En 1974, Draguignan perd son statut de chef-lieu du Var, au profit de Toulon. Une véritable onde de choc pour les Dracénois qui, à l’époque, se mobilisent très fortement pour garder leur préfecture. Une exposition photo, présentée au cœur de ville, retrace aujourd'hui ce combat.
C'était il y a tout juste 50 ans. Jour pour jour. Le 4 décembre 1974. Jacques Chirac, alors Premier Ministre du Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, entérine le transfert de la Préfecture du Var de Draguignan à Toulon... Une véritable gifle, reçue en pleine face, par la population Dracénoise qui ne tarde pas à se soulever.
Une véritable trahison
Aussitôt, les habitants de Draguignan se soulèvent. Durant des semaines et des semaines d'énormes manifestations paralysent la ville. Une révolte communale historique qu'a vécu l’ancien journaliste à l'ORTF et à France 3 Côte d'Azur, Jean-Claude Honorat : "Je m'en souviens parfaitement. La population entière s'est révoltée. Ce n'était pas que la gauche ou que la droite. Je me demande, même, si le curé ne faisait pas partie des manifestants. Draguignan n'avait que ça et l'Etat le lui retirait."
La population entière s'est révoltée. Draguignan n'avait que ça et l'Etat le lui retirait.
Jean-Claude Honorat - Ancien journaliste à l'ORTF et à France 3 Côte d'Azur.FTV
Parmi les personnes présentes aujourd’hui, Evelyne et Yvon. À l’époque, eux aussi, ont manifesté dans les rues et ont vécu ces semaines de fortes tensions : "Ça a duré 90 jours. On se faisait arrêter tous les soirs après le couvre-feu" se souvient Yvon. "Nous avons vécu au jour le jour durant toute cette période. Le jour, la nuit, bloqués par les CRS." ajoute Evelyne.
Ça a duré 90 jours. Le jour, la nuit, bloqués par les CRS.
Des habitants dracénois présents lors des emeutes de décembre 1974.FTV
Impacts économiques non négligeables
Ce déménagement avait été ressenti, à l’époque, non seulement comme une trahison mais aussi et surtout, comme un déclassement de la commune de Draguignan. La ville allait perdre ainsi de nombreux emplois directs et indirects au profit de sa rivale toulonnaise. Au recensement de 1975, la ville comptait 20% de population, en moins.
Mobilisation des Maires "rouges" du Var
Au-delà de la grande partie de la population qui a envahi les rues, l’aréopage politique a lui aussi clamé, haut et fort, sa volonté de ne pas se soumettre à cette décision d'Etat. 70 maires, PS, du Var "rouge" ont ainsi démissionné et ont porté leur mécontentement jusque dans les rues de la capitale pour manifester leur farouche opposition à ce projet. À leur tête, le premier magistrat de Draguignan, Edouard Soldani, le maire socialiste et Président du Conseil général du Var de l’époque.
Hommage à Edouard Soldani, le meneur de ce mouvement populaire
Un demi-siècle plus tard les Dracénois, n'oublient toujours pas, cette décision administrative vécue, encore, comme une véritable trahison de l’Etat envers ses administrés.
En ce 4 décembre 2024, Le maire, DVD, Richard Strambio a donc souhaité rendre hommage à Edouard Soldani, à l’époque à la tête de cette fronde, en dévoilant une plaque mémorielle, en présence de sa famille sur "la place du 4 décembre 1974 - Edouard Soldani".
Et c'est avec émotion que le maire nous confie ce souvenir : " Moi j'avais 16 ans quand j'ai assisté à cette révolte. Le sang n'a pas coulé par chance et surtout grâce à Soldani et son équipe, parce qu'il s'est mis au milieu, entre les manifestants et les CRS".
Le sang n'a pas coulé surtout grâce à Soldani et son équipe, parce qu'il s'est mis, au milieu, entre les manifestants et les CRS.
Richard Strambio, Maire (DVD) de Draguignan.FTV
Ainsi, 50 ans après ces évènements mémorables, cette place vient de prendre le nom d'Edouard Soldani. Le nom de l'élu dracénois qui a tout tenté pour éviter ce transfert de compétences de Draguignan à Toulon. ...En vain...
Une exposition photos a été installée, sur cette même place, pour partager ce souvenir et ne pas oublier.