Témoignage. "Quand je n'ai pas de message, ça me manque", elle raconte le piège de l'escroquerie sentimentale sur les réseaux sociaux

Publié le Mis à jour le Écrit par Alexandra Huctin

Clara, qui a changé son prénom pour nous parler, a rencontré un militaire sur les réseaux sociaux. Elle aurait pu tomber vite dans le piège et donner beaucoup d'argent, mais le bon sens et son entourage lui ont permis d'éviter le pire.

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Son amoureux virtuel se fait appeler Gérald. Il se présente comme un militaire allemand logé dans une caserne de Marseille. Elle, nous l'appellerons dans cet article Clara, un nom d'emprunt. Son histoire fait écho à celle d'Anne, une femme de 53 ans devenue célèbre malgré elle depuis qu'elle a raconté son histoire avec un faux Brad Pitt, un escroc qui lui a soutiré 830 000 euros.  Clara, elle, a compris rapidement qu'elle n'était pas dans une relation normale. Son histoire s'est passée il y a tout juste un mois et elle s'en sort bien. Témoigner l'aide aussi à avancer. Mais cela aurait pu vite déraper tant ces "brouteurs" ou "scammer" sont de véritables escrocs en ligne manipulateurs.

Première demande d'argent au bout d'une semaine

Les photos qu'elle fait défiler sur l'écran de son smartphone sont celles d'un beau jeune homme, la trentaine, athlétique, souriant, aux traits parfaits. Un éphèbe au corps tatoué qui ne peut que séduire. On le voit entouré d'amis, sur des bateaux, assis sur de grosses voitures, etc... Elle le rencontre d'abord sur une application et ... "Au bout d'une semaine, il a commencé à me dire qu'il n'avait plus de connexion pour pouvoir continuer à me parler." Les messages se font désormais sur WhatsApp. 

Et finalement, Clara va payer 26 euros pour débloquer sa situation. Gérald, lui assure qu'elle doit l'aider, "il n'a plus de connexion, il ne peut plus se connecter sur son compte en banque en ligne." Elle se laisse prendre au jeu, la somme engagée est acceptable. 

Puis la relation virtuelle prend de l'ampleur. Se rencontrer ? "Pour sortir en permission, il explique qu'il lui faut rédiger une demande principalement écrite en anglais et surtout verser 6900 euros pour payer ce congé d'urgence." Elle doute. 

Et le scénario continue."Il m'a parlé de sa situation familiale aussi. Il avait perdu sa sœur en 2020 pendant la covid, perdu son père à l'âge de neuf ans et sa mère avait un cancer." Lui-même est malade, il a l'hépatite A et B et il lui faut un traitement.

Problème : le traitement coûte 850 euros. Clara est infirmière. Alors, elle feinte et répond qu'elle aimerait bien recevoir le résultat de la prise de sang qu'elle n'aura jamais. 

Le bilan de santé de Gérald s'aggrave. Plus c'est gros, plus ça devrait passer, semble penser son interlocuteur : il a aussi la fièvre typhoïde et le paludisme. "Donc maintenant, il faut payer pour des frais médicaux parce qu'ils ne peuvent pas le laisser sortir sans lui avoir fait passer des tests médicaux".

On s'attache au message chaque jour

Cette tentative d'escroquerie, qu'elle a déjouée, lui est arrivée il y a tout juste un mois, en période de Noël. Clara a la chance d'avoir une vie professionnelle, des amis, de la famille et elle a pu en parler. Ce qui lui a permis de rester clairvoyante sur la situation. Elle a toujours répondu aux messages de Gérald mais elle n'a pas cédé à ses demandes. Malgré le besoin de ne pas couper le fil. 

C'est très déroutant parce qu'en fait, on s'attache à ce genre d'attention. Tous les matins, j'avais de grands messages avec des déclarations. Donc les jours où on n'a rien, tout en sachant que c'est une arnaque, ça manque. Même si c'est insensé.

Clara

France 3 Provence-Alpes

Cet amoureux virtuel était devenu son confident. "Ils savent nous prendre par les sentiments, nous dire ce qu'on veut entendre, nous rassurer des choses qui peuvent nous inquiéter." Mais il y a eu cette alerte : l'argent. "Quand il y a une demande d'argent, ça devient une lumière rouge."

Il a commencé à me dire qu'il était amoureux au bout de deux jours, alors que juste un peu avant, il me disait qu'il avait du mal à tomber amoureux, qu'il ne tombait pas amoureux facilement. Et là, il ne me connaissait pas et il était fou d'amour. Ça, ça m'a alertée.

Clara, victime d'une tentative d'escroquerie sentimentale

France 3 Provence alpes

Dès que le doute s'est emparé d'elle, Clara avoue avoir consulté de nombreux témoignages sur internet et des dizaines d'articles. Elle a reconnu immédiatement la méthode. 

Désormais, une chose l'inquiète un peu : la dépendance à cette relation. Elle continue de "jouer" avec lui et lui parle comme pour voir jusqu'où il va. 

Là, c'est moi qui désormais joue avec lui, mais quand même, il y a toujours le truc de se dire Et si c'était vrai ?

Clara, victime sur internet

France 3 Provence-Alpes

Si Clara avait versé l'argent demandé, elle aurait déjà donné à cet amoureux inconnu, jamais vu, jamais rencontré, près de 1850 euros en un mois. 

Pour aider les personnes qui s'interrogent, un site internet gouvernemental d'assistance et de prévention du risque numérique permet de faire un diagnostic en ligne et d'évaluer la menace, notamment les escroqueries sentimentales." Que faire en cas d’arnaque à la romance ? Interrompre toute relation avec l’escroc, déposer plainte, alerter la banque…", prévient cet outil. 

Un entretien réalisé par Jean-François Georgetti, journaliste à France 3 Provence-Alpes.

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