Tuerie de Silvareccio: "aucune hypothèse sur le scénario"

Alors que le corps du quatrième homme recherché à la suite de la fusillade du 3 juillet près de Silvarecciu (Haute-Corse), a été retrouvé trois jours après les faits non loin des lieux, le procureur de la République à Bastia a indiqué lundi 8 juillet qu'aucune piste ne pouvait être privilégiée.

Des faits et encore des zones d'ombre​

"Je refuse de donner la moindre hypothèse sur le scénario" a indiqué lors d'une conférence de presse lundi 8 juillet, le procureur de la République à Bastia, Dominique Alzeari.

Le magistrat, qui a lancé une procédure pour « tentative d’assassinat et assassinat », s’est borné à noter que, à ce stade des investigations, aucune piste ne pouvait être privilégiée.

Les enquêteurs sont toutefois plus formels quant aux circonstances qui ont suivi la fusillade. Selon les éléments attestés par les investigations, l’alerte aurait été donnée par Jean-Dominique Bonavita, grièvement blessé pendant le guet-apens.

Ce dernier aurait marché sur plusieurs kilomètres avant de rencontrer un "lève-tôt" du village de Silvareccio et pouvoir enfin prévenir les secours, raison pour laquelle l’appel aurait été "borné" à cinq kilomètres de la scène de crime.

Un quatrième cadavre découvert trois jours après les faits

Dominique Alzeari a également confirmé l’information selon laquelle ce sont deux proches de Jean-Dominique Cortopossi, tué de plusieurs coups de feu, qui ont retrouvé un cadavre – "celui de M. Boschetti à 99%, même si nous attendons confirmation de son ADN".

Samedi  6 juillet, de retour de  l’enterrement du jeune homme, son demi-frère et l’un de ses cousins, résidents tous les deux dans la région marseillaise, ont voulu voir les lieux où il avait perdu la vie. Alors qu’ils progressaient dans le ravin où s’est abimé l’utilitaire des victimes, ils ont découvert - "littéralement encastré dans un arbre, à cent mètres du bord de la route" - ce qui semble être la dépouille de M. Boschetti.

"C’est un pur hasard", a assuré le procureur de la République, interrogé sur le fait que les services de secours et d’enquête, qui quadrillaient le secteur, n’aient pas découvert le corps depuis quatre jours. "En toute logique, les gendarmes étaient à quelques mètres de la zone" a-t-il précisé.

Cagoules, gilets pare-balles et arme

Si les enquêteurs cherchent à établir avec précision la séquence criminelle de la fusillade, les premiers éléments recueillis sur la scène ne laissent guère de doute quant à la préparation d'une action violente:
 
  1. Une arme et un gilet pare-balles ont été retrouvés sur les lieux (Les recherches devraient continuer pour en découvrir d’autres);
  2. Les victimes portaient toutes des gants et des cagoules ont été retrouvées à proximité de la scène de crime;
  3. La voiture utilitaire blanche retrouvée au fond du ravin avait été volée quelques jours plus tôt.

Les questions qui restent en suspens

  1. D’où ont été appliqués les tirs qui ont fauché Jean-Dominique Cortopossi, Jean-Dominique Cervetto et Jean-Dominique Bonavita ?
  2. Les victimes se trouvaient-elles à l’extérieur de leur voiture, celle-ci était-elle en mouvement ou à l’arrêt ?
  3. Pourquoi MM. Cervetto et Bonavita ont-ils été laissés en vie par leurs agresseurs, visiblement très bien préparés ?
  4. Pourquoi, dans l’hypothèse où il aurait été éjectée au cours de la chute de la voiture dans le ravin, M. Boschetti se tenait-il dans la voiture?
  5. Que faisaient quatre hommes en délicatesse avec la justice, armés et portant des cagoules et des gilets pare-balles, de nuit, sur une route menant à un village isolé où aucun d’eux n’avait d’attache ?

Une affaire, aux "allures de guet-apens"​

Nicolas Boschetti, 31 ans, était activement recherché par la police qui voulait l'auditionner dans le cadre de plusieurs dossiers. Il était "défavorablement connu", comme les trois autres occupants de la voiture mitraillée, notamment pour "des affaires de port d'arme et d'association de malfaiteurs".

Le 3 juillet, une voiture transportant quatre personnes avait été mitraillée à l'aube sur une petite route de Castagniccia, près du village de Silvarecciu, avant de terminer sa course dans un ravin. Jean-Dominique Cortopossi, un homme d'une vingtaine d'années qui "portait un gilet pare-balles" au moment des faits, avait été tué.

À ses côtés, deux autres passagers avaient été blessés. L'un d'eux avait été plus gravement touché et transporté vers un hôpital de Nice, tandis que le second est toujours au centre hospitalier de Bastia.

Quinze homicides par balles en Corse depuis le 1er janvier

Le décès de Nicolas Boschetti porte à quinze le nombre de victimes d'homicides par balles en Corse depuis le 1er janvier. Cette affaire, aux "allures de guet-apens", s'oriente vers la piste du grand banditisme.

Certaines personnes visées dans la fusillade sont considérées comme proches de Christian Leoni, un membre supposé de la bande criminelle bastiaise de la Brise de mer, exécuté en octobre 2011, ont indiqué des enquêteurs.
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