Ce mercredi 8 mars, Jean Castex était auditionné par la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur les circonstances de la mort d’Yvan Colonna. L’ancien Premier ministre l’a assuré, il n’y a jamais eu ni "vengeance d’État" ni "complot contre la Corse".
Y a t-il eu vengeance d’État ou complot dans la gestion de la situation pénitentiaire d’Yvan Colonna ? C’est la question autour de laquelle ont tourné, une fois encore, les débats de la commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur l’assassinat du militant nationaliste.
Et ce mercredi 8 mars, c’est Jean Castex qui était invité à y répondre. Face aux députés de tous bords politiques, l’ancien premier ministre livre une réponse limpide - et sans surprises. "Il n’y a jamais eu, en aucun cas, la recherche d’une vengeance d’État" mais uniquement "l’application des textes", assure-t-il.
"De complot d’État, a fortiori contre la Corse, il n’y en a point"
Aux interrogations répétées du président Jean-Félix Acquaviva, du rapporteur Laurent Marcangeli, et des membres de la commission Paul-André Colombani ou Michel Castellani, la réponse de Jean Castex ne variera pas d’un iota, tout au long de l’audition.
Réfutant formellement toute idée de manœuvre de la part de l’État dans l’instruction du dossier Colonna, l’ancien Premier ministre le martèle : "De complot d’État, a fortiori contre la Corse, il n’y en a point".
"Je crois connaitre l’État, j’ai beaucoup de respect pour l'État, je veux dire ici solennellement que non seulement, je n’ai, ni de près, ni de loin, été l’instrument d’un moindre complot – je me demande d’ailleurs bien à quelle finalité – mais que je n’en ai jamais eu la moindre connaissance […] Et si tel avait été le cas, c’eut été un grave abaissement de l’État", ajoute-t-il.
Jean Castex l’affirme : si les demandes de levée du statut de détenu particulièrement signalé (DPS) d’Yvan Colonna, comme celles d’Alain Ferrandi ou de Pierre Alessandri ont été rejetées, c’est en raison "des avis négatifs des commissions". Or, pour Jean-Félix Acquaviva, dans le cas de Pierre Alessandri, en 2020, "la commission locale DPS de Poissy avait donné un avis favorable pour la troisième fois consécutive". Avis qui n'avait pas été suivi par le Premier ministre, se souvenant lui d'un "avis défavorable du PNAT".
Des divergences de "souvenirs" qui donneront lieu à un premier échange tendu entre les deux hommes, au cours duquel le député de Haute-Corse finit par s'agacer. "Monsieur le premier ministre, on n’est pas au café du commerce, on est en commission d’enquête parlementaire, je ne m’amuserais pas à dire des choses qui ne sont pas vraies", lâche-t-il.
"Promesse"
Au-delà des différences d'appréciations sur ce point précis, pour le président de la commission, il y a bel et bien eu un traitement spécifique des dossiers des membres du commando Érignac, et, en particulier d'Yvan Colonna. "On aurait pu prendre, malgré les critères DPS, la décision de les lever ou de transférer ces personnes. Si on ne le faisait pas, c’est qu’on avait fait la promesse de ne pas le faire, en raison du traumatisme de l’assassinat du préfet Érignac", affirme-t-il.
Et d’aller plus loin encore. "Le lendemain du drame, nous avons été en possession de messages de préfets en exercice, qui disent qu’il fallait décorer Elong Abé, qu’il avait fait ce qui aurait dû être fait il y a longtemps, alors ne me dites pas qu’il n’y a jamais eu de haine", s'emporte Jean-Félix Acquaviva face aux hochements de tête négatifs de l'ancien Premier ministre. "Pas plus que le complot, la haine n’a jamais guidé les décisions que j’ai eues à prendre", répondra plus tard ce dernier.
Dysfonctionnement
Si Jean Castex se bornera à réfuter toute idée de traitement spécifique à l'encontre d'Yvan Colonna, il reconnait néanmoins "un dysfonctionnement grave à la maison d'arrêt d'Arles".
Dysfonctionnement qui l'amène à proposer une évolution du droit qui encadre les DPS. "Dans ces sujets se mêlent décisions prises par l’autorité judiciaire et l’autorité administrative, et cela me laisse perplexe [...] La décision ne devrait-elle pas revenir à une autorité judiciaire ?", propose-t-il.
Cela aurait-il pu suffire à éviter le drame du 2 mars ?