Le préfet de Corse, Christophe Mirmand, relativise le climat d'insécurité "dénoncé par certains" dans le quartier des Jardins de l'empereur à Ajaccio où deux pompiers et un policier ont été blessés mais pointe "le caractère inhabituel" de cette "embuscade" qui a pu "choquer".
Le quartier des Jardins de l'Empereur est-il une zone de non-droit comme certains le dénonçaient?
Christophe Mirmand, préfet de Corse : "C'est un quartier dans lequel se déroule de façon sporadique des incidents qu'il faut relativiser: c'est un petit quartier d'environ 480 logements et d'à peu près 1.700 habitants, propriétaires de leur logement pour la moitié et pour l'autre moitié de locataires.
La population d'origine étrangère représente la moitié des habitants. Habituellement, ce quartier est relativement tranquille, si on s'en tient aux indicateurs de délinquance.
Mais, c'est vrai qu'il y a sporadiquement des incidents: il y a déjà eu par le passé des jets de pierres contre des fonctionnaires de police qui effectuaient leur travail.
On est dans une situation où les incidents qui se sont produits la nuit de Noël ont été plus graves parce qu'ils ont impliqué cette fois des pompiers et on peut penser qu'en termes de mode opératoire il y a eu une embuscade."
Des propos racistes ont été tenus lors des manifestations qui ont suivi l'agression des fonctionnaires, le vivre ensemble est-il compliqué dans ce quartier d'Ajaccio?
Christophe Mirmand, préfet de Corse : "Les manifestations qui se sont déroulées ont pris un caractère particulièrement choquant, sur le plan des propos qui ont été tenus et qui pourront donner lieu à des poursuites si leurs auteurs sont identifiés.
C'est un quartier où le vivre ensemble est peut-être un plus compliqué qu'ailleurs. C'est un quartier dans lequel on constate des phénomènes de marginalisation, sans aller jusqu'à parler de communautarisme, voire de radicalisation comme certains en ont parlé.
Il y a néanmoins une situation qui doit être prise en compte sur le plan de la lutte contre la délinquance: on trouve des trafics de stupéfiants, il y a également des incivilités et de la petite délinquance. Ajaccio est une ville -et plus largement la Corse- qui ne connaît pas de phénomène de délinquance urbaine, de phénomène de bandes comparable à ce que l'on rencontre dans d'autres départements.
C'est la raison pour laquelle il y a peut-être, du fait de ces agressions commises dans la nuit de Noël, des réactions plus vives parce qu'elles ont choqué par leur caractère inhabituel."
Quelles mesures vont être prises pour prévenir dans l'avenir de tels débordements?
Christophe Mirmand, préfet de Corse : "Ce quartier doit faire l'objet d'un travail particulier avec la police sur le plan de la lutte contre la délinquance.
J'ai donné des instructions en ce sens au directeur de la sécurité publique pour qu'un plan d'action soit élaboré, qui permette de rétablir la sérénité dans la vie quotidienne de ses habitants.
Par ailleurs, le quartier est l'objet d'un contrat de ville signé avec le maire d'Ajaccio, le président de la communauté d'agglomération. J'ai pris un arrêté hier soir (samedi) d'interdiction des rassemblements et de manifestations dans le quartier des Jardins de l'Empereur.
Cet arrêté prend effet aujourd'hui (dimanche) et durera jusqu'au 4 janvier au moins. Les contrevenants sont passibles de sanctions pénales. Il faut que les fonctionnaires de police puissent travailler et y conduire l'enquête."