— FranceOlympique (@FranceOlympique) February 3, 2025
Les parties prenantes de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver des Alpes Françaises 2030 ont pris acte de la décision de Martin Fourcade ⬇️
"Je pense évidemment, comme beaucoup, que Martin Fourcade aurait fait un excellent président, mais nous devons respecter sa décision. La présidence d’un Cojop est une fonction qui demande un investissement personnel et professionnel exceptionnel", a pour sa part réagi la ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative, Marie Barsacq.
Jay, Martinod, Grospiron... qui pour présider le COJOP ?
Ce départ ne change pas le calendrier prévisionnel. La création du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver est prévue pour le 18 février. Le nom du biathlète Vincent Jay, double médaillé olympique à Vancouver en 2010, qui a travaillé à la candidature pour la région AURA, revient par les candidats potentiels du futur COJOP.
Egalement citée depuis octobre dernier dans la "short list" des candidats à la présidence, Marie Martinod, l'ex-skieuse acrobatique française, double médaillée olympique, est-elle toujours dans la course ? "Je n'ai jamais été candidate, mais je reste disponible," a-t-elle confié au Dauphiné, qui affirme cependant que ni Vincent Jay, ni Marie Martinod ne seraient désormais dans les plans de jeu pour présider le COJOP.
Renaud Muselier a affirmé à l'AFP qu'"il y a des pistes qui s'ouvrent", avec de nouveaux "noms qui disent 'jusqu'ici, on ne voulait pas créer de difficultés entre athlètes". Le Dauphiné avance ainsi un nouveau nom, celui d'Edgar Grospiron.
🚨 Info Ski Chrono / Edgar Grospiron contacté, il est l'une des nouvelles options pour le poste de président du comité d'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques d'Alpes Françaises 2030.https://t.co/75ro7ZCTTV
— Ski Chrono (@Ski_Chrono) February 3, 2025
L'ancien champion olympique de bosses lors des Jeux d’Albertville en 1992, âgé de 55 ans, a confirmé à nos confrères du quotidien régional avoir été approché. "J’étudie les éléments et les conditions de ce dossier et je rendrai une décision d’ici le 18 février", leur a-t-il confié. Ce serait même le nouveau favori selon RMC.