Le propriétaire de la paillote Le Moorea, route des Sanguinaires à Ajaccio, doit quitter les lieux. Une situation qu'il juge inacceptable et qui l'oppose à la municipalité et à l'ancien gérant.
Christopher Giandonati possède encore les clefs de la paillote Moorea, mais il ne sait pas encore pendant combien de temps. L'établissement, créé en 1978, par son père, est construit sur une parcelle de terrain communal, route des Sanguinaires, à Ajaccio.
En 2013, le paillotiste signe avec la municipalité d'alors une convention d'occupation précaire qui l'autorise à exploiter les lieux. Une convention renouvelable par reconduction tacite tous les trois ans et qui devra prendre fin en 2025.
Si Christopher Giandonati dit ne jamais avoir rencontré de difficulté, il fixe le "début des problèmes" à octobre 2021. À cette date, prend fin un contrat de location gérance qu'il a conclu deux ans plus tôt, en juin 2019. L'acte est interdit par les termes de la convention d'occupation précaire, mais le paillotiste affirme en avoir été autorisé, par écrit, par le maire actuel d'Ajaccio, Laurent Marcangeli. "Depuis la fin de ce contrat, j'ai reçu des pressions de la part de l'ancien gérant", accuse-t-il.
Des accusations que récuse l'ancien gérant par la voix de son avocat, Me Jean-François Vesperini. "Il conteste les faits allégués par M.Giandonati. Il n'a jamais exercé une quelconque pression. Ces accusations l'affectent particulièrement, car c'est une famille de commerçants honnêtes, très connus à Ajaccio. Mon client se réserve le droit de porter plainte pour diffamation et de poursuivre M.Giandonati pour dénonciation calomnieuse. De plus, mon client est totalement étranger à la procédure en cours entre la mairie et M.Giandonati."
"Spolier"
Car le propriétaire de la paillote Le Moorea reproche également à la mairie d'avoir établi un avenant à sa convention. "On m'y accordait de rester jusqu'en 2025, si j'acceptais une nouvelle gérance. J'ai demandé à ce que cet avenant me soit envoyé pour le faire étudier par un conseil. Ça n'a jamais été fait. J'ai été convoqué à la mairie en octobre, mais je n'y suis pas allé, je n'ai pas signé les papiers, mais l'ancien gérant l'a fait", explique Christopher Giandonati.
Son avocate va plus loin. Dans un courrier adressé à Laurent Marcangeli, en date du 8 avril, elle "analyse cette convocation comme une tentative de spolier mon client de son droit de jouissance de la parcelle communal et de son activité commerciale."
Un point que la municipalité éclaircit dans un communiqué. "M.Giandonati sous-louait la partie communale de l'établissement Le Moorea à [l'ancien gérant ndlr.] sans autorisation préalable de la ville d'Ajaccio (la convention précaire ne le prévoyant pas). La ville d'Ajaccio a donc régularisé cette situation par voie d'avenant."
Concessions immobilières
La municipalité continue : "Cette prorogation aurait permis à la ville d'Ajaccio de poursuivre son travail de recadrage contractuel, comme elle l'a réalisé pour d'autres établissements de plage (mise en œuvre de concessions immobilières). M.Giandonati n'a plus donné suite à nos échanges. Au terme de la convention précaire, et comme il procède de ses prérogatives de puissance publique, la ville d'Ajaccio a récupéré sa parcelle."
Une absence de régularisation dont s'étonne Christopher Giandonati. "En 2019, la mairie s'est lancée dans la régularisation des paillotes de la route des Sanguinaires. Quand ça a été voté en 2021, sur les huit établissements, je suis le seul à ne pas avoir été régularisé."
Ainsi, en 2019, le Conseil municipal d'Ajaccio a approuvé le principe de la passation de contrats de concessions immobilières pour les huit établissements de la route des Sanguinaires (Le Beau Rivage, la Crique, Le Goéland, Le Macumba, Le Moorea, le Scudo, Les Dauphins et Le Week-End). Deux ans plus tard, en 2021, ce même Conseil municipal a voté la mise en œuvre de ces nouvelles concessions pour cinq établissements. Le Moorea n'en fait pas partie.
Christopher Giandonati a déposé plainte contre X pour prise illégale d'intérêt et tentative d'extorsion par contrainte auprès du pôle économique et financier du tribunal judiciaire de Bastia. La convention précaire d'occupation qui le lie à la municipalité devait prendre fin le 30 avril dernier.