La construction de trois immeubles, pour lequel d'importants déblais amiantifères sont soulevés dans le quartier de l'Annonciade à Bastia, à moins de deux cents mètres d'une école, inquiète riverains, parents d'élèves et enseignants.
Des capteurs pour mesurer la qualité de l'air
La société en charge du projet immobilier assure que toutes les précautions sont prises pour éviter une contamination de l'air. Le chantier est arrosé et bâché pour contenir les poussières d'amiante dégagées lors des travaux de terrassement. En cas de vent fort, le chantier est interrompu, a indiqué vendredi le responsable de la société SCI Mandevilla.Des capteurs ont été également mis en place pour mesurer la qualité de l'air autour du chantier, a souligné le promoteur. Les prélèvements sont ensuite envoyés pour analyse dans un laboratoire agréé.
Reste que des parents d'élèves et des enseignants de l'école maternelle et primaire Jean-Toussaint Desanti, situé à deux cents mètres à vol d'oiseau du chantier, s'indigent du manque d'information, et souhaitent que des capteurs soient non seulement installés aux abords immédiats de l'établissement, mais également dans les classes.
Réunis dans un collectif, ils ont adressé un courrier et une pétition à l'Agence Régionale de la Santé (ARS) pour que l'école bénéficie également de mesures de protection et d'information pendant la phase des travaux.
Amiante et spéculation immobilière
Dans un rapport d'information rédigé en 2005 pour le compte du Sénat, visant à établir le bilan et les conséquences de la contamination par l'amiante en France, le docteur Dubois, médecin du travail, s'alarmait de la situation en Haute-Corse.Selon le médecin, "des études révélaient des pics de pollution très importants sur les chantiers lors des opérations de creusement et de chargement des déblais amiantifères", craignant que l'exposition des populations "se traduise par une explosion des pathologies dans 20 ou 30 ans".
Le docteur Dubois se montrait d'autant plus inquiet que les chantiers situés sur des terrains amiantifères, autrefois limités, avaient "tendance à se développer à l'occasion de grandes opérations immobilières, notamment à Bastia".
Et d'ajouter que "les intérêts économiques de l'époque ont donc prévalu sur les préoccupations environnementales".