Drame de Furiani : #pasdematchle5mai, le combat sans fin du collectif des victimes

27 ans après la catastrophe de Furiani, le collectif des victimes a adressé mardi une lettre ouverte à la Ligue de football professionnel (LFP). Il proteste contre le maintien des matchs prévus le 5 mai et réitère son souhait de geler cette date funeste, soutenu par des supporters de l'OM. 

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Le collectif des victimes de la catastrophe de Furiani interpelle la Ligue de football professionnel (LFP) dans une lettre ouverte transmise mardi 23 avril.

Ils demandent le report des matchs prévus dimanche 5 mai, en souvenir de l'effondrement d'une tribune à Furiani le 5 mai 1992, lors de la demi-finale de la Coupe de France entre Bastia et l'Olympique de Marseille, qui a coûté la vie à 18 personnes. 

"Nous souhaitons que la LFP prenne la mesure de ce qu’est la catastrophe de Furiani", publie le collectif sur Twitter.

Si l'OM jouera le vendredi 3 mai, quatre matchs de football sont programmés le 5 mai prochain pour la 35e journée de Ligue 1 : Montpellier-Amiens, Toulouse-Rennes, Monaco-Saint-Etienne et Lyon-Lille.

Un cinquième match, Nantes-Dijon, initialement organisé samedi 4 mai, a même été décalé au dimanche pour des raisons de sécurité, face au mouvement des Gilets jaunes.

Une "fausse excuse" de la LFP pour le collectif

"Nous sommes face à une incompréhension, explique Josepha Guidicelli, présidente du collectif du 5 mai. On nous a toujours avancé des difficultés pour geler la date, c’est une fausse excuse".

"Lorsqu’il y a des soucis climatiques, ils reportent le match. Avec les Gilets jaunes, ils ont reporté avec facilité tous les matchs."


Josepha Guidicelli avait quatre ans le jour du drame. Son père se trouvait dans la tribune qui s’est effondré. Il est décédé dans la catastrophe. 27 ans plus tard, Josepha Guidicelli ne cesse de se battre pour la mémoire des victimes.

Pour elle, la LFP fait la sourde oreille. "Ils ne nous entendent pas ou ils ne souhaitent pas nous entendre. Ce n’est pas un caprice que l’on demande. Mais on ne peut pas concevoir que d’un côté on puisse fêter un match et de l’autre se recueillir."

Pas de match le 5 mai, seulement le samedi

L’an dernier, aucun match n’avait eu lieu le samedi 5 mai. En 2017, Thierry Braillard, alors secrétaire d’Etat aux sports, avait promis de tenir cet engagement dans le futur… Les années où le 5 mai tombe un samedi.

"C’est absurde, déplore Josepha Guidicelli. Pourquoi le samedi et pourquoi pas un autre jour ?"

Tous les ans, le collectif rencontre les différents ministres des Sports. Jusqu’à cette année, "ils n’étaient pas forcément d’accord, mais ils nous ont entendus", affirme-t-elle.

Avec Roxana Maracineanu, c’est une autre histoire. Interrogée sur le sujet par Jean-Jacques Bourdin au micro de RMC vendredi 19 avril, la ministre des Sports a balbutié avant d’avouer ne pas "avoir d’avis sur la question".

Le 20 avril, Roxana Maracineanu a quelque peu développé son propos dans un tweet. 

"C’est effarant. Complètement irrespectueux."

Josepha Guidicelli n’en revient pas. "J’ai d’abord été étonnée puis effarée par ces propos, une ministre des Sports se doit de connaître le dossier. C’est effarant. Complètement irrespectueux."

Le collectif du 5 mai n’a pas encore rencontré Roxana Maracineanu. Josepha Guidicelli indique avoir récemment été approchée par l’Elysée pour organiser un dialogue. "À quoi bon ? Quel intérêt si elle n’a pas d’avis", se désole-t-elle.

La présidente du collectif retient davantage la rencontre avec la présidente de la LFP, Nathalie Boy de la Tour. En juillet dernier, le collectif a été reçu pour la première fois depuis le drame au siège de la Ligue de football professionnel.

"Cette réunion a porté ses fruits, admet Josepha Guidicelli. La présidente s’est excusée de ne pas avoir été présente aux commémorations passées."

La LFP a également promis d’inscrire dans les ateliers de l’Open football club (programme national accompagnant les jeunes joueurs en formation, NDLR), un atelier dédié au devoir de mémoire de Furiani, à l’histoire du collectif. 

C’est important pour nous, on avait du mal à sensibiliser au niveau national, grâce à cet événement, on va pouvoir toucher plus de monde et s’exporter au-delà de la Corse.

Le soutien des supporters de l’OM

Les supporters marseillais soutiennent le combat du collectif. Cela prend la forme de grandes bannières déroulées dans les tribunes, comme ils l'ont fait en mai 2013 lors d'un match OM-Bastia, ou sous forme de tweets sur les réseaux sociaux, via le hashtag #pasdematchle5mai.

18 morts et 2357 blessés à Furiani

Le 5 mai 1992, le stade Armand Cesari à Furiani en Haute-Corse accueille la demi-finale de la Coupe de France : Bastia-OM. Le club corse a choisi d’agrandir son stade à l’occasion de cette rencontre en ajoutant une structure métallique supplémentaire.

Le jour du match, les supporters prennent place dans le stade, l’ambiance est chaude.

Avant que le coup d’envoi ne soit donné, les responsables se rendent compte que la structure des gradins bouge un peu trop et présente des signes de faiblesse. Ils demandent aux fans de ne pas taper des pieds.

Hélas, il est trop tard. À 20h20, la tribune s’effondre, faisant 18 morts et 2357 blessés.

À l'époque, le président de la République François Mitterrand avait souhaité que plus aucun match ne se déroule un 5 mai.




 
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