Angelo Mariani, le Corse qui inspira le Coca-Cola

Le chimiste français originaire de Pero-Casevecchie fut le premier, en 1863, à préparer une boisson à partir des feuilles de coca, qu'il mélangea à du vin de Bordeaux. Le Vin Mariani désaltéra certains des plus grands noms du 19e siècle et inspira ensuite la création du Coca-Cola.

Vous en buvez peut-être à la plage, à la terrasse d'un café ou au distributeur du bureau : chaque jour, 2,8 milliards de bouteilles de Coca-Cola sont vendues dans le monde. Cinquième entreprise mondiale de l'industrie agroalimentaire, The Coca-Cola Company est aussi l'un des symboles des États-Unis dans le monde entier.

Mais saviez-vous qu'avant de devenir la boisson mythique à la couleur caramel, une première boisson à base de coca avait été inventée par un Corse ? Et que celle-ci, devenant rapidement un succès international, inspira la création du fameux Coca-Cola ?


Une fascination pour la coca

Ce Corse, c'est Angelo Mariani, de son vrai nom Ange-François Mariani. Né en 1838 dans la commune de Pero-Casevecchie en Haute-Corse, il est issu d'une famille bourgeoise de médecins et de pharmaciens corses.


À l'âge de 21 ans, il s'installe en tant que chimiste à Paris. Il y découvre les études de Paolo Mantegazza, un neurologue italien ayant découvert le principe actif de la coca, plante rituelle et médicinale d'Amérique du Sud. Angelo Mariani est par ailleurs fasciné par le travaux du chimiste allemand Albert Niemann, l'un des premiers à étudier la cocaïne, extraite des feuilles de coca.



Le succès du Vin Mariani

En 1863, alors qu'il est préparateur en pharmacie, le chimiste corse décide de commercialiser un médicament breveté, une boisson tonique composée d'une infusion de trois variétés de feuilles de coca et de vin de Bordeaux. Il la baptise Vin Tonique Mariani à la Coca du Pérou.


Le médicament est rapidement salué comme un anti-dépresseur, un coupe-faim, un stimulant idéal de l’estomac, un analgésique des voies respiratoires et des cordes vocales et un traitement efficace contre l’anémie. Les médecins de l'époque le recommandent même pour les malades atteints d'un cancer de la gorge. La dose recommandée était de deux ou trois verres par jour. Chaque verre de 30 millilitres de vin Mariani contenait 6 milligrammes de principe actif, la cocaïne.

J'ai à vous adresser mille remerciements, cher monsieur Mariani, pour ce vin de jeunesse qui fait de la vie, conserve la force à ceux qui la dépensent et la rend à ceux qui ne l'ont plus.
— Émile Zola, 1895







 

Le Vin Mariani devient un énorme succès commercial en Europe. De très grands noms en vantent les mérites : têtes couronnées (la reine Victoria du Royaume-Uni, le roi d'Espagne), chefs d'État (le président américain William McKinley, Raymond Poincaré), écrivains (Émile Zola, Alexandre Dumas), inventeurs (les frères Lumière, Thomas Edison) et même le pape Léon XIII, qui assurera en avoir toujours une fiole sur lui dans une publicité de la marque.


Une source d'inspiration

Angelo Mariani, qui ne veut pas s'arrêter sur ce simple succès, développe de nombreux autres produits dérivés de la recette de son vin : un spiritueux, du pâté, des pastilles, des bains de bouche, des sprays, des infusions... Mais aucun autre produit Mariani ne réitéra l'immense succès du Vin Tonique.

Un succès qui inspire la concurrence : différents produits similaires voient le jour, comme La Coca des Incas et Le Vin des Incas. Mais c'est le French Coca Wine, lancé à Atlanta, aux États-Unis, par le pharmacien John Pemberton en 1884, qui va changer la donne.


La recette de l'Américain, qui contient coca péruvien, noix de kola et vin français, fait face en 1886 à la prohibition qui régit l'État de Géorgie. La boisson alcoolisée est interdite. John Pemberton remplace alors le vin par du soda, boisson gazeuse et sucrée. Le Coca-Cola est né.

Il en retirera plus tard la cocaïne suite à son interdiction en 1906. Mais le succès du Coca-Cola ne se dément pas, s'exportant au fil des décennies sur tous les continents.


Le patrimoine Mariani

Angelo Mariani est également considéré comme un précurseur de la vente par correspondance, sur catalogue et sur publicité.

En France, la version cocaïnisée du Vin Mariani (qui contient entre 6 et 7 milligrammes de cocaïne par bouteille, contre 8,46 pour le Coca-Cola à sa création) sera autorisée jusqu'en 1910.


Le chimiste corse meurt en 1914. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise, à Paris. Ses héritiers arrêteront la production du vin dans les années 1930. Ils créeront une nouvelle boisson appelée Tonique Mariani qui restera en vente dans les pharmacies jusqu'en 1963.

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