Après le chantier de Notre-Dame-de-Paris, celui de Notre-Dame de la Garde à Marseille débutera en février 2025. Cette rénovation historique utilisera des techniques inédites, imposant à la Bonne Mère de se dérober au regard des Marseillais durant deux mois.
Alors que le chantier de Notre-Dame-de-Paris s’achève, celui de Notre-Dame-de-la-Garde doit, à son tour, débuter en février 2025. Plus d'un million d'euros - sur les 2,8 millions nécessaires à la rénovation - ont été récoltés, permettant au diocèse de Marseille d'annoncer le lancement de la nouvelle dorure de la statue mariale et de la restauration du campanile.
🌟 L'Église de Marseille lance un chantier historique pour redorer la statue de Notre-Dame de la Gardehttps://t.co/pdFPezYgYr
— Vatican News (@vaticannews_fr) May 16, 2024
Un chantier "historique", selon le Père Olivier Spinosa, recteur de la basilique, qui précise que cette fois, "pour cette dame de plus de 150 ans, on va penser la restauration de manière holistique", en intégrant l’intérieur de la statue et surtout le socle, ainsi que les pierres qui se trouvent à l'intérieur. Et ce, grâce à des techniques innovantes qui n'existaient pas en 1989, lors de sa dernière rénovation.
Au pied de la Vierge
L’architecte Xavier David, qui va coordonner ce chantier, est un spécialiste de la basilique, dont il est aux petits soins depuis vingt ans. Ce professionnel qui a déjà piloté par le passé deux tranches de travaux, des façades jusqu’à l’intérieur de l'édifice, s'était "arrêté à la terrasse des Anges, au pied de la Vierge".
Il explique qu'aujourd’hui, les avancées techniques et scientifiques permettent d'établir des diagnostics plus précis de l'état de conservation de la pierre, du métal, de la dorure, de l'anticorrosion et d'"accomplir un travail plus complet et plus pérenne", à l’intérieur comme à l'extérieur de la Vierge. Il s'agira également de "contrôler son ancrage sur le campanile en pierre".
J'ai le bonheur de participer à la restauration de la statue proprement dite, qui est au plus haut, au plus important, au plus symbolique.
Xavier David, architecteFrance 3 Provence-Alpes
Les diagnostics ont ainsi révélé, qu'à l'intérieur, la pierre est très endommagée. "On va la réparer par une technique qui était embryonnaire au début des années 2000, devenue aujourd’hui vraiment performante : la bio consolidation, qui reconstitue la pierre en la nourrissant de bactéries".
Afin d'effectuer ce chantier, quatre entreprises d'un savoir-faire recherché ont été désignées par appels d’offres, parmi lesquelles l'atelier Gohard, spécialiste de la dorure monumentale "connu dans le monde entier, des États-Unis au Moyen-Orient", explique Xavier David, "il y a très peu de professionnels aptes à réaliser ce type de prestation".
Une logistique monumentale
Ce chantier d'exception va nécessiter une logistique particulière, dont un échafaudage, "très délicat parce que très exposé au vent", qui doit permettre d'accéder au sommet du clocher et jusqu'à la couronne de la Vierge.
Par ailleurs, un élévateur gigantesque longera ce chantier vertical, du clocher jusqu'au sommet, pour acheminer matériels et matériaux et transporter les ouvriers, "parce que s'ils devaient tous les matins monter par l'intérieur dans la basilique, emprunter à pied les escaliers dans la basilique, puis dans le clocher, dans la statue, ils en auraient pour vingt minutes, une demi-heure !", rappelle Xavier David.
Le calendrier des travaux est extrêmement précis et ne devrait connaître aucun retard. Seule légère ombre au tableau, le chantier pourrait être interrompu en cas de menace de foudre, indique l'architecte, qui précise qu'"un échafaudage comme celui-ci est relié à Météo foudre et chaque fois qu'il y a une alerte, tout le monde redescend".
La Bonne Mère emballée ne sera pas visible cet été
La Vierge sera ensuite emballée dans une bâche blanche thermo-soudée pour permettre aux spécialistes de "travailler hors pollution, en atmosphère confinée", comme le détaille l'architecte.
"La pollution, c'est d'abord le vent avec de la poussière, le mistral qui arrache des embruns et projette des gouttelettes d'eau, la pollution de la ville, et quand vous appliquez la feuille d'or, il est bien plus sérieux de le faire en atmosphère stérile".
Afin de respecter les conditions de températures idéales pour la dorure, cette opération se déroulera à la fin de l'été, d'août à septembre, deux mois durant lesquels la Bonne Mère disparaîtra sous sa bâche, se soustrayant au regard des Marseillais pour revenir plus éclatante que jamais sous le soleil de l'automne.
Mais le père Spinosa se veut rassurant pour ses fidèles : durant les travaux, pas de bouleversement des offices pour autant, "ce sont les travaux qui vont s'adapter et non pas les célébrations, parce que c'est toujours la prière qui est la plus importante".
Le recteur de la basilique appelle de ses vœux une inauguration de Notre-Dame de la garde le 8 décembre 2025, un an tout juste après la réouverture de Notre-Dame de Paris. Tout un symbole.