Le rapporteur public se prononce contre l'exploitation de la centrale biomasse de Gardanne

Le rapporteur public demande l’annulation de l’arrêté du préfet des Bouches-du-Rhône, qui avait autorisé l’exploitation de la centrale biomasse de Gardanne en 2012. Il juge l'étude d'impact réalisée insuffisante.

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Les opposants qui dénoncent le projet de la centrale biomasse de Gardanne peuvent avoir le sourire. Jeudi, le rapporteur public a présenté ses conclusions devant le tribunal administratif de Marseille. Gilles Fedi a demandé l'annulation de l’arrêté préfectoral du 29 novembre 2012 autorisant l’exploitation de la tranche biomasse de la centrale thermique de Gardanne.

Une bonne nouvelle pour les quatorze requérants qui avaient saisi le tribunal, même si ce dernier n'est pas tenu de suivre les conclusions du rapporteur public.

Mesurer plus largement les effets négatifs


Le rapporteur s'appuie principalement sur l’insuffisance de l’étude d’impact qui a précédé l'autorisation préfectorale. Selon le magistrat administratif, cette étude, qui s'est limitée à cinq communes dans un rayon de 3 kilomètres autour de la centrale, ne contient pas d’analyse des effets négatifs indirects et permanents du projet sur l’environnement, les paysages, l’approvisionnement, et la production de bois.

Toujours selon lui, "il est important de mesurer l’impact à long terme du projet sur l’environnement, le prélèvement risque de tarir la ressource pour les autres acteurs."

1.800 tonnes de bois brûlées par jour


Alors que la tranche biomasse de la centrale doit consommer 1800 tonnes de bois par jour, le rapporteur déplore :

"l'étude initiale ne dit rien sur les rotations quotidiennes des poids-lourds, on nous dit 250 par jour…"

"L’évaluation du projet d’exploitation n’a pas été présentée à la population, souligne-t-il. Il ajoute :"l'information complète à la population concernant les effets de l’exploitation n’a pas été respectée (…), l'insuffisance de l’étude d’impact a eu pour effet de nuire à l’information du public."

Quelles incidences sur les zones Natura 2000 ?


Voilà de quoi conforter les riverains de la centrale de Gardanne, les associations de défense de l’environnement, le parc naturel Régional du Luberon et du Verdon, les communautés de commune du pays de Forcalquier et de Banon qui s'opposent au projet.

Leurs avocats, Mathieu Victoria et Eric Posak, ont souligné que le rayon d’approvisionnement de la centrale thermique s’étend sur 450 kilomètres et qu'aucune étude d’incidence n'a été réalisée sur les multiples zones Natura 2000 en Paca, Occitanie et Bourgogne.

Le site n’est toujours pas en activité, alors que l’exploitation industrielle devait commencer en 2014.

250 millions d'euros d'investissements


Par la voix de son avocat Frédéric Defradas, l'exploitant Uniper, filiale du groupe énergétique allemand E.On, a mis en avant les 250 millions d'euros d'investissements et les 80 emplois directs liés dans cette centrale, la plus importante unité de France.

"Nous avons fait l’étude d’impact qui était applicable à l’époque, nous avons scrupuleusement respecté la législation"


En fin d’audience, l'avocat d’Uniper a précisé à la demande de la présidente Anita Haasser, que le bois utilisé vient du Brésil et d’Espagne, les granulés proviennent de la production locale. Le jugement a été mis en délibéré.
La plus grosse centrale biomasse de France
Auparavant, la centrale thermique de Gardanne produisait de l’électricité grâce au charbon extrait des mines. La tranche 4, est passée à la biomasse dans le cadre de la loi « Grenelle 1 », dont l’objectif est de porter la part des énergies renouvelables à au moins 23%.

En février 2012 E. ON, la société mère d’Uniper, obtient par arrêté ministériel, l’autorisation d’exploiter l’installation et de produire de l’électricité en utilisant de la biomasse. Le 29 novembre 2012, le préfet des Bouches-du-Rhône signe un arrêté autorisant l’exploitation de la centrale biomasse.

Prévue initialement pour entrer en production en 2014 puis en 2016, la tranche 4 n’est toujours pas en service.

L’exploitant prévoit de faire fonctionner son installation 7500 heures par an, produire 250 MW soit 6% de l’électricité de la région et 3 % de la consommation, au moyen de 855.000 tonnes de bois, chaque année.
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