Andoni Zubizarreta, nouveau directeur sportif de l'OM, après avoir été pendant cinq ans celui du Barça, veut développer un projet propre à l'OM, sans comparaison avec le Barça.
Personne ne peut promettre de "sortir le nouveau Messi", prévient le directeur sportif de l'Olympique de Marseille, Andoni Zubizarreta, en développant "le projet de l'OM" qui ne doit pas être "celui du Barça", son ancien club.
Il répond aux questions d'Emmanuel Barranguet.
Pourquoi êtes-vous venu à l'OM ?
"C'est la première question que m'a posé Patrice Evra quand je suis allé le voir à Turin pour le recruter (rires). Comme je le lui ai dit, entre 1991 et 1994, il y avait soit l'OM soit mon FC Barcelone en finale de Ligue des champions, nous avons gagné en 1992, eux en 1993. Mon souvenir, c'est cet Olympique de Marseille, un club avec une grande âme, une passion pour le football, on le vit, on le sent, il vibre. Et aussi parce que j'ai senti que le projet que Frank McCourt (le propriétaire) et Jacques-Henri Eyraud (le président) m'ont présenté était solide, pas juste un projet pour apparaître sur le marché français. Ils veulent développer vraiment un club de football en lien avec sa ville, développer la formation, des choses qui me plaisent, je suis un développeur de structures. C'était une grande opportunité de le faire loin de ma zone de confort, de changer de pays, de football, de langue."
Comment avez-vous commencé votre mission ?
"Au début, j'ai beaucoup écouté, pour connaître le club, sentir l'ambiance, apprendre à travailler ensemble aussi avec le président, Rudi Garcia et Frank McCourt, puisque nous sommes tous arrivés ensemble. Ensuite il y a eu le mercato d'hiver, toujours le portable en main. Depuis dès début février j'ai commencé la part plus structurelle de mon audit."
Et quelle a été votre analyse du fonctionnement d'un club sans directeur sportif de mai 2014 à juillet 2016, avec l'intérim de Gunter Jacob?
A titre d'exemple, il fallait changer le terrain synthétique du centre d'entraînement de La Commanderie, trop vieux. C'était un besoin clair, mais on se demandait qui devait le décider, comment le caler dans l'agenda. Autre exemple, pour le scouting (la détection, ndlr), on a des bons rapports sur les joueurs mais pas la structure pour prendre la décision, il nous manque le filtre.A Marseille, on a des pièces de puzzle mais pas la connexion entre elles.
Il nous faut transformer les données qu'on a sur un joueur en informations et la partager, c'est le travail d'Albert Valentin, mon adjoint, qui vient de nous rejoindre."
Comment définissez-vous votre rôle?
"Mon rôle est de développer le projet de football de l'OM. Pour cela il faut intégrer toutes les structures du club pour nous aligner tous sur le même objectif, développer la formation, en pensant aussi aux choses plus matérielles, les terrains, les vestiaires, si on a besoin d'autres adjoints pour l'entraîneur. Il faut aussi développer le scouting, pour incorporer des talents, la relation avec les clubs de Marseille. Mais je sais que la partie de l'équipe professionnelle est plus visible..."
Voulez-vous dire que vous êtes déjà lancé dans le mercato estival ?
"Ça, c'est mon coeur de métier, mais parler mercato au mois de février, c'est difficile...
et le travail d'Albert (Valentin) va nous aider. Il y a tout un processus pour arriver aux noms. Et il faut aussi développer un vrai projet de formation à Marseille."Le premier travail est de définir le profil des joueurs, pas les noms,
Comprenez-vous qu'après vos cinq ans de directeur sportif au Barça, tout le monde fait la comparaison avec La Masia, le centre de formation qui a produit Iniesta, Xavi ou Messi ?
"Le projet que nous devons développer c'est celui de l'OM, pas celui de Barça, eux ils ont d'autres besoins, d'autres moyens, d'autres situations. Je pense que les modèles sont comme les systèmes de jeu, on ne peut jamais les décalquer à 100%, on peut apprendre, connaître de l'expérience des autres, voir ce qui a fonctionné et ce qui a moins fonctionné, mais finalement ton projet doit t'appartenir."
On attend le Messi de l'OM...
"On demande toujours: "Quand est-ce qu'on va sortir le nouveau Messi ?" Mais la bonne question est: quand il y aura un joueur d'un grand talent, à un moment il faudra prendre la décision, oui ou non (doit-il jouer) ? Quand on me dit c'est plus facile avec Messi, je dis toujours qu'à 15 ans, Messi était le petit, ce joueur différent mais petit face aux grands joueurs costauds. Il fallait lui donner sa chance, il faut donner de la confiance aux jeunes joueurs.
En réalité, c'est le joueur qui développe son talent, nous sommes des facilitateurs.
Vous avez déjà Maxime Lopez...
"Donner de la confiance, c'est ce que Rudi a fait avec Maxime, au lieu de chercher des excuses dans le fait de ne pas avoir de joueur il a mis Maxime, et après à lui de jouer. A nous de lui marquer le chemin, de l'aider avec les structures, les méthodologies d'entraînement. Le plus difficile dans la formation c'est le moment du choix: quand tu as un joueur de 18 ans qui semble prêt, est-ce que tu en prends un au mercato? Est-ce que le public va aimer le joueur de chez nous ou un grand nom du mercato?"