La fondation "Le refuge" à Marseille a inauguré ce mardi 21 janvier à Marseille deux appartements pour héberger des jeunes LGBTQIA+ sans domicile, souvent menacés ou chassés du domicile familial. Ascan est l'un d'entre eux.
"La cohabitation était devenue invivable". Ascan, 22 ans dit n'avoir pas eu d'autre choix que de quitter le domicile familial. Assis dans l'une des chambres que la Fondation Le Refuge met à disposition des jeunes LBTQIA+ à Marseille, il raconte les conséquences de son "coming-out", l'annonce à ses parents de sa transidentité.
Assigné fille à la naissance, il leur annonce que son identité de genre est différente. Il souhaite qu'on le désigne par le pronom "il", et qu'on l'appelle par un prénom qu'il a choisi, Ascan. "Ça s'est très mal passé", résume-t-il pudiquement. "Il y avait de nombreux conflits et des sujets tabous".
Une transidentité pas acceptée par la famille
"Je ne pouvais pas être moi-même ni m’exprimer librement. Mon style vestimentaire, jugé trop masculin, était souvent critiqué. Ma transition, mon traitement hormonal, ainsi que mon changement de prénom étaient totalement rejetés. J'étais désigné par le pronom elle, ce qui me faisait énormément souffrir."
Sa santé mentale se dégrade. Ascan se tourne alors vers une conseillère de la mission locale. "Elle m’a expliqué qu’il était possible de faire une demande d’hébergement et de bénéficier d’un accompagnement complet, tant sur le plan administratif que psychologique."
Présente partout en France, la Fondation Le Refuge héberge et accompagne les jeunes LGBT+, âgés de 14 à 25 ans, rejetés par leurs parents, chassés du domicile familial, parce qu’ils sont homosexuels ou trans ou en questionnement identitaire.
Reconstruction psychologique et insertion sociale
À Marseille, deux appartements pouvant héberger cinq jeunes supplémentaires ont été inaugurés mardi. Un toit, comme point de départ d'une nouvelle vie.
"Ils signent un contrat d'hébergement et d'accompagnement avec notre fondation, trois mois renouvelable. Ils ont accès à une équipe de travailleurs et travailleuses sociales", explique Grégory Bernard, chef de service à la fondation le refuge 13. "Ils travaillent à leur insertion sociale, à leur reconstruction psychologique, pour aller vers un logement autonome et trouver un emploi."
"Avoir un endroit où se sentir en sécurité permet de s’épanouir et de gagner en indépendance. On se sent moins seul, et cela ouvre la possibilité de penser à l’avenir", confirme Ascan. Il regarde désormais vers l'avenir.
Il a réalisé les démarches administratives pour changer de prénom à l'état civil. Et aujourd'hui, Ascan sait qu'il peut compter sur ses amis. Sa famille choisie. "Lorsque je vivais encore chez mes parents, j’étais constamment en mode survie. Maintenant, je me projette dans le futur. "
Article rédigé avec Pauline Guigou, journaliste à France 3 Paca.