Mardi s’est tenue la journée nationale des prisons, l’occasion de se pencher sur le quotidien des prisonniers et surveillants à la maison d'arrêt d'Ajaccio. Cet établissement, datant de la fin du 19e siècle, est obsolète, mais ne sera pas reconstruit.
Les murs de la prison d’Ajaccio se dressent bien haut au milieu de la ville. Elle se trouve à deux pas du palais de justice.
Dans l’établissement, tout est petit. À tel point qu’une des surveillantes la surnomme la maison de poupée. Les cours, le hall, les couloirs… tout est entravé pour le corps comme pour le regard.
Jacques, 20 ans, est en préventive depuis sept mois : « Parfois, quand je suis en promenade, j’ai l’impression d’être comme une mouche dans un bocal, qui se tape sur les coins. Mais ça dure cinq minutes, quand on marche, après on oublie. On fait des allers-retours, on s’épuise un peu… ça va ».
Eli, 30 ans, dont huit passés derrière les barreaux : « Il y a eu des tempêtes. On n’a pas d’abri. Donc ça veut dire que si on descend en promenade, on est obligé de mettre la capuche. Mais les capuches sont interdites. »
Adrien, 21 ans, en préventive depuis 14 mois : « Je ne comprends pas ce but de mettre des grilles de partout. On ne fait jamais un mètre sans avoir une grille en face de nous. »
Suroccupation
Les trois jeunes hommes partagent la même cellule. Ils disent bien s’entendre en général. Ils cohabitent dans un espace de 12 mètres carrés, et à trois, c’est déjà de la suroccupation.
La prison d’Ajaccio compte 53 lits pour 64 détenus actuellement. La surpopulation atteint 120 %, c’est souvent bien plus.
« Une personne en plus ça fait beaucoup de différence dans un espace comme celui-là, par rapport aux rangements, aux meubles, aux affaires. C’est toujours compliqué », explique l’un d’entre eux.
« Le plan de travail où on doit cuisiner, c’est sale. Il n’y a pas de place dans les toilettes. On n’a pas d’intimité », regrette un autre.
4 mètres carrés
L’établissement compte cinq parloirs de moins de quatre mètres carrés.
« C’est conforme, mais ce n’est pas acceptable pour autant. On fait avec ce que l’on a par rapport à l’exiguïté des lieux. Cela remet d’autant plus le sujet de modernisation de l’établissement en étant maintenu dans les lieux, et en espérant pouvoir évoluer dans quelques années dans une structure plus adaptée », indique Patrick Migliaccio, chef d'établissement de la maison d'arrêt d'Ajaccio.
Absentéisme
La vétusté de la prison d’Ajaccio est aussi partagée par les agents pénitentiaires. Parmi eux, le taux d’absentéisme atteint des records.
Il n’y aura pas de nouvelle prison d’Ajaccio. Un an après cette annonce, il n’y a même pas l’ombre d’un projet de modernisation.