Photographies à l'appui, des personnels et des familles dénoncent de mauvais traitements subis par certains résidents dans un Ehpad, à Trets, dans les Bouches-du-Rhône. Plusieurs plaintes ont été déposées.
Leur témoignage est d'une extrême violence, étayées par une dizaine de photographies prises dans cette institution pour personnes dépendantes, àTrets, dans les Bouches-du-Rhône. Sur l'une d'elle, on distingue une résidente âgée, couchée sur le côté dans son lit, la tête coincée près de la barrière. Sur sa table de lit, attend un plateau repas. "Et personne ne lui donne à manger", commente une des deux aide-soignantes qui alertent sur la situation. Toutes deux ont travaillé à la résidence Olympe, l'une d’elle y est toujours en poste. Sur un autre cliché, une femme est allongée sur un fin matelas, à même le sol, au pied de son lit...
"Ils ne sont pas lavés, parfois presque nus"
En juillet 2022, avec l’arrivée d’une nouvelle direction, le climat social se tend, les démissions s’enchaînent entraînant un sous-effectif chronique. Les photos prises par des salariés montrent les effets dramatiques sur la prise en charge des résidents. "Ils sont en déshydratation, les trois quarts sont allongés, en pyjama, ils ne sont pas lavés, parfois presque nus", détaille l'aide-soigante, lanceuse d'alerte.
La dernière fois j'ai ramené une dame qui était carrément à poil devant tout le monde. Il n'y a pas de dignité pour ces gens.
Une aide-soignanteFrance 3 Provence-Alpes.
"On nous forçait à être maltraitant malgré nous. En sous-effectifs, on ne peut pas faire de douche correctement, on ne peut pas faire de shampooing, c'était très compliqué. Et la direction ne nous entendait pas. Elle disait qu'elle ne trouvait personne en intérim. Alors, on se débrouille, on fait jusqu'au jour où, point de non-retour, on se retrouve deux", témoignage l'employée de l'Ehpad.
Deux aides-soignantes pour 52 résidents
Deux aides-soignants pour 52 résidents, elle a donc démissionné. Les familles aussi s’inquiètent de l’état dans lequel elles trouvent leurs proches. Pierre* a porté plainte le 27 décembre pour mauvais traitements sur son père atteint de la maladie d’Alzheimer.
"On voit qu'il est complètement délaissé. Quand on y est, ils font l'effort de s'en occuper parce qu'on est là, mais autrement, il reste comme il est".
Si dans la journée, il s'est fait dessus, je pense qu'il reste toute la journée dans ses besoins.
Fils d'un résident de l'EhpadFrance 3 Provence-Alpes
L'Ehpad Olympe du groupe Colisee dispose de 52 chambres. Le tarif mensuel est de 3800 euros pour un résident. Contactée par France 3 Provence-Alpes, la direction a refusé de répondre à nos questions.
La direction de l'Ehpad conteste les accusations
Dans un communiqué, signée par Sophie Limouzin, la directrice de l’établissement, elle nie toute maltraitance . "La résidence Olympe subit actuellement une campagne de dénigrement", écrit-elle. "Nous contestons formellement les accusations portées à notre égard".
Lors d’une visite inopinée en avril 2023, l’Agence régionale de santé (ARS) n’avait constaté aucune situation d’alerte. Pourtant, trois plaintes ont déjà été déposées et d’autres devraient l’être dans la journée de ce 10 janvier.
*Le prénom a été changé.
Article rédigé avec Marie-Agnès Peleran, journaliste à France 3 Provence-Alpes.