Le plan local d’urbanisme d’Ajaccio devrait être voté en septembre. Il prévoit notamment la construction de 7.500 nouveaux logements pour les 15 prochaines années. Des associations se mobilisent déjà pour participer à l’aménagement futur de l’agglomération.
À Ajaccio, le projet de plan d'aménagement sera bientôt rendu public et soumis à l'avis de citoyens. 7.500 logements supplémentaires sont prévus.
Depuis les années 1980, c'est vers l'Est que s'est étendue la ville. Du Stiletto à Mezzavia, alternent hangars, parkings, centres commerciaux, immeubles et pavillons. 8.000 habitants déjà, bientôt 10.000 autour du futur hôpital. La prochaine étape du grignotage urbain, ce sera l'ascension du mont Sant'Angelo.
Comme ses ancêtres, Philippe Martinetti a grandi et vit à Mezzavia. Il consultera le projet de PLU (plan local d’urbanisme), mais ne se fait pas d'illusion. Il avait fixé un rendez-vous près de l'ancien lavoir municipal. Encore faut-il le voir, un immeuble a poussé en bordure de route.
« On a fait pire que sur la Côte-d’Azur chez nous. On avait l’exemple de ce qu’il ne fallait pas faire. On avait un cahier vierge et bien, on a fait pire que ce qu’il ne fallait pas faire. Le mal est fait, tout est bétonné, goudronné. Y a de la place pour les promoteurs avec l’appui de tous les élus. Quand on voit que l’on fait payer des taxes sur des terrains non-constructibles au lieu d’essayer de sauver le peu de ruralité qu’on a, on bétonne tout », déplore-t-il.
Densifier l’urbanisation à Mezzavia
À Mezzavia, chemin de la culetta, tout près du lotissement proche de l’ancien lavoir municipal, un programme immobilier est à l'étude. La commune veut densifier l'urbanisation, et transformer en zone constructibles des parcelles, y compris une prairie de quatre hectares.
Un autre secteur, à l'Est toujours, mais côté Sud-Est, contrarie les défenseurs des espaces stratégiques agricoles comme U Levante : l'arrière du stade de Timizzolo.
Golf ou écoquartier, des projets à préciser mais en tout cas la zone est à urbaniser. « Cette zone d’une cinquantaine d’hectares impacte une quarantaine d’hectares d’espaces stratégiques agricoles. C’est l’objet d’une de nos observations, à savoir que cet espace soit restitué en zonage agricole », explique, Yves Pages, porte-parole U Levante.
Pas d'impact selon la municipalité qui compenserait ce déclassement par des parcelles communales sur les crêtes du Salario. « Ceux qui connaissent un peu le secteur, eu égard à la pente et le caractère rocailleux de cette zone, pourront légitimement avoir des doutes », reprend Yves Pages.
Ni la ville, ni les propriétaires fonciers n'ont souhaité pour l'heure répondre.
Un nouvel immeuble et une nouvelle route à la Pietrina
Direction le centre, à la Pietrina entre l'hôpital de la Miséricorde et les Jardins de l'empereur. Avant même l'enquête publique, U Levante et un collectif d'habitants se sont mobilisés. Ils organisent des réunions publiques pour conserver ce poumon vert.
Ici, un projet d'immeuble semble bien avancé, une route est prévue. « On s’est mobilisé notamment par rapport à un projet de route qui passait près de chez nous. Au départ, c’est un peu une réaction de riverains qui s’affolent. Au fur et à mesure que l’on décrypte, on se rend compte des enjeux de préserver la nature à l’échelle de la ville, mais pas seulement parce que c’est au pied de notre immeuble. Parce que la nature, on va en avoir besoin pour lutter contre le réchauffement climatique. Il faut se mobiliser. Tous les coins de la ville où il y a encore des espaces de nature, il faut les absolument les préserver », soutient Jenny Delecolle, association Sonniu d'Ortu.
Le conseil des sites a émis un avis défavorable, oliviers et chênes pour l'instant sont toujours classés. Les riverains réfléchissent à un autre avenir. « Ce dont on a besoin en cœur de ville, c’est d’une espace naturel qui soit ouvert à tous. On peut imaginer tout un tas de fonctions. Mais ce qui est important, c’est qu’il ne soit pas artificialisé. Pour l’instant, tout cet endroit a une fonction d’absorption de l’eau et ça contribue à ce que les quartiers en contrebas ne soient pas inondés », souligne Odile Cobacho, association Sonniu d'Ortu.
Désenclaver Ajaccio
Regrouper les immeubles, pour éviter le mitage, mais garder une trame verte, tout en gérant les problèmes de circulation, ce sont les grands défis de l'aménagement.
20.000 voitures par jour à Mezzavia, 40.000 par le bord de mer, et entre les deux un futur hôpital. De Pietralba, le bâtiment est visible, mais la route prévue n'est plus envisagée.
C'est le combat depuis 2014 de l'association Pietralba autrement. « On a eu 8.000 voitures par jour qui seraient passées, plus des camions, parce qu’ils voulaient faire le port à Saint-Joseph et là, c’était plutôt une zone de frète. Maintenant ce que nous voulons, c’est que la route qui passerait de Campo dell’Oro jusqu’aux vignes de Peraldi soit faite. C’est la seule solution pour désenclaver Ajaccio », estime Claude Glinatsis, association Pietralba autrement.
Les possibilités d'extension de la ville à l'avenir, seront aussi entre la Rocade et Saint-Antoine. Autour de l'usine de gaz de Loretto, la mission de l'autorité environnementale conseille d'éviter de dégrader davantage les paysages et milieux naturels.
Des contraintes, dont le PLU devra tenir compte, tout comme sans doute des remarques de l'enquête publique.