PORTRAIT. "Pour moi, l'agriculture, c'est la culture" : cette ancienne juriste se présente pour le titre de Miss France Agricole

Parmi la vingtaine de candidates encore en lice dans ce concours agricole né en 2014, un profil se démarque : celui de Monia Lilamand, ex-juriste de Noves (Bouches-du-Rhône) reconvertie en 2018. Devenue conseillère municipale à l'agriculture, elle espère échanger sur son métier autrement que par la manifestation.

Ce samedi 14 décembre, comme chaque année depuis la fondation du célèbre concours de beauté en 1920, une nouvelle Miss France sera élue en direct à la télévision. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c'est qu'au même moment, un autre concours au nom similaire annoncera le nom de ses grands gagnants pour cette année : la Miss et le Mister France Agricole 2025 seront désignés.

Parmi les vingt candidates encore en lice pour le titre féminin dans ce concours né en 2014, et qui se déroule en ligne, il y a Monia Lilamand, exploitante agricole sur la commune de Noves et qui représente donc les Bouches-du-Rhône.

Un profil atypique, puisque du haut de ses 43 ans, l'agricultrice est la doyenne des candidates à ce concours. Mais surtout, Monia n'a pas toujours baigné dans le milieu de l'agriculture : elle était auparavant juriste durant une quinzaine d'années, jusqu'en 2018 où elle a pris la décision de totalement changer de vie avec son mari, qui était à l'époque carreleur.

"Au moment de ma reconversion, avec mon mari on a dû vendre notre maison qu'on avait sur Noves pour débuter. On a commencé sur un petit bout de terre, parce que c'est très compliqué d'arriver dans le monde agricole quand on a pas de famille déjà présente dans le secteur", explique Monia à propos de ce qui était pour elle un "challenge".

"Il faut partager, échanger sur l'agriculture"

Et les embûches ont été nombreuses pour la nouvelle agricultrice, à commencer par l'aspect financier : "j'étais juriste, mais on partait dans un monde qu’on ne connaissait pas. La banque n’a donc pas suivi, c'est pour ça qu'on a été obligés de vendre la maison. Mais une fois qu'on était lancés, ils nous ont toujours suivis, c'était le démarrage, le pari leur a fait peur".

Finalement, le couple a trouvé une propriété sur la commune "avec un mas de 14 hectares" sur lequel s'installer, "avec la promesse de faire du maraîchage bio, puisqu'il n'y en avait pas beaucoup". Aujourd'hui, Monia produit "principalement des fraises, notre culture principale, mais aussi des melons, des tomates, des légumes de printemps, ainsi que des pommes, poires et pêches en arboriculture".

Mais notre candidate a une autre casquette : depuis 2020, en plus de son travail sous ses serres, ou plutôt ses "tunnels" comme elle les appelle, Monia est également adjointe à l’agriculture auprès du maire de la commune de Noves, Georges Jullien (DVG). Un poste qu'elle a accepté pour "la possibilité de partager, d'échanger sur l'agriculture, qui n'est pas assez reconnue et pas assez mise en avant". 

L'ancienne juriste se rend donc régulièrement dans les écoles de la commune, "pour y amener de l'agriculture, parce que ça s'est perdu. Il faut que les enfants aient la notion de ce qu’ils mangent par pour en faire des adultes responsables". Monia Lilamand a également, avec sa casquette d'adjointe, créé un marché saisonnier local, qui s'installe chaque mardi soir dans la commune d'avril à septembre. Elle y écoule une grande partie de ses produits, et vend le reste "à des regroupements de producteurs de chez nous, vraiment en local".

"Il y a d'autres possibilités que la manifestation" pour transmettre des messages

Cette élection de Miss et Mister France Agricole a lieu cette année dans un contexte de reprise des mouvements de protestation agricoles, après la première série de mouvements en janvier dernier. Monia voit donc cette élection comme une autre manière de mettre en lumière le monde agricole. "Il y a d'autres possibilités que la manifestation pour se montrer. Ce concours, c'est une aventure qui permet de transmettre des messages".

Pour l'agricultrice de Noves, "on n'est pas assez épaulés par l’État, ça, c'est sûr, mais tous les consommateurs ont aussi leur part à faire. Tous les gestes du quotidien ne sont pas anodins, ça a des conséquences directes sur l’agriculture". Mais même si elle a eu "des difficultés" en arrivant dans le métier, elle "ne regrette rien de sa vie d'avant" et referait la même chose aujourd'hui. Elle invite d'ailleurs d'autres personnes à rejoindre la profession : "pour se lancer dans l’agriculture, on n'a pas besoin de diplôme, tout le monde peut y aller".

Le conseil que je donnerai à quelqu’un qui voudrait faire la même reconversion que moi, c'est peaufiner son installation, et rencontrer du monde déjà en place.

Monia Lilamand,

candidate des Bouches-du-Rhône à Miss France Agricole 2024.

Monia détaillera, dans les prochains jours, sa vision dans une vidéo de présentation qu'elle aura réalisée et qui sera publiée sur le compte Facebook du concours. Et si notre ancienne juriste est élue Miss Agricole France 2025, elle devrait recevoir son écharpe lors du prochain Salon International de l'Agriculture, prévu à Paris fin février.