Les œuvres de Claude Monet et d'Henri Rousseau arrivent aux Carrières de lumières de Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône). En mouvement dans un lieu empreint d'histoire, elles redonnent vie à l'impressionnisme et l'art naïf du 19ᵉ et du 20ᵉ siècle.
Un lieu sombre, des murs immenses et de la pierre, partout. Jusque-là, le décor ne fait pas rêver. Sauf quand on y ajoute des couleurs, des sons, ... de la vie. Et depuis le 31 janvier, c’est grâce aux œuvres de Claude Monet et du Douanier Rousseau, aux Carrières de lumières de Baux-de-Provence.
L’un est le maître à penser de l’impressionnisme, l’autre de l’art naïf. Et tous les deux transportent dans leur univers.
“Comme si on fermait les yeux et que l'on rentrait dans l’univers imaginaire de Rousseau"
Henri Rousseau n’a jamais quitté la France. Ses paysages de jungles étaient donc tirés de ses lectures, de ses observations quotidiennes avec une pointe d’imagination.
“On démarre dans le jardin des plantes de Paris. C’est là où il puisait son inspiration pour peindre ses jungles oniriques. Il observait dans les ménageries les animaux également”, explique Virginie Martin, directrice artistique de l'exposition "Le Douanier Rousseau, au pays de rêves".

“C’est un peu comme si on fermait les yeux et on rentrait dans l’univers imaginaire de Rousseau. Il y a des bois avec des univers mystérieux, les paysages parisiens et on arrive petit à petit à la jungle qui est un espèce de bouquet final. Ça a été pensé comme un rêve”, ajoute Virginie Martin. Avec un accent sur les détails, l’une des particularités d’Henri Rousseau.
Montrer la métamorphose de la société au 20ᵉ siècle
Pour l’exposition Monet, “le choix qui a été fait, c'est montrer les incontournables mais aussi d’en montrer un peu des plus intimes, moins connus du grand public”, explique Nicolas Charlin, directeur artistique de l'exposition "Monet, créateur de l'impressionnisme".

Claude Monet, chef de file du mouvement impressionniste, longtemps ignoré, voire moqué de son vivant, a vécu à cheval sur le 19ᵉ et le 20ᵉ siècle. Il a vécu les grands bouleversements sociaux, culturels, politiques liés à la révolution industrielle. “L’idée, c’est de montrer comme cette métamorphose de la société a eu un impact sur son œuvre”, ajoute Nicolas Charlin.
“Il y a un dialogue entre le lieu, les œuvres et l’expérience musicale”
Et le lieu à son importance : les carrières de Baux-de-Provence. Construites au 17ᵉ siècle à partir de pierre calcaire, légèrement coquillé, à grain fin et de couleur blanche et blonde, elles sont aujourd’hui reconverties en un espace de spectacle de sons et lumières.
“Ça fonctionne bien avec l’impressionnisme. C’est une peinture qui révèle des sentiments, des atmosphères. Les œuvres de Monet sont diffuses, aux contours pas toujours très nets et la pierre calcaire révèle aussi cette couleur”, explique Etienne Devic, directeur des Carrières de Lumières.
Il y a un dialogue qui se fait
Virginie Martin, directrice artistique de l'expositionà France 3 Provence Alpes
“Il y a un dialogue qui se fait entre le lieu, les œuvres et l’expérience musicale”, ajoute Virginie Martin. Avant d’arriver aux yeux du grand public, les œuvres ont dû se préparer pendant près d’un an. Des simulations 3D on eut lieu afin de penser leur connexion avec l’espace de 7000 m². Les murs ont des aspérités, les hauteurs sont immenses.
“Il y a beaucoup de contraintes, mais on doit les accepter et penser notre mise en scène par rapport à la réaction du site”, explique Nicolas Charlin avant d’ajouter : “et l’animation, elle ne doit pas juste être un artifice, mais elle doit servir à retranscrire une pensée, une émotion, une volonté”.
C’est comme cela qu’il a pensé les bruits mécaniques pour les œuvres de Claude Monet et que Virginie a fait ressortir le son de pas feutrés dans la neige dans l’art d’Henri Rousseau.