A huit jours du premier tour des élections municipales, le nombre de femmes a briguer un poste de maire reste faible. La politique et la vie personnelle sont-elles conciliables ? Faut-il instaurer la parité dans les communes de moins de 1 000 habitants ?
Alors que les femmes montrent un réel intérêt pour la vie politique, elles sont encore trop souvent cantonnées à jouer les seconds rôles.
« 23% » c’est le pourcentage de femmes qui mèneront une liste le 15 mars prochain au 1er tour des élections municipales, un chiffre malgré tout en augmentation puisqu’elles n’étaient que 17% en 2014, les mentalités changent et au fil des élections, elles ont su gagner une légitimité, n’en déplaise aux partis politiques qui préfèrent payer des indemnités plutôt que de respecter la parité voulue par la loi (le Parti Socialiste, Les Républicains et le Rassemblement National ont payé des amendes de plus d’1,7 million d'euros aux législatives de 2017)
En Normandie, on compte moins de 10 femmes maires à la tête de communes de plus de 10 000 habitants et les choses ne devraient pas beaucoup bouger à l’issue des élections des 15 et 22 mars prochains.
A titre d’exemple, seulement deux femmes sur un total de 21 candidats mèneront une liste sur les 3 principales villes de la région que sont Rouen, Caen et le Havre alors que l’on compte plus de 40% de femmes candidates à un poste de maire dans les campagnes. « Plus la ville est grande, plus il y a du pouvoir et plus on trouve d’hommes candidats commente Laurence Dumont, la députée socialiste du Calvados.
Seulement 16% des communes sont gérées par des femmes dans l’hexagone, le sociologue Frédéric Lemarchand a son explication « il y a au moins 2 explications à cela : les femmes doivent concilier la vie de famille et leur vie professionnelle avant tout et deuxième chose : les institutions politiques ont été faites pour et par les hommes et le rapport au pouvoir patriarcal évolue mais pas aussi vite que le monde social ». et Stéphanie Yon-Courtin , Députée Européenne (proche LREM) d’ajouter « oui, c’est un monde fait pour les hommes, oui , il y a beaucoup de séxisme mais il faut pas nous faire jouer un rôle , la compétence n’est pas une question d’hommes ou de femmes »
Plus on s'éloigne de la fonction de maire, plus les fonctions sont occupées par des femmes : elles sont 17% parmi les maires, 29% parmi les 1ers adjoints, 38% parmi les seconds adjoints et 43% parmi les autres adjoints et conseillers.
Bulletins d'information statistique - www.collectivités-locales.gouv
Faudra-t-il passer par un renforcement de la parité ?
Depuis 2014, la loi oblige d’avoir des listes paritaires aux élections mais cela ne concerne pas les communes de moins de 1000 habitants, pas plus que le Parlement - Sénat et Assemblée Nationale - qui échappent encore à cette égalité hommes-femmes. Faudra-t-il obliger demain les petites communes qui peinent déjà à trouver des candidats à faire la parité ? La sénatrice Catherine Morin-Dessailly (UDI) n’y est pas favorable : « c’est pas cela qui fera avancer les choses, je pense qu’il faut d’avantage travailler sur le statut de l’élu » reste à savoir si cela sera suffisant à séduire des candidates prêtes à devenir les maires de demain.Pour aller plus loin dans la réflexion, Franck Besnier reçoit sur le plateau de Dimanche en politique ce 8 mars 2020 :
- Stéphanie Yon Courtin, Députée européenne (proche de LREM) et ex-maire de Saint-Contest,
- Laurence Dumont, Députée PS du Calvados,
- Catherine Morin-Desailly, sénatrice de la Seine-Maritime (Union Centriste), en duplex depuis notre studio de Rouen,
- Frederick Lemarchand, sociologue.