Narcotrafic. Parcours, jeunesse, retour en France, Yoda : les quatre choses à savoir sur Felix Bingui dit "Le chat"

Interpellé en cavale au Maroc en mars dernier, Félix Bingui dit "Le chat", le chef présumé du clan Yoda, un des principaux gangs de narcotrafiquants de Marseille, est en cours d'extradition pour être jugé en France.

Il a échappé aux mailles des filets de la police pendant des années, mais il sera bientôt incarcéré en France. Félix Bingui, chef d'un des clans du narcotrafic marseillais responsable de dizaines de règlements de comptes des dernières années, sera très prochainement extradé du Maroc, où il a été arrêté en mars dernier. Son retour devrait avoir lieu mercredi. Il pourrait être transféré par voie aérienne en direction de Roissy-Charles-de-Gaulle sous haute escorte, affirme Le Parisien. France 3 Provence-Alpes vous détaille quatre choses à savoir sur "Le chat".

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Il attend son extradition depuis mars

La cavale de l'insaisissable "Chat" a fini le 8 mars 2024. Le Franco-marocain de 34 ans a été interpellé à Casablanca, au Maroc, d'où il gérait son réseau. Félix Bingui faisait l'objet d'une notice rouge d'Interpol dans le cadre d'un mandat d'arrêt lancé à l'été 2023 par un juge d'instruction marseillais, notamment, pour importation de stupéfiants en bande organisée, association de malfaiteurs, blanchiment et non justification de ressources. 

Son arrestation a été présentée par Gérald Darmanin, alors ministre de l'Intérieur, comme un coup majeur porté au narcotrafic. Dès sa nomination place Vendôme, le Garde des Sceaux a œuvré à son retour en France pour qu'il y soit jugé. Il a remercié "très sincèrement" les autorités marocaines d'avoir enclenché le processus d'extradition. 

Quant à Felix Bingui, "il a accepté son extradition pour des faits de drogue et entend revenir en France le plus rapidement possible pour se défendre", selon son avocat, Me Philippe Ohayon. 

Il fait ses armes dans le banditisme  

Né le 14 décembre 1990 à Ales, dans le Gard, Félix Bingui est venu fait carrière dans le banditisme marseillais après avoir fait ses gammes dans les vols et cambriolages Montpellier.

Meurtre, violences aggravées, association de malfaiteurs, détention d'armes, menaces de mort, outrage, vol, contrefaçon et divers délits routiers... le casier judiciaire Bingui se remplit au fil de son parcours, selon une source policière citée par franceinfo.

À Marseille, il fait ses premières armes dans le centre-ville avec l'équipe des Carmes. Il est condamné à trois ans de prison pour "association de malfaiteurs et trafic d'armes" en 2017. Deux ans plus tard, il écope de cinq ans de prison ferme pour avoir imaginé l'évasion d'un parrain corse de la maison d'arrêt d'Aix-Luynes, comme le rapporte alors La Provence.

Il devient l'un des plus puissants narcotrafiquants

"Doucement, il a glissé vers le trafic de stupéfiants et les règlements de comptes", selon Bruno Bartocetti, de l'Unité SGP Police. Surnommé "Le Chat" pour son agilité, le jeune homme gravit les échelons du narcotrafic local, jusqu'à s'imposer comme le chef d'une des plus puissantes organisations criminelles marseillaises, "Yoda", référence à la saga Stars Wars, qui marque le territoire du gang à La Paternelle.

Pour ses affaires, "Le Chat" se déplace beaucoup, il effectue des allers-retours réguliers entre Marseille et le Maroc, mais aussi en Espagne, à Dubaï et en Thaïlande, jusqu'au déclenchement de la guerre sanglante avec le clan rival de la DZ Mafia. 

Il fait la guerre à la DZ Mafia

Au cœur de la guerre entre Yoda et la DZ Mafia, il y a les juteux points de deal des cités marseillaises. Certains, comme "La Fontaine" à La Paternelle, peuvent rapporter jusqu'à 80 000 euros de recettes par jour. Pendant longtemps, les deux clans travaillent "en bonne intelligence", note Rudy Manna, du syndicat Alliance Police, se partageant le gâteau dans les quartiers nord. Mais la concurrence se tend et la cohabitation vole en éclat en février 2023, après une dispute entre Félix Bingui et Mehdi Laribi, dit "Le Tic", dans une boîte de nuit en Thaïlande, à plus de 9 000 km de Marseille.

Leur rivalité se cristallise à la cité de La Paternelle, un point stratégique de la vente de cannabis, dans le 14ᵉ arrondissement, théâtre de violents règlements de comptes à la Kalach. La vendetta s'exporte hors de la région et au-delà des frontières, jusqu'en Espagne. Le 3 mai 2023, deux Marseillais, dont le beau-frère de Félix Bingui, sont abattus à la Kalachnikov, à Salou, en Catalogne.

Les réseaux criminels recrutent des tueurs à gages, des "baby killers", parfois mineurs. Au total, 49 narchomicides sont comptabilisés sur l'année 2023, dont 39 imputés à la guerre Yoda-DZ, "un niveau historiquement jamais atteint" selon le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone.