Blue Monday : "En Corse, il y a peu de cas de dépression saisonnière"

Ce lundi 16 janvier, c’est le "Blue Monday". Une journée censée être la plus déprimante de l’année. Le docteur Lucie Gasbaoui, médecin psychiatre à Ajaccio et auteure d’une thèse sur la dépression saisonnière, répond aux questions de France 3 Corse Via Stella sur le sujet.

  • Le "Blue Monday" est-il vraiment le jour le plus déprimant de l’année ou cela relève-t-il du concept marketing ?

Pour moi, c’est un concept marketing. Après, il y a quand même quelques éléments de vérité. Il est scientifiquement prouvé que la saison, la lumière ont un effet sur l’humeur. Ces éléments influent sur le moral. En cela, c’est effectivement plutôt dans cette période de l’année que l’on constate le plus de dépressions. Mais il y a un ensemble de facteurs : familial, avec la fin des fêtes ; financier, avec le milieu du mois, éloigné de la paie ; professionnel, avec le début de la semaine. Et tout cela, ce sont des facteurs de stress. Car la dépression dépend de facteurs endogènes, bien sûr, mais aussi externes.

Au-delà de ce "Blue Monday", constate-t-on véritablement un phénomène de dépression saisonnière ?

Il y a des ratios très différents entre le nombre de dépressions saisonnières dans le sud et dans le nord du globe. En Alaska, il y a un pourcentage assez élevé de dépressions saisonnières, avec 9,2 % d’incidence, alors qu’aux Philippes, cela n’existe pas. Le taux est de 0%. Ces chiffres varient en fonction de l’hémisphère et des latitudes. En zone tempérée, on estime que la dépression saisonnière touche 3 à 10% de la population. À l’échelle nationale, en Corse, il y a très peu de cas. À l’inverse, on en recense beaucoup plus dans le nord de la France.   

  • Concrètement, comment se manifeste la dépression saisonnière ?

On constate des symptômes similaires à la dépression "lambda", c’est-à-dire une tristesse de l’humeur, des angoisses, un ralentissement psychomoteur, des troubles du sommeil ou encore de l’appétit. Mais ce qui différencie réellement la dépression saisonnière, c’est une hypersomnie davantage qu’une insomnie, et plutôt une prise de poids qu’une perte de poids.

  • Quand faut-il consulter ?

Lorsque plusieurs critères précis se manifestent. Une humeur triste de façon permanente, une perte de l’élan vital, des idées suicidaires, des angoisses surtout le matin, un ralentissement, une fatigue, un trouble de l’appétit, de la concentration… Le nombre de critères remplis détermine s’il faut consulter un professionnel ou non. En général, le diagnostic peut s’établir à partir de cinq critères remplis sur la liste de symptômes.

  • Comment remédier à la dépression saisonnière ?

Le mieux est de consulter un médecin traitant qui peut orienter son patient. Il peut y avoir un traitement médicamenteux comme les antidépresseurs, il y a aussi les psychothérapies. Et pour la dépression saisonnière, il y a la luminothérapie, qui a des effets égaux à ceux des antidépresseurs - mais avec des effets secondaires égaux aussi. Les thérapies les plus utilisées sont les thérapies cognitives comportementales. Les thérapies analytiques existent depuis les débuts de la psychanalyse. Et aujourd’hui, il existe des thérapies plus brèves comme la méthode EMDR, autour de l’hypnose, la thérapie systémique, ou encore celle des schémas.

  • Peut-on prévenir cette dépression ?

Si on étudie les facteurs de risques - l’isolement, la perte d’emploi… - on peut trouver, en prenant le problème à l’envers, en quelque sorte, comment éviter la dépression. Des pistes existent : être le plus possible à l’extérieur, à la lumière du jour, pratiquer une activité sportive et agir sur la nutrition. Avoir une activité, sortir, être entouré, ce sont les clés pour prévenir la dépression saisonnière.

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