La cour d'assises des mineurs des Bouches-du-Rhône a rendu son verdict vendredi 13 décembre considérant comme en première instance, le jeune Andy irresponsable pour le meurtre, à 16 ans, de toute sa famille en Corse en 2009.
Dans ce procès à huis clos, la cour d’assises a retenu l'abolition du discernement de l'accusé au moment des faits. Andy reste interdit de séjour en Corse pendant 20 ans. Le jeune homme va retourner à l'unité pour malades difficiles de Montfavet à Avignon.
A l'énoncé du verdict, l'accusé est resté impassible avant de sangloter, prostré, quelques minutes plus tard, tandis que certains membres de sa famille pleuraient en silence.
Les parties civiles ont fait part de leur déception. "Ce n'est pas cher payé" a déclaré la soeur de la mère d'Andy. "La famille est frustrée une fois de plus de la vérité, elle n'a toujours pas eu d'explications", a réagi Me Jean-Michel Mariaggi, pour la famille de la mère.
"Il n'y a pas eu un mot d'Andy. Ce ne sont pas des condoléances de circonstances pré-fabriquées pour les besoins de l'audience et manquant totalement de sincérité, qui convaincront sa famille. Il n'y a rien qui laisse entendre qu'il veuille retourner en son sein", a-t-il ajouté.
Irresponsabilité et maintien en unité pour malades difficiles
Dans la matinée, les avocats du jeune homme ont terminé leurs plaidoiries, plaidant l'irresponsabilité et le maintien en unité pour malades difficiles (UMP) de leur client, qui séjourne actuellement à l'hôpital psychiatrique de Montfavet.Jeudi soir, Me Romina Cresci avait demandé à la cour "de se retourner avec humilité vers la part sombre que l'on a en nous".
Présentant un adolescent aux confins de la névrose et de la psychose, Me Jean-Charles Vincensini avait lui souligné la complexité et la divergence des expertises psychiatriques. "Condamner, c'est comprendre. Si vous avez compris, condamnez-le", avait-il lancé.
Les "mensonges" du jeune accusé
L'avocat général Gilles Rognoni avait requis de 12 à 15 ans de réclusion contre Andy, une peine inférieure à celle demandée par le parquet en première instance, devant la cour d'assises des mineurs de Corse-du-Sud.Le magistrat a en effet estimé que, si le jeune Andy est accessible à une sanction pénale, son discernement était altéré au moment des faits. L'audience a vu défiler de nombreux experts psychiatres à la barre, dont les avis ont, comme lors du premier procès, divergé sur la responsabilité du jeune homme, mais ont majoritairement pointé ses "troubles de la personnalité".
Gilles Rognoni a en revanche rejeté "l'irréalité" dans laquelle Andy prétend s'être trouvé, et mis en avant les "mensonges" du jeune accusé.
Tout au long de l'audience, la cour a ainsi relevé des incohérences entre les explications de l'accusé et les expertises balistiques et médico-légales, notamment sur la manipulation des corps après la mort et le repas de ses deux petits frères.
Les avocats des parties civiles ont longuement insisté sur ces mensonges, dénonçant également le "cynisme" et les "silences" de l'accusé, mais rejeté en revanche toute altération ou abolition du discernement.
Une "irrésistible pulsion"
A Albitreccia, près d'Ajaccio, au milieu de la nuit du 11 au 12 août 2009, Andy, un jeune homme sans problème apparent, après s'être réveillé subitement, s'était emparé d'un fusil à pompe appartenant à son père et avait abattu dans leur chambre son père et sa mère.Puis il avait tué ses deux frères, des jumeaux âgés de 10 ans, qu'il avait gardés la veille, alors que ses parents dînaient chez des voisins.
Il avait ensuite vidé le coffre-fort de la chambre des parents, contenant 2.500 euros et une montre de valeur, avant de quitter la maison. Il s'était ensuite taillé les veines avant d'adresser en pleine nuit des appels à l'aide à des amis, avec son téléphone, d'appeler le 17 et d'évoquer des coups de feu et une agression.
L'un de ses oncles le retrouvera la nuit suivante sur une plage des environs après une journée d'errance. Il conduira l'adolescent à la mairie où ce dernier racontera aux gendarmes avoir tué sa famille, évoquant une "irrésistible pulsion".