Le collectif Massimu Susini a adressé une lettre à la collectivité de Corse et une à la préfète de région le 15 novembre. Il y dénonce une inaction des institutions contre la mafia, notamment dans le secteur foncier, et s’inquiète d’ « un glissement de la société vers un sombre avenir. »
« Reconstruisez la digue ! Agissez ! Menez le combat ! Votre soutien ne peut être seulement moral », appelle le collectif Massimu Susini dans une lettre adressée à la collectivité de Corse (CDC) le 15 novembre.
Ce combat est celui contre la mafia dont le collectif dénonce la dérive au sein de la société insulaire depuis sa création en octobre dernier.
Un secteur est particulièrement ciblé : le foncier. « On n’a jamais autant construit en Corse qui bat le triste record français du pourcentage de résidences secondaires. Défendre la terre […] et en particulier les terres agricoles […] doit demeurer un des fondamentaux pour la survie et l’avenir de notre communauté historique », soutient le collectif.
Une terre que, selon lui, la collectivité de Corse ne protège pas assez. « Depuis l’élection d’une majorité nationaliste, la frénésie spéculative n’a pas été freinée, mais s’est, au contraire, inexplicablement accélérée », accuse-t-il.
Lettre adressée à la collectivité de Corse
« Ne pas agir est criminel »
Un des moyens d’action avancé par le collectif Massimu Susini pour lutter contre l’emprise mafieuse dans le foncier réside dans l’application du plan d’aménagement et de développement durable de la Corse. Pour cela, il demande à la CDC de rejoindre les associations, anti-mafia et de lutte pour la protection de l’environnement, dans leurs démarches juridiques. « Ne pas agir est criminel, dans la mesure où vous laissez notre peuple et les associations démunis face aux mafieux », interpelle le collectif.
Dans le viseur du rassemblement anti-mafia notamment : « Quelques familles [qui] contrôlent la part la plus rentable de notre économie. » Des familles que « quelques équipes de mafieux dominent et protègent sans être inquiétées par l’État. »
« Je n'aime pas employer ce mot »
Et c’est à la représentante de l’État, Josiane Chevalier, préfète de Corse, que le collectif Massimu Susini a adressé sa seconde lettre. Interrogée à propos de la mafia sur le plateau de France 3 Corse ViaStella, il lui reproche d’avoir déclaré : « Je n’aime pas ce terme. Je n’aime pas employer ce mot ».
Lettre adressée à la préfète de Corse
Une position sur laquelle s’interroge le collectif. « Combien de citoyens menacés, de familles détruites, de Massimu Susini assassinés pour que vous acceptiez de nommer le mal qui gangrène notre société insulaire ? » Il continue : « La mafia est l’ennemie du peuple corse. Elle s’en prend aux Corses qui travaillent honnêtement […]. Elle n’attaque pas l’État français qui semble, par son inaction, et son refus de la nommer, lui permettre de s’étendre et de prospérer. »
« Nous n’avons pas attendu votre interpellation pour agir »
Une mise en cause à laquelle a répondu Josiane Chevalier dans un courrier, le 18 novembre. Elle indique : « Nous n’avons pas attendu votre interpellation pour agir dans le respect des lois et règlement pour contrer les dérives que vous évoquez. »
La préfète de Corse invite dans le même temps le collectif Massimu Susini à se rapprocher des autorités lorsqu’il est alerté de faits de « racket » ou de « marchés publics truqués ». Concernant la spéculation immobilière, Josiane Chevalier rappelle les actions menées par les services de l’État quant au domaine public maritime.
Elle continue : « J’ai parfaitement conscience que dans ce combat contre toutes les formes de violence nous devons encore aller plus loin dans le cadre des procédures prévues et des compétences de chacun. »
Réponse de la préfète de Corse
Ainsi, afin de « mettre un coup d’arrêt au glissement de la société corse vers un sombre avenir », le collectif Massimu Susini demande à être reçu à la collectivité de Corse. « Si nous sommes tous acquis à l’intérêt commun de la Corse et des Corses, il n’y a aucune raison pour que nous ne trouvions pas de solution au grave danger qui pèse sur nous », insiste-t-il.
Le collectif Massimu Susini a été créé suite à l’assassinat du jeune restaurateur, à Cargèse, en septembre dernier. Cet assassinat a été l’élément déclencheur d’une libération de la parole citoyenne insulaire contre la grande criminalité et la dérive mafieuse.