C'est une première depuis 2008 pour Jacques Bompard. Le maire sortant se retrouve au second tour dans une quadrangulaire qui disperse les voix à droite, avec comme adversaires un candidat du Rassemblement national, une représentante LREM et une candidate à gauche.
Maire sortant, Jacques Bompard n'a pas vraiment l'habitude des seconds tours. Et là encore, il s'en est fallu de peu pour que cette élection à Orange, soit pliée dès le 15 mars.
Arrivée en tête des suffrages exprimés avec 47,55 % des votes, Jacques Bompard, carrole vers une réélection devant la candidat du parti présidentiel Carole Normani (14,37 %) et Fabienne Haloui, conseillère municipale d'opposition (13,80 %).
Seule ombre au tableau du maire sortant, la présence de Xavier Magnin qui érode son électorat. Le représentant du Rassemblement national a obtenu 13,42 % des suffrages.
Un taux d'abstention très élevé
Le taux de participation était de 42,36 % en mars dernier, en 2014, il était de 65,17%.
"Le taux d'abstention a été le même pour chaque candidat, les compteurs sont à zéro, le premier tour ne compte plus, il n'y aura en définitive qu'un seul et même tour, c'est pour cela que les habitants doivent se mobiliser", explique Xavier Magnin.
Pas facile reconnaît le candidat RN alors que "seulement 15% des communes vont avoir un second tour (…) les gens auront d'ailleurs peut-être déjà la tête aux vacances".
Pour Fabienne Halloui, candidate de la gauche, "cela fait longtemps qu'il n'y a pas eu de second tour à Orange" une belle occasion "de se rattraper".
"Face à une telle abstention, les pourcentages affichés par les candidats sont peu significatifs, c’est en nombre de voix qu’il nous faut raisonner", indique Carole Normani.
La candidate centriste entend faire passer son message auprès des électeurs indécis ou des moins motivés. "Ne laissez pas une poignée de 3.721 électeurs décider à votre place alors que vous êtes 18.877 à pouvoir exprimer votre envie de changement".
Un fort taux d'abstention qui"indubitablement, nous a empêché de l’emporter dès le premier tour", estime le maire sortant. 300 voix, c'est selon Jacques Bompard ce qui lui a manqué pour retrouver son fauteuil le 15 mars. "C’est pourquoi il faut que la mobilisation soit générale pour le 28 juin".
"Le premier tour a été en quelque sorte un sondage. Il faut que le deuxième tour soit la confirmation du choix de la majorité", explique Jacques Bompard. Le premier édile espère capitaliser les voix du divers droite Pierre Marquestaut, qui l'a rejoint pour le second tour.
25 ans de règne sans partage
Aux dernières élections municipales en 2014, Jacques Bompard avait été élu dès le premier tour avec 60 % des votes, loi devant ses adversaires crédités de 15 % à gauche, 13 % pour le candidat LR. L'abstention s'était maintenue à 35 %.
Après une première victoire en 1995, où il remporte la ville à la faveur d'une triangulaire, il conserve son siège en mars 2001 avant d'à nouveau rafler la mairie en 2008 avec plus de 60 % des suffrages.
A 76 ans, celui qui fut membre fondateur du Front national, brigue un cinquième mandat, bien qu'éclaboussé par des poursuites judiciaires.
Le maire sortant d'Orange est poursuivi avec sa fille et son gendre pour prise illégale d'intérêts. Deux ans de prison et cinq ans d'inéligibilité ont été requis à son encontre. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 9 mai.
Deux candidats d'extrême-droite
A Orange, l'extrême droite se dispute le leadership. D'un côté, le maire sortant en place depuis 25 ans et un bilan conséquent. Jacques Bompard se présente sous l'étiquette de son propre parti "La Ligue du Sud". L'ex membre fondateur du Front national (FN), veut faire de la sécurité et de la redynamisation du centre-ville des axes forts de sa campagne.
"Désormais, l’urgence est économique. C’est pourquoi nous avons déjà lancé plusieurs actions, comme l'exonération des droits de terrasse, le stationnement gratuit et l'exonération des loyers communaux".
"Nous avons été présents sur le pont pendant tout le confinement : organisation de l’administration, relais auprès des services de l’Etat, aide logistique auprès de l’hôpital", détaille le maire en place.
De l'autre côté, son ancien collaborateur et candidat investit par le Rassemblement national, Xavier Magnin. Ce dernier critique le bilan du maire sortant et prône le renouveau.
"C'est dommageable pour la ville que Jacques Bompard reste. Il a été un bon maire, mais pour l'intérêt commun il devrait laisser la place", explique celui qui fut pendant 15 ans, directeur de cabinet de la mairie d'Orange.
"Mon programme est le même au second tour qu'au premier, et il nous conforte dans nos positions, puisque l'économie était au cœur de ce dernier", se félicite Xavier Magnin.
"Le centre-ville doit être repensé, piétonnisé, comprendre l'attente des consommateurs, mettre en place des Halles comme à Avignon, avec des producteurs locaux, et des circuits courts", indique le candidat du RN.
Economie et santé, les priorités à gauche comme à droite
"Cette crise nous conforte sur notre projet qui est de mettre la solidarité et le pouvoir d'achat des habitants au coeur des préoccupations", explique Fabienne Halloui.
La conseillère municipale d'opposition explique vouloir "débloquer le fond de roulement hors-norme, à savoir trois millions et demi d'euros, en bons d'achat pour les habitants. Ces bons seront valables chez nos commerçants et artisans locaux, pour relancer l'économie, le pouvoir d'achat de nos concitoyens et aider financièrement nos entreprises".
Autre projet de la candidate de la gauche, la création d'un centre de santé, dans les tuyaux avant la crise. "Nous rendons compte à quel point il aurait été utile. Cela nous conforte dans l'idée que nous avons de bons projets pour Orange".
"Notre projet santé prévoit aussi une meilleure alimentation avec la création d'une cuisine centrale qui travaillerait avec les producteurs locaux en circuit court et bio pour une autonomie alimentaire et maîtrisée", défend Fabienne Halloui.
Une situation économique "catastrophique" pour LREM
Selon la candidate LREM Carole Normani, "la situation économique à Orange était déjà catastrophique avant la crise sanitaire avec un centre-ville abandonné, un déclin démographique, un taux de chômage et de pauvreté bien au-dessus des moyennes nationales".
"Si rien n’est fait le Covid va dramatiquement accélérer le mouvement. Nous voulons plus que jamais mettre en place une politique moderne et dynamique de nature à relancer enfin notre ville", martèle la candidate centriste.
"Notre priorité sera de soutenir les Orangeois et les aider dans leurs projets d’investissement, en allégeant les taxes locales et en allant chercher les subventions et les investisseurs", détaille Carole Normani.
La candidate centriste veut miser sur les nouvelles générations : "L’avenir de notre ville passera aussi par la formation de notre jeunesse avec le développement de formations en Agro écologie et la présence d’un animateur scolaire dans chaque école."
Retrouvez le détail des résultats à Orange pour le second tour des municipales.