Cancer du sein : "Si j'avais pu me rendre sur le continent durant le confinement, je ne serais pas dans cet état"

Alors que débute la campagne annuelle Octobre rose, plusieurs malades corses ont vu leur état de santé gravement impacté par les restrictions liées à la Covid. C'est le cas d'Yvette, 85 ans, atteinte d'un cancer du sein qui n'a pas pu se rendre à Paris pour ses visites de contrôle. 

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Yvette, 85 ans, se décrit comme "une battante". Avec un brin de fierté dans la voix, elle explique avoir dirigé un temps l'entreprise familiale spécialisée dans les poids lourds et les autocars. 

"Je pense que cette expérience a contribué à me donner la force nécessaire pour faire face à la maladie aujourd'hui", livre-t-elle.
 
Il y a cinq ans, l'octogénaire apprend la récidive de son cancer du sein. "J'ai été touchée par la maladie une première fois il y a 30 ans. Elle s'est développée une nouvelle fois sur le même sein", précise Yvette. 

Et la crise sanitaire du coronavirus a eu de lourdes conséquences sur l'évolution de son état de santé. Avec le confinement, impossible de quitter l'île. "Je n'ai pas pu me rendre à un rendez-vous avec mon oncologue en mars", explique Yvette suivie à la clinique Hartmann et à l'hôpital américain, en région parisienne. 

J'étais juste un peu plus fatiguée que d'habitude

Yvette

Rassuré par ses "très bonnes analyses" du mois de janvier, le spécialiste lui conseille alors de poursuivre son traitement quotidien jusqu'à ce que la situation s'améliore. 

"J'étais en contact avec lui presque tous les jours, je ne me suis pas inquiétée. J'étais juste un peu plus fatiguée que d'habitude", se souvient Yvette.
 
Sauf que la maladie progresse. En juillet, l'octogénaire apprend qu'elle doit lutter une seconde fois contre la maladie. Une chimiothérapie est prescrite. 

"C'est dommage. Si j'avais pu me rendre à l'hôpital en mars, peut-être qu'on aurait pu le voir et que je ne serais pas dans cet état actuellement", déplore-t-elle. 

La double peine

En Corse, Yvette n'est pas un cas isolé. " Cela a été la double peine, voire la triple peine, pour de nombreuses personnes. Il y a eu les restrictions de déplacement, mais la Covid-19 est aussi une source d'angoisse supplémentaire, des patients ont préféré annuler leur consultation sur le continent de peur de contracter le virus. Sans oublier qu'il reste le problème du coût de ces déplacements", détaille Catherine Riera, présidente de l'association de lutte contre le cancer "La Marie-Do". 

Si nous ne trouvons pas de fonds dans les trois mois à venir, nous devrons faire des choix dans le financement de certaines aides l'année prochaine

Catherine Riera, présidente de l'association "La Marie-Do"

Chaque année, la structure accompagne 600 malades à travers quatre dispositifs. Parmi eux, un fonds de secours de 170.000 euros, utilisé pour le financement du transport et de l'hébergement de patients suivis sur le continent. 
 
Des financements que la présidente de la Marie-Do n'est pas certaines de pouvoir récolter cette année. "Les dons sont principalement rassemblés lors des collectes. L'année dernière, nous avons organisé 38 événements, cette année, à cause de la crise sanitaire, seulement quatre", alerte-t-elle.

Inquiète, Catherine Riera, estime que si l'association ne parvient pas à récolter des fonds dans les trois mois à venir, elle devra faire des choix entre les différents dispositifs l'année prochaine. 

Les dépistages en baisse 

La crise sanitaire a aussi des conséquences sur le dépistage. "En 2019, la Corse a enregistré 38 % de participation au dépistage du cancer du sein organisé. Depuis le début de l'année, on enregistre une baisse de 10 % de la participation", souligne le docteur Franck Le Duff, directeur du centre régional de coordination du dépistage des cancers de Corse. 

Des dépistages organisés qui permettent une analyse plus complète des examens effectués. "La grande différence, c'est qu'avec un dépistage individuel, la radiographie est étudiée une seule fois par un spécialiste. Avec un dépistage organisé, une seconde lecture est réalisée. Cela permet de détecter entre 3 et 10 % de cancers du sein qui seraient passés à l'as avec une lecture unique", alerte Franck Le Duff. 
D'autant plus que lorsque qu'un cancer du sein est diagnostiqué à temps les taux de guérison sont élevés. 

Avoir le moral, c'est 50 % de la guérison

Yvette

Un contrôle indispensable pour Yvette. "J'ai toujours été surveillée, car ma mère avait eu un cancer du sein. Il ne faut surtout pas que les femmes considèrent le dépistage comme une petite visite anodine", estime-t-elle. 

Très fatiguée par son traitement, l'octogénaire s'entoure de personnes positives. "Ma fille et mes petits-fils me couvrent d'amour et de tendresse. Quand ils viennent me voir, c'est comme si je n'avais rien et c'est très réconfortant", témoigne-t-elle. Des visites familiales auxquelles s'ajoutent celles de "très bons amis qui sont aussi passés par-là". 

Car pour Yvette, le plus important "est de garder le moral, c'est 50 % de la guérison". "Je me soigne, je continue à avancer et je pense constamment à ma rémission. Mon instinct de survie me permet de voir un peu plus loin et me permet de supporter la situation."

En attendant son prochain rendez-vous à Paris, prévu courant octobre, Yvette ponctue ses journées de lectures et de temps de documentation, tout en espérant que la Covid ne perturbe pas les choses. 


 
Une vague rose dans les villages corses en octobre
Dans le cadre d'Octobre Rose, l'association La Marie Do lance un appel à toutes les écoles de danse de l'île. Le but : réaliser un flashmob sur la chanson "Jerusalem" dans tous les villages corses.

"Les danseuses pourront amener toutes les femmes de leur entourage afin de montrer que le message de sensibilisation au dépistage du cancer du sein est compris par toutes les générations", explique Catherine Riera, présidente de l'association. 

La chorégraphie sera filmée et postée sur les réseaux sociaux. Afin de récolter des dons pour "La Marie-Do", une participation de 5 euros sera demandée pour toute inscription. 
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