Depuis l'assassinat de Robert Feliciaggi, conseiller territorial et homme d'affaires corse, 12 années se sont écoulées. À ce jour, son meurtre reste non élucidé et le dossier est en suspens. "Si on refermait le dossier, on ferait mourir Robert deux fois", déclare sa veuve.
C'était il y a 12 ans. Le 10 mars 2006, alors qu'il arrivait de Paris par le dernier avion, Robert Feliciaggi était assassiné sur le parking de l'aéroport d'Ajaccio, de deux balles dans la nuque.
Alors âgé de 63 ans, ce conseiller territorial corse surnommé "l'Africain" était à la tête d'une fortune conséquente. Le résultat d'un empire des jeux, composé de plusieurs casinos au Cameroun, au Gabon et au Congo, et d'un réseau de PMU créé avec un associé en Afrique.
A-t-on voulu tuer Robert Felicciagi, ses liens d'amitié avec le parrain Jean-Jé Colonna peuvent-ils expliquer sa mort ? À ce jour, nul ne le sait. Car 12 ans après les faits, le dossier reste non élucidé en dépit de l'engagement des plus hautes autorités de l'État - jusqu'au ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy.
Des magistrats de la Juridiction spécialisée de Marseille sont allés jusqu'à présenter son assassinat comme un acte clé dans le déclenchement de la guerre dans le grand banditisme corse. C'est aussi ce qu'affirme Claude Chossat dans son livre "Repenti", où il affirme que l'assassinat aurait été commandité par un autre personnage du milieu, Richard Casano. Ce, dans l'optique de tarir la source financière de Jean-Jé Colonna.
Des hypothèses jamais vérifiées et peu crédibles, selon l'avocat de la famille Me Jean-Dominique Lovichi : "Il est évident qu'à partir du moment où le magistrat instructeur n'a pas jugé utile de relancer les investigations concernant cette piste, il est clair qu'il n'ajoute pas un grand crédit à ce qui a pu être dit", déclare-t-il.
Aujourd'hui, le dossier reste en suspens et plus aucun acte n'est accompli par les magistrats instructeurs. La famille craint une clôture du dossier sans connaître la vérité. Pour sa veuve Marie-Antoinette Feliciaggi, le combat continue. En 2013 déjà, elle déclarait :
Si on refermait le dossier, on ferait mourir Robert deux fois. Il est indispensable que l'enquête continue.
► Revoir le reportage d'Anne-Marie Leccia et Kinany Ramsey :
Interviennent dans ce reportage : Marie-Antoinette Feliciaggi, veuve de Robert Feliciaggi (archives mars 2013) et Me Jean-Dominique Lovichi, avocat de la famille de Robert Feliciaggi.