Le pape François a nommé jeudi à la tête de l'archevêché de Lyon Olivier de Germay, ancien officier au caractère bien trempé, qui devra panser les plaies laissées par "l'affaire Barbarin" dans une des communautés catholiques les plus dynamiques du pays.
Sa décision met un terme à la vacance ouverte par la démission en mars du très médiatique cardinal Philippe Barbarin.
Pour ses silences sur les agressions sexuelles commises dans les années 1970 et 1980 par un prêtre du diocèse, Mgr Barbarin a été condamné en mars 2019 à de la prison avec sursis en correctionnelle, avant d'être relaxé en appel en janvier.
Il a peu après renoncé à ses fonctions pour devenir simple aumônier en Bretagne.
Mais le traumatisme reste vif au sein de l'Église catholique, contrainte de s'interroger sur son attitude passée face à la pédophilie.
Evêque d'Ajaccio depuis 2012
Celui auquel reviendra la tâche de conduire le diocèse de Lyon sur ce nouveau chemin était depuis huit ans évêque d'Ajaccio."Avec l'affaire Preynat, le diocèse a vécu une période douloureuse", a reconnu depuis l'île de Beauté Mgr de Germay, à l'annonce officielle de sa désignation.
Selon le prélat, tout juste sexagénaire, sa "génération d'évêques est très sensibilisée à cette question-là. Il ne sera pas question de fermer les yeux sur de tels abus".
"Je m'inscris dans ce grand travail pour faire de l'Eglise un lieu sur". "Tout abus doit être signalé, les mesures nécessaires doivent être prises", a-t-il affirmé, tout en relevant que "la vie du diocèse ne se limit(ait) pas à cette affaire douloureuse".
Son installation comme nouveau Primat des Gaules aura lieu le 20 décembre en la cathédrale Saint-Jean. Dans l'intervalle, l'administrateur apostolique du diocèse Michel Dubost continuera d'assurer l'intérim.
Un homme "dynamique", "qui a du caractère"
Le nouvel archevêque est un homme "dynamique", "qui a du caractère", s'est réjoui Mgr Dubost dans un message diffusé depuis le Liban. Une autre source au sein du diocèse le décrit comme "doux, humble... et solide".Fils de général, issu d'une fratrie de cinq enfants, ce natif de Tours dit avoir été "marqué par l'exemple de ses parents". "La foi n'était pas un sujet tabou" et "la messe du dimanche faisait partie de la vie de la famille".
Dans une déclaration transmise par l'archevêché, Mgr de Germay explique avoir reçu l'appel du nonce (le représentant du pape en France), lui demandant de venir le rencontrer le 18 septembre... le jour de ses 60 ans.
Ancien élève de l'école militaire de Saint-Cyr
Ancien élève de l'école militaire de Saint-Cyr, d'où il est sorti avec un diplôme d'ingénieur, Mgr de Germay a été ordonné prêtre en 1998 et nommé évêque en 2012."J'ai découvert tardivement ma vocation, à l'âge de 30 ans. Cela a été un grand bouleversement car j'étais alors officier parachutiste, destiné à faire carrière dans l'armée", raconte-t-il dans un document transmis par l'archevêché.
Mgr de Germay reconnaît avoir "tout à découvrir de ce beau diocèse" de Lyon, dont il affirme pressentir "toute la richesse humaine et spirituelle".
Car son parcours, riche et varié, s'était limité à la seule région toulousaine, avant son départ pour la Corse: vicaire puis curé de Castanet (1999-2006), aumônier diocésain des Guides de France (1999-2001), doyen de la zone "banlieue sud" de Toulouse (2002-2006), vicaire épiscopal (2004-2012), curé de Beauzelle (2006-2011), professeur de théologie à l'Institut catholique de Toulouse (2008-2012) puis doyen de Blagnac (2009-2012).
Au sein de la Conférence des évêques de France, Mgr de Germay est membre de la commission "pour la catéchèse et le catéchuménat". Accompagner les adultes vers le baptême est pour lui l'occasion de "grandes joies", dit-il.
Il fait aussi partie du groupe de travail sur le sujet hautement sensible de la bioéthique.
"Je n'arrive pas à Lyon avec un programme tout ficelé", assure-t-il. "Mon programme c'est l'évangile".