Politique en Corse : le PNC renouvelle et rajeunit ses instances dirigeantes

À l'occasion de ses 20 ans célébrés samedi 10 décembre à Corte, le Partitu di a Nazione Corsa a désigné son nouveau secrétaire national. Âgé de 24 ans, Pascal Zagnoli succède à Jean-Christophe Angelini à la tête du parti nationaliste.

Quand le Partitu di a Nazione Corsa a été créé en 2002, Pascal Zagnoli était âgé de 4 ans. 20 ans plus tard, le voilà à la tête du parti autonomiste fondé notamment par Jean-Christophe Angelini. 

Samedi 10 décembre, à Corte, le jeune homme de 24 ans a été désigné secrétaire national du PNC lors d'un congrès où la formation politique a soufflé ses 20 bougies et acté le renouvellement de ses instances dirigeantes. Saveriu Luciani prend quant à lui la présidence du Conseil national occupée jusqu'ici par Léon Giacomoni.

Devant près de 400 militants réunis sous un chapiteau, Pascal Zagnoli a ainsi succédé à Jean-Christophe Angelini. Porte-parole du parti depuis le début de l'année, il était l'unique candidat à briguer la fonction de secrétaire national. 

"À ceux qui pourraient avoir des craintes et des doutes, oui, vous pouvez douter de moi, et c'est normal, a-t-il lancé dans son discours devant les militants. Comment ne pas être inquiet lorsque celui qui a bâti et porté au fur et à mesure ce parti pendant 20 ans annonce qu'il laisse sa place ? L'inquiétude est légitime quand on est un tant soit peu attaché à ce parti. Je vous le dis : n'attendez pas que je sois un nouvel Angelini ou un Angelini Bis. D'Angelini, il n'y en a qu'un", souligne-t-il en regardant le maire de Porto-Vecchio et président du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse.

Après les applaudissements de l'assistance, Pasal Zagnoli reprend :  "Je serai moi-même avec mes qualités et mes défauts - nombreux diront sûrement certains. Oui, je commettrai certainement des erreurs comme tout un chacun. Oui, je suis jeune. Mais plutôt que de parler d'âge, nous parlerons de maturité et de compétences pour assurer les responsabilités qui me sont confiées. Mais je ne serai pas tout seul. Les membres de l'exécutif, les militants historiques et ceux qui oeuvrent chaque jour sur le terrain seront à mes côtés." 

Bilan et perspectives

Pour Jean-Christophe Angelini, qui reste le président du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse, la désignation de celui qui est également le vice-président de l'Assemblea di a Giuventù symbolise le rajeunissement des instances dirigeantes du parti.

"Je pense que Pascal a pour lui les qualités et les défauts de la jeunesse, confie le maire de Porto-Vecchio. C'est précisément de ça dont on avait besoin. Peut-être que le PNC, sous mon impulsion, et celle d'une certaine génération, s'était un peu assagi, s'était un peu trop conformé à des canons, à des modes de pensée ou d'action assez anciens. Je veux croire que Pascal Zagnoli et cette génération nouvelle qui prend des responsabilités vont pouvoir secouer cette petite torpeur et accéder pour les 20 prochaines années à quelque chose de nouveau."

Au moment de dresser le bilan de ses 20 années, le désormais ex-secrétaire national indique : 

"Je pense que le bilan, incontestablement, est à l'actif de tous. Il est, me semble-t-il, positif non pas pour le PNC mais pour la Corse. Après, toute action humaine et notamment dans le domaine politique est perfectible. Mais on aurait aussi pu faire autrement, voire pire. Et je veux croire que ces 20 années ont été collectivement des années riches qui ont permis - sans porter de jugement de valeur - au mouvement national d'évoluer."

Le reportage de Dominique Moret consacré à la création et à l'histoire du Partitu di a Nazione Corsa :

Ce renouvellement des instances exécutives du parti intervient un an et demi après la rupture du contrat Pè a Corsica qui avait contraint la famille nationaliste à partir en ordre dispersé aux Territoriales de 2021.

Après avoir vu certains de ses cadres faire partie des conseils exécutifs des mandatures précédentes, le PNC siège désormais sur les bancs de l'opposition à l'Assemblée de Corse, au sein du groupe Avanzemu. Samedi soir, à la tribune, Jean-Christophe Angelini a déclaré : 

"Le temps reviendra où l'on parlera d'unité stratégique, de concorde et de paix parce que les événements de ces derniers jours viennent nous dire qu'au moins autant que l'aveuglement de l'État et des stratégies mortifères mises en ouvre par certains, nous payons comptant la désunion de 2021 et le pari insensé qui a été réalisé à cette époque."

"Une vision à 20 ou 30 ans"

Si Jean-Christophe Angelini passe la main à la tête du parti, il reste cependant le président du groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse. Le maire autonomiste de Porto-Vecchio continuera de participer aux discussions - pour l'instant suspendues - avec Paris sur l'avenir institutionnel de l'île. 

"Je vais contribuer au débat en tant que président de groupe, explique-t-il. Le PNC en tant que tel, à travers Pascal Zagnoli et d'autres, s'exprimera mais nous continuerons de dire qu'il n'y a pas de solution politique en considérant la répression comme un phénomène à part ou une variable d'ajustement. Concernant le volet institutionnel, pour important qu'il puisse être, il ne suffit pas à tout régler. Il faut aussi amener un projet de société, une vision de ce pays à 20 ou 30 ans. Plutôt qu'elle nous soit imposée par qui que ce soit, nous préférerions, au PNC, qu'elle soit proposée et mise en oeuvre par la Corse. C'est ce que nous allons, pour notre part, nous attacher à faire à compter des prochains jours."

"L'objectif, c'est que ce pays se serve de ses ressources pour mettre en place un vrai rapport de force politique, technique, méthodique vis-à-vis de Paris."

Pascal Zagnoli

Secrétaire national du PNC

À la tribune, Pascal Zagnoli a évoqué une motion d'orientation générale censée définir la future stratégie du parti.

"Elle prévoit un processus d'autodétermination et une façon de le construire à travers des conférences nationales sur l'autodétermination qui, d'un point de vue technique, doivent nous permettre de mettre autour de la table toutes les mouvances nationalistes mais aussi les syndicats et toutes les forces de ce pays. L'objectif, c'est que ce pays se serve de ses ressources pour mettre en place un vrai rapport de force politique, technique, méthodique vis-à-vis de Paris pour aboutir à un processus d'autodétermination qui nous permette de reconnaître les droits de ce peuple." 

Fort de ses nouvelles instances dirigeantes, le PNC souhaite désormais renforcer sa présence sur l'ensemble de l'île tout en consolidant ses liens avec l'extérieur. En témoigne la présence des délégations basque, bretonne et alsacienne samedi soir à Corte.

Le reportage de nos équipes samedi soir à Corte : 

Intervenants - Jean-Christophe Angelini, Pascal Zagnoli et Saveriu Luciani (PNC)

Équipe journalistes - M.-F. Giuliani - V. Boulay - S. Wislin