Edmond Simeoni, le "babu" de l'autonomisme corse, a stigmatisé lundi la plainte pour "discrimination" déposée par un ex-élu local francilien contre le président de la Collectivité territoriale de Corse, Paul Giacobbi, qui a suggéré de devoir résider en Corse pour y devenir propriétaire.
Pour M. Giacobbi, cette mesure permettrait d'enrayer la spirale de la spéculation immobilière vidant la Corse de sa population.
M. Giacobbi, député PRG de Haute-Corse, "a eu, conformément à sa mission, le bon sens d'enrichir et de prolonger le débat sur la notion de résidence pour tenter de contraindre la spéculation au reflux et limiter l'aliénation du sol insulaire", a écrit M. Simeoni, ancien élu territorial, sur son blog.
"Cette attitude, a-t-il ajouté, découle du constat de la situation réelle de la Corse, grave, préoccupant pour tous les gens sensés qui savent que si un remède n'est pas porté rapidement -la résidence existe dans de grands pays démocratiques- à l'exclusion des Corses de leur terre, la situation deviendra irréversible et génèrera une violence très grave."
Ajoutant que "peuple corse est chez lui (et) n'agresse personne", qu'il "veut simplement exister, se développer, dans la justice, la démocratie et le strict respect des principes de l'humanisme", il a souligné que "des millénaires attestent (...) que la lutte pour la liberté (...) est une constante de l'histoire nationale du peuple corse."
Stigmatisant "une certaine presse française (...) déchaînée sur un registre (...) coutumier: le racisme anti-corse", il a ajouté "la palme revient incontestablement à "un beauf français" portant plainte contre M. Giaccobi pour "discrimination".
Hubert Souillard, ex-élu municipal à Maisons-Laffitte (Yvelines) mais résidant sur la Côte d'Azur, a porté plainte la semaine dernière auprès du parquet de Grasse (Alpes-Maritimes), qui n'a pas encore fait savoir s'il donnerait suite.
Pour M. Souillard, M. Giacobbi est coupable de "discrimination pure et simple" et même d'un "racisme anti-non Corse" et "les non-Corses ne doivent
pas être les nouveaux juifs de l'île de beauté".
Edmond Simeoni a estimé que "ces propos de beauf, grotesque", nécessitent "quelques rappels historiques" et a souligné que "la Corse a toujours été une terre d'accueil depuis des siècles".
A quelques semaines du 70è anniversaire de la Libération de l'île, dès septembre-octobre 1943, par la Résistance locale, des commandos français
et des troupes marocaines, il a rappelé que durant la guerre "le peuple corse a protégé les juifs, persécutés par le nazisme" comme le souligne notamment l'avocat chasseur de nazis Serge Klarsfeld pour lequel "la Corse est bien une île des Justes".
M. Simeoni a aussi rappelé l'invitation faite aux juifs expulsés par les rois de France, puis au 18è siècle, l'accueil par le père de l'indépendance corse, Pasquale Paoli, des juifs d'Italie du Nord.