Parcoursup. "On se tue pour avoir le meilleur dossier", une étudiante dénonce le manque de considération du statut de sportif de haut niveau

Le casse-tête et le stress de Parcoursup va bientôt reprendre pour les lycéens. Le 15 janvier, la phase d'inscription s'ouvre, pour formuler ses premiers vœux. En mai dernier, Lucie, 18 ans, tombe des nues lorsqu'elle se voit 96ᵉ sur liste d'attente pour entrer en Staps, malgré 19 h 30 de sport par semaine.

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Le 15 janvier, vous entrez dans la première phase de Parcoursup, celle de l’inscription et de la formulation des vœux. Cette période s’étend jusqu’au 13 mars. Lucie, comme de nombreux autres élèves, s'est retrouvée dans une incompréhension totale. Elle profite de cette période pour dénoncer l’absence de prise en considération son statut de sportive de haut niveau.

Frustration, colère et injustice

À l’âge de 12 ans, elle quitte son village provençal pour rejoindre le pôle espoir karaté en Vendée. Pour éviter l’internat, ses grands-parents l’accompagnent et décident de louer une maison. En plus de sa scolarité, Lucie enchaîne les entraînements tous les soirs, sans compter les week-ends de compétition. Depuis la 5ᵉ, où elle décide de partir d’Auriol et se consacrer au sport, elle a pour seul objectif la licence Staps (Licence de sciences et techniques des activités physiques et sportives). Lorsqu’elle s’inscrit sur Parcoursup, elle en est intimement convaincue, ses sacrifices vont payer et elle va être acceptée.

Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle apprend, en juin dernier, qu’elle est 96ᵉ sur liste d’attente à l’université de Marseille. "Comment je peux me retrouver sur liste d’attente en pratiquant 19h30 de sport par semaine, sans compter les week-ends ?", se demande la jeune fille, alors âgée de 17 ans. L’incompréhension, la frustration et l’injustice s’emparent d’elle. "J’ai optimisé toutes mes chances d’être prise en Staps pour devenir professeur d’EPS. J’ai passé mon Bafa et mon PSC1, j’ai choisi les bonnes spé… pour avoir ce résultat, se souvient-elle, encore en colère."

Ça fait mal. C’est beaucoup de sacrifices. On se tue à faire le meilleur dossier possible.

Lucie, étudiante en Staps à Marseille

"Je révisais en kimono dans la voiture"

Rapidement, elle se renseigne autour d’elle, auprès de ceux qui ont été acceptés, pour tenter de comprendre. L’injustice ne fait que grandir lorsqu’elle constate que certains camarades ont été admis, car ils ont une très bonne moyenne, mais ne pratique pas ou très peu de sport. "En sport étude, on a une charge mentale supplémentaire, insiste Lucie avant d’illustrer ses propos. Après une compétition en Irlande, j’ai eu un bac blanc le lundi. J’ai eu mon bac avec mention, alors que deux jours avant, j'étais en compétition à l’étranger. Les professeurs ne prennent pas en considération que nous avons des performances à faire."

Je révisais en kimono dans la voiture. Ce n’est pas être sur un bureau avec une lumière. Mais on ne peut pas se plaindre, car c’est un choix.

Lucie, étudiante en Staps à Marseille

Dès le deuxième jour, elle passe 66ᵉ sur liste d’attente, avant d’être finalement admise après trois jours d’angoisse et de pleurs. Elle regrette que pour aller en Staps, la moyenne générale compte davantage que la pratique sportive et que les sacrifices de coordonner la scolarité et le statut de sportif de haut niveau ne soit pas reconnu dans la sélection de Parcoursup. Six mois après la rentrée, Lucie "se régale". "J'ai tout fait pour être là aujourd'hui", se réjouit la jeune femme qui coordonne avec brio sport et étude. 

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