Yvan Colonna est décédé le 21 mars des suites d'une violente agression d'un co-détenu. Ses funérailles se tiennent ce vendredi après-midi à Cargèse, son village familial.
Ils sont nombreux, plusieurs milliers, à avoir fait le déplacement à Cargèse, ce vendredi. Une foule silencieuse, composée de proches, d'élus - notamment de la mouvance nationaliste -, et de citoyens, pour certains arrivés dès la matinée, venue rendre un dernier hommage à Yvan Colonna.
"C'était très important pour moi d'être là, souffle Patrizia Gattaceca, qui se décrit comme une amie du militant indépendantiste. Pour rendre hommage à sa famille aussi, les soutenir comme tout un peuple les soutient. Je crois que notre présence à tous est un réconfort pour eux, mais ce sont des sentiments pour tous d'émotion et de colère."
Aujourd'hui, poursuit l'artiste chanteuse-musicienne, émue, "Yvan rentre chez lui. Il a mené un combat, c'est quelqu'un qui a toujours clamé son innocence. Il a été lâchement assassiné, et nous sommes tous en droit d'avoir des réponses, parce que nous ressentons tous un grand sentiment d'injustice. Depuis longtemps, nous l'avons ce sentiment, après les procès, bien sûr, mais aujourd'hui c'est le comble, et là nous sommes terrassés par cet événement."
Elle qui a hébergé Yvan Colonna lors de sa cavale, en 2002 puis en 2003, - action pour laquelle elle a été condamnée en 2013 - est toujours restée convaincue de son innocence. Elle retiendra un homme "d'une grande droiture, sincère, qui aimait sa terre et les siens." "Ça a été un honneur pour moi de connaître un homme de sa qualité."
Il est midi quand le convoi funéraire quitte Ajaccio, 14h15 quand il arrive enfin à Cargèse. Premier arrêt pour le corbillard : le domaine familial des Colonna, pour un recueillement plus intime, réservé aux plus proches, avant un passage "devant le champ d'oliviers (qu'Yvan) avait dû abandonner un jour de mai 1999", date du début de sa cavale de 4 ans, comme l'annonçait son avis de décès.
Trente minutes plus tard, et à moins de vingt minutes de l'horaire initialement annoncé de la messe, à 15h, le véhicule se remet en route jusqu'au restaurant le St-Jean, au centre de Cargèse.
Le cercueil, recouvert du drapeau corse, est ensuite porté par ses proches, en roulement, dans les rues du village. Une lente procession, dans le calme, jusqu'à l'église latine.
L'office religieux débute à 15h40, et se clôturé un peu moins d'une heure plus tard, à 16h30. Devant l'église, toujours, des bandere flottant au vent et des milliers de personnes massées, faisant cercle tout autour du cercueil.
Le Diu vi salvi Regina est entonné, et la foule s'écarte, laissant passer les jeunes portant le cercueil jusqu'au cimetière, où l'enfant du village est enfin inhumé.
Yvan Colonna est décédé lundi 21 mars à l'hôpital nord de Marseille, après trois semaine de coma post-anoxique. Le berger a été la victime d'une violente agression d'un co-détenu radicalisé, Franck Elong-Abé, survenue à la maison centrale d'Arles, le 2 mars.