Ainsi que nous l'avions révélé dès le 30 janvier dernier, une task force rassemblant dans une "structure commune" policiers et gendarmes verra le jour en septembre en Corse et aux Antilles-Guyane afin de lutter contre la criminalité et les règlements de comptes.
Selon le projet de cette réforme en discussion avec la parité syndicale de la police, que l'AFP s'est procuré -confirmant ce 21 février ce que France 3 Corse ViaStella avait révélé le 30 janvier dernier- il s'agit de créer une "structure commune de coordination" police/gendarmerie afin de lutter "contre les réalités criminelles spécifiques" dans ces départements.
Les précisions par Antoine Albertini
Unité de lutte commune dès septembre
Il y aura donc dès septembre, selon l'entourage du ministre de l'Intérieur Manuel Valls, une Unité de lutte commune contre la criminalité organisée (ULCOC) en Corse et une autre de même nom aux Antilles-Guyane où est inclue aussi la "lutte contre les violences".La première, selon ce document, sera dirigée par le directeur régional de la police judiciaire (PJ) secondé par le commandant de la section de recherches de gendarmerie.
Ce sera l'inverse, sur le même schéma, aux Antilles-Guyane.
Plus qu'une mutualisation
"Ils mettront en commun leurs moyens humains et matériels que ce soit pour la PJ, le renseignement et la saisie des avoirs criminels" a expliqué l'entourage du ministre à l'AFP."Ce n'est pas une fusion" des deux forces de l'ordre mais "plus qu'une simple mutualisation de moyens".
Le projet recommande "d'être attentif aux craintes du personnel" des deux forces.
Il a suscité l'ire des syndicats de police qui voient un "hold-up de la gendarmerie sur la police", selon les termes de Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergie (second syndicat d'officiers).
"Les gendarmes n'ont aucune compétence ni aucune légitimité sur ces territoires", selon lui.
Inquiétudes chez les commissaires et officiers de police
Dans un courrier au directeur général de la police nationale (DGPN), le Syndicat des commissaires (SCPN - majoritaire) évoque une "confusion grave": selon lui, "les services de la PJ" policière "traitent plus des trois quart des affaires graves".Il déplore d'avoir été consulté tardivement sur cette "réforme d'ampleur".
Le Syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI, majoritaire chez les officiers), dans un communiqué, évoque un "déséquilibre" et un projet qui ne "répond en rien aux attentes" des officiers de police "ni aux solutions qu'exige la recherche d'une efficacité supérieure".
Cette task force a été annoncée à plusieurs reprises par M. Valls comme le 30 janvier lors d'un séminaire des cadres policiers de la PJ.
"Le combat contre le crime ne s'accommode pas de luttes intestines stériles", avait-il prévenu. "Des voyous, dans notre pays, il y en a pour tout le monde".
ULCOC : unité de lutte contre la criminalité organisée en Corse
Selon nos informations, concernant la Corse, l'unité de lutte contre la criminalité organisée en Corse (ULCOC), implantée à Ajaccio, sera dirigée par le directeur régional de la police judiciaire (DRPJ) secondé par le commandant de la section de recherche (CSR).L'ULCOC, résolument tournée vers la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, s'appuiera essentiellement sur des personnels issus de la DRPJ pour lz police, de la SR et de la section d'appui judiciaire (SAJ) pour la gendarmerie.
En Corse, 4 groupes d'enquêtes mixtes (GEM) permanents seront constitués pour traiter certains dossiers justifiant la mise en commun d'enquêteurs et de moyens,notamment sur la base des co-saisines délivrées par l'autorité judiciaire. Ainsi policiers et gendarmes pourraient travailer à temps plein dans les mêmes locaux.
Quatre groupes d'enquêtes mixtes (GEM) devraient être constitués : deux à Ajaccio et deux à Bastia.
Les deux GEM en charge du terrorisme devraient être hébergés dans les casernes d'Aspretto (Corse-du-sud) et de Borgo (Haute-Corse). Les deux GEM en charge du crime organisé seraient accueillis dans les hôtels de police d'Ajaccio et de Bastia.
Selon nos informations, le 24 février, le général Pierre-Simon Baradel, directeur de la police judiciaire à la direction de la gendarmerie, vient à Ajaccio rencontrer les personnels des différentes unités de gendarmerie et expliquer cette réforme.