Avec l'explosion du marché des meublés de tourisme, l'offre d'habitation est considérablement réduite. Le phénomène est particulièrement visible à Ajaccio. Cette semaine les groupes d'opposition municipale « Pà aiacciu » et « Aiacciu pà tutti » ont envoyé un courrier au maire de la ville. Un débat sera organisé prochainement, lors d’un Conseil municipal.
Les meublés de tourismes prolifèrent au centre-ville d’Ajaccio. Le nombre d’offres sur les plateformes dédiées a augmenté de 26 % entre 2018 et 2022. L’équivalent de l’ouverture de cinq hôtels sur la commune.
Un cauchemar pour les professionnels de la cité impériale qui déplorent depuis des années l’absence de réglementation de cette activité. « En Corse la seule commune aujourd’hui qui ait véritablement agi est la commune de Bastia sur un périmètre qui correspond au centre historique de la ville. Mais aucune autre commune n’a agi dans le sens d’une régulation et d’une activité plus harmonieuse », déplore Jean-Baptiste Pieri, secrétaire général de l'association des hôteliers du golfe d'Ajaccio.
La cité impériale se trouve en zone tendue, les deux groupes d’opposition municipale « Aiacciu pà tutti » et « Pà aiacciu », ont décidés d’envoyer un courrier au maire d’Ajaccio. Ils lui demandent d’organiser un débat devant le conseil municipal.
« Les personnes qui résident ici ne peuvent plus se loger »
L’objectif est de mettre en place une réglementation pour retrouver un équilibre entre hébergements dédiés aux visiteurs et logements pour les résidents. « Il faut revenir un peu en arrière, en avril 2021, l’ensemble du Conseil municipal, l’opposition compris, avait voté une délibération qui donnait les pleins pouvoirs au maire pour trouver les voies et les moyens pour réguler Airbnb. Trois ans après, rien n’est fait. Il semblerait que le nouveau maire n’en fasse pas sa priorité », estime Jean-André Miniconi, membre du groupe d’opposition « Aiacciu pà Tutti ».
Jean-François Casalta, membre du groupe d’opposition « Pà Aiacciu », continue : « Ça renforce la tension sur l’offre de logement. Les personnes qui résident ici, ne peuvent plus se loger. Ça provoque également une hausse des prix de l’immobilier à tel point que les jeunes d’ici, et les moins jeunes, ne peuvent plus se loger. Vous avez également une iniquité fiscale qui est énorme, vous avez aussi un problème avec l’hébergement touristique traditionnel notamment fait par les hôteliers. On peut parler clairement d’une concurrence déloyale. Et je pourrais dérouler, à l’infini ou presque, le nombre d’inconvénients. »
Des solutions existent. Saint Malo et Annecy ont mis en place des quotas par immeubles et par quartiers, Bastia et Nice ont posés des limites : un meublé de tourisme par foyer fiscal. À Ajaccio, la question des meublés de tourisme sera abordée lors du Conseil municipal du 22 février prochain.