Ce sera le mois prochain, Edouard Philippe l'a officiellement confirmé. 5.000 communes en France n'avaient pu désigner leur maire en mars dernier. Sur l'île, c'est 22 communes qui devront retourner aux urnes. Si, selon l'expression désormais consacrée, les conditions sanitaires le permettent.
Au vu de la situation sanitaire et des incertitudes qui l'accompagnent, il était difficile de faire consensus.
Mais l'ombre de ces Municipales interrompues commençait à devenir envahissante.
Et le gouvernement a finalement tranché.
Ce sera le 28 juin prochain, et pas en septembre, janvier ou mars, comme ça avait été envisagé.
"La vie démocratique doit reprendre ses droits" a déclaré le Premier ministre depusi Matignon.
Deux avantages à cette date : se débarrasser, enfin, d'un dossier qui revient presque chaque semaine dans les débats.
Et éviter de réorganiser un premier tour, une obligation constitutionnelle en cas de report au-delà de l'été.
Des conditions sanitaires favorables. Pour l'heure...
La pandémie de Covid-19 semble, selon les premiers chiffres du déconfinement, marquer le pas.Une tendance confirmée par le Conseil scientifique, qui a reconnu que "la situation sanitaire s'est nettement améliorée par rapport au début du confinement".
De quoi encourager le scrutin à se tenir prochainement.
Mais les Sages ne se sont pas risqué, pour l'heure, à donner un avis tranché.
La prudence, dans le domaine scientifique, est désormais de rigueur, après les affirmations péremptoires des premières semaines, régulièrement contredites par les faits...
A ce titre, la décision du gouvernement est d'ailleurs réversible, a pris soin de préciser Edouard Philippe.
"Nous aurons comme le recommande le conseil scientifique une clause de revoyure, elle interviendra sans doute dans deux semaines."
Le gouvernement assure ses arrières
La clause de revoyure, qu'est-ce que cela signifie ?C'est la possibilité de faire marche arrière, en cas de nécessité.
Voilà pourquoi ce n'est pas un mais deux textes qui seront présentés le 27 mai en conseil des ministres.
Le premier, c'est le décret qui prévoit le second tour le 28 juin.
Le second, c'est un projet de loi, "à titre conservatoire", qui renverrait le second tour à janvier 2021...
Histoire de parer à toute éventualité...
Une décision qui ne fait pas l'unanimité
Si la deuxième vague redoutée par certains ne fait pas son apparition, on votera donc le 28 juin prochain.La décision va dans le sens des souhaits d'une grande partie de l'opposition, du côté de LR comme des socialistes.
Mais la date du 28 juin ne ravit pas tout le monde.
Certains, comme Jean-Luc Mélenchon, estiment encore que c'est trop tôt.
Jordan Bardella, du Rassemblement National, trouve également la date "prématurée".
Et même au sein de la majorité, quelques voix dissonantes s'élèvent.
Franck Ferrand, le président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, estime qu'il n'est pas "raisonnable" que les élections se déroulent alors que la situation reste tendue, et qu'il est impossible de faire campagne dans de bonnes conditions...
En Corse, les candidats restent prudents
Il y a quelques jours, nous avions sondé les maires sortants, et les candidats toujours en lice, dans les 22 communes insulaires concernées.La plupart se disaient près à se plier aux décisions du gouvernement, quelles qu'elles soient.
"J'attends le second tour sereinement, qu'il soit en juin ou en septembre", nous confiait ainsi Ange Fraticelli, maire sortant d'Aleria.
Mais pour beaucoup, le plus tard aurait été le mieux...
Jean-Martin Mondoloni, à la tête de l'une des listes qui a franchi le premier tour à Bastia, s'inquiète du timing :
"Il faut une cohérence, l'épidémie est encore là, on ne peut pas demander aux gens d'être prudents, aux plus âgés de rester chez eux, et dans le même temps leur demander d'aller voter..."
Selon Georges Mela, le maire sortant de Porto-Vecchio, "on est pris dans l'action, on est face à une crise inédite, on doit redoubler de vigilance. Une crise sanitaire, économique, et bientôt sociale. Alors, le second tour... Je vais vous, dire, je me demande si les électeurs, eux aussi, ont la tête à aller voter. On a tous d'autres chats à fouetter !"On a tous d'autres chats à fouetter - Georges Mela
Quid de l'abstention ?
L'abstention est une vraie question, en Corse comme ailleurs.Au premier tour, le 15 mars, elle avait été massive.
Seuls 44,64 % des inscrits avaient voté, au niveau national.
En Corse, le taux de participation avait été supérieur, autour des 55 %.
Mais très largement en recul par rapport aux précédents scrutions.
En l'absence d'une vraie campagne, et avec un vote dans quelques semaines à peine, dans une période où l'actutalité est focalisée sur tout autre chose, les électrices et les électeurs auront-ils la tête à aller voter ?
On le voit, de nombreuses incertitudes planent toujours au-dessus de ce second tour.
Malgré l'annonce d'Edouard Philippe, rien ne dit que le feuilleton des Municipales 2020 est terminé...