Lors de la mobilisation du 4 septembre, des manifestants anti-pass sanitaire ont vandalisé l'entrée de l'immeuble du 17 boulevard Longchamp à Marseille. Ils pensaient s'en prendre au directeur de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille, François Crémieux. Erreur de destinataire.
Un François Crémieux peut en cacher un autre.
Le samedi 4 septembre, des manifestants marseillais contre le pass sanitaire ont violemment attaqué l'entrée de l'immeuble du 17 boulevard Longchamp. La cause : ils pensaient avoir découvert la résidence de François Crémieux, directeur de l'Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille.
En réalité, il y a bien un François Crémieux qui demeure à cette adresse. Mais c'est un homonyme qui se nomme précisément François-Ruben Crémieux. Il est docteur en droit et n'a strictement rien à voir avec le directeur de l'AP-HM.
Le directeur général de l'AP-HM, François Crémieux a démenti habiter à cette adresse et porté plainte. Une information largement relayée par les médias.
80 personnes à la porte de l'homonyme
Dans un communiqué daté du 8 septembre, des manifestants ont mis en doute nos informations. "Suite aux divers articles de presse et communiqué sur les "incidents" ayant eu lieu durant la manifestation du 4 septembre 2021, nous remarquons que les médias essaient de discréditer notre mouvement et nos sources", écrivent-ils.
"Dans l’hypothèse où il existe un réel homonyme à Mr François Cremieux résidant au 17 boulevard Longchamp (ce dont nous doutons)..." et de continuer un peu plus loin "Dans l'hypothèse où nous serions allés à la mauvaise adresse concernant François Cremieux, certains diront que nos sources sont autant invalides que nos discours."
Donc acte. Nous sommes donc allés au 17 boulevard Longchamp, dans le 1er arrondissement de Marseille et nous avons rencontré François-Ruben Crémieux. "Fort heureusement, je n'étais pas chez moi ce samedi. Je suis rentré le lundi et j'ai constaté les dégâts", nous explique-t-il.
Déconcerté, il dit avoir reçu "des menaces de mort affligeantes". À son retour, un de ses voisins est venu lui expliquer la situation et lui a dit que "plus de 80 personnes" avaient tambouriné à la porte de l'immeuble.
Violentes insultes et quolibets
Ameline, sa voisine du deuxième étage, était bien présente le jour de la manifestation. Elle témoigne : "Je les ai entendus arriver de loin. J'ai regardé par la fenêtre, ils m'ont hurlé dessus et ils m'ont fait des doigts d'honneur. J'ai eu peur, j'ai tout fermé. Ils n'ont pas arrêté de sonner. J'ai compris grâce à Twitter ce qu'il se passait". Personne n'a ouvert la porte.
Elle avait déjà constaté des incivilités lors de la manifestation du week-end précédent : "J'ai directement compris qu'ils avaient quelque chose contre mon immeuble".
Ameline condamne ce genre d'attitude : "Je comprends qu'ils aient des convictions, mais, de là à insulter les gens... C'est essayer de les convaincre par la peur et je trouve ça ridicule".
Le directeur de l'AP-HM, qui a déposé plainte, a contacté son homonyme pour prendre de ses nouvelles et s'excuser pour le désagrément occasionné. Les services de la Ville vont intervenir pour nettoyer la porte d'entrée de l'immeuble.
Pour la huitième semaine consécutive de mobilisation des anti-pass sanitaire et anti-vaccin, la manifestation a rassemblé entre 2 et 3.000 personnes samedi dernier sur le Vieux-Port de Marseille selon la préfecture de police. Bien plus selon les manifestants.
Alors pourquoi cette erreur d'adresse ? Simplement parce que ceux qui pensaient avoir débusqué (assez simplement) l'adresse du directeur de l'AP-HM, l'ont sans doute trouvé sur une page internet du collège doctoral de l'université d'Aix-Marseille.
Il y figure bien un François Crémieux / Docteur "enseignant-chercheur, enseignant du supérieur chercheur en milieu académique". De quoi rapidement en tirer le raccourci.
Sauf que l'adresse postale, comme l'adresse mail sont bien celles du fameux homonyme François-Ruben Crémieux. Ce qu'il nous a aussi confirmé.