DOSSIER - Le Triomphe de la Religion ou l'histoire méconnue d'un tableau de maître

Le Triomphe de la Religion ou La Vierge du Sacré Cœur est une toile d'Eugène Delacroix datant de 1821, visible dans la cathédrale d'Ajaccio (Corse-du-Sud). En deux siècles, cette peinture, un temps attribuée à Théodore Géricault, a connu de nombreuses péripéties.

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Les péripéties d’une commande​

"Il vient de m’arriver une commande [...] C’est un tableau pour un évêque de Nantes [...] il faut [...] en avoir fait des esquisses peintes et des ébauches pour les soumettre audit évêque", écrit Eugène Delacroix à sa sœur Henriette de Verninac le 28 juillet 1820.

A l’origine, le destinataire de cette commande, une grande toile représentant la Dévotion au Sacré-Cœur de Jésus et de Marie, est le peintre Géricault qui la cède, en secret, à Delacroix. Ce dernier exécute en 1821 cette petite esquisse très proche de la composition définitive du tableau, finalement placée dans la cathédrale d’Ajaccio.

Pourtant destiné à la cathédrale de Nantes, les autorités religieuses le rejettent. Il est alors envoyé en 1827 à la cathédrale d’Ajaccio, sous le nom de Géricault.

Dans un article de la Revue du XIXème siècle, L. Batissier dévoile en 1842 la supercherie mais on ne connaîtra la localisation exacte du tableau qu’en 1930.

Un dossier de Caroline Ferrer, Stéphane Agostini, André Girardin 
Jean-Marc Idir, spécialiste du triomphe de la religion d'Eugène Delacroix; Annick Le Marrec, documentaliste - Palais Fesch; Sophie Cueille, conservateur en chef de la Collectivité Territoriale de Corse

Je travaille à tâtons

Dès juillet 1820, Delacroix se met au travail et sa correspondance témoigne de ses difficultés d’inspiration et de composition. "L’idée de ce tableau que j’ai à faire me poursuit comme un spectre. [...] tout ce que j’ai voulu chercher n’a été que misérable" avoue-t-il à son ami Pierret, le 20 octobre 1820.

C’est en définitive une composition proche du style monumental de Géricault que présente la petite esquisse du musée Delacroix, ne différant pas sensiblement du tableau de la cathédrale d’Ajaccio, excepté par ses dimensions.

A n’en pas douter, le peintre se devait d’imiter la manière de son ami, qu’évoquent aussi la palette des tons ocres et bruns, les bleus et les rouges foncés.

Après la Vierge des moissons (église d’Orcemont), la Vierge du Sacré-Cœur marque le début d’une longue suite d’œuvres d’inspiration religieuse qui trouvent leur apothéose dans les magistrales peintures murales de l’église Saint-Sulpice.

Source : Musée National Eugène Delacroix

A feuilleter : L'oeuvre complet de Eugène Delacroix : peintures, dessins, gravures, lithographies
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