Quatre-vingt-sept hôpitaux publics ont activé le plan blanc face à l’épidémie de grippe. Le syndicat Sud Santé à Marseille dénonce son usage excessif, qui masque les problèmes structurels de l’hôpital public, tels que la pénurie de personnel et le sous-financement.
En France, 87 hôpitaux publics ont déclenché le plan blanc pour faire face à l’épidémie de grippe qui sévit actuellement. Ce plan blanc permet notamment de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés. Pour le syndicat Sud Santé à Marseille, il est devenu "un outil de gestion ordinaire dans les hôpitaux" et alerte ce samedi 11 janvier sur son utilisation abusive.
"L’hôpital suffoque, il est en PLS”
"Le plan blanc, c’est l’arme ultime dans une situation de crise. Là, il est systématiquement activé pour des situations qui reflètent simplement le dysfonctionnement structurel de l’hôpital public", s’insurge Kader Benayed, secrétaire général Sud Santé à Marseille. "Par exemple pour pallier le manque de lits ou de personnel, alors que ces problèmes sont chroniques et prévisibles". Pour illustrer ses propos, il compare l’usage du plan blanc en cas d’épidémie, "comme le recours du bazooka pour tuer un cafard".
Il dénonce la gestion des épidémies, comme la grippe ou la bronchiolite, par le gouvernement. "Les politiques disent qu’on est prêts à absorber les vagues épidémiques, que les professionnels sont sur le pont, mais ce n’est pas vrai. L’hôpital suffoque, il est en PLS”, assure-t-il. Kader Benayed dénonce le fait que, chaque année, les plans blancs sont activés pour gérer l’épidémie de grippe, "faute d’avoir anticipé les besoins en renforts".
Ce détournement du dispositif masque les véritables problèmes : sous-financement, dégradation des conditions de travail et pénurie de soignants.
Kader Benayed, secrétaire général Sud Santé 13
"Les présents d’aujourd’hui sont les absents de demain”
Vacances, burn-out, accident de travail, les raisons des absences du personnel soignant sont multiples. Mais cela entraîne un taux d’absentéisme jamais vu par le syndicat Sud Santé. Et le manque de personnel n’est pas sans conséquence. "D’avoir des professionnels usés, c’est dangereux pour le soin. La charge est trop lourde et les présents d’aujourd’hui sont les absents de demain", lâche Kader Benayed. Il ajoute que le manque d’effectif entraîne des situations de violence envers les soignants, généré par l’attente accumulée aux urgences. "Je vous déconseille de tomber malade le week-end ou le soir, vous allez attendre des heures aux urgences", fustige-t-il. "Ce n’est pas possible, dans la 5ᵉ puissance mondiale, de ne pas pouvoir se faire soigner".
Il regrette que le plan blanc soit devenu une réponse à court terme à une crise permanente. Pour se sortir de cette crise, le syndicat Sud Santé estime qu’il est nécessaire de redonner une attractivité à l’hôpital public, en valorisant le personnel soignant et en sanctuarisant à nouveau les moyens, notamment avec la mise en place de zone de santé prioritaire. "Là où il y a une volonté, il y a un chemin. Il faut redonner les moyens. Le personnel, on peut le trouver, mais il faut le traiter de manière digne", souligne-t-il. Pour conclure, le syndicaliste insiste sur le fait que le plan blanc n’est pas fait pour réparer un hôpital en ruine. "Quand le plan blanc devient la norme, c’est que l’hôpital public perd sa forme".