L'opération "bien vieillir" pilotée par la Collectivité de Corse propose des ateliers destinés aux 60 ans et plus pour travailler le corps et la mémoire. Objectif : sur tout le territoire, garder les personnes âgées à domicile et prévenir la perte d'autonomie.
La Corse est la deuxième région de France à compter le plus de seniors. En 2015, ils étaient 28,7% de la population, soit 94.000 personnes.
Consultez l'étude de l'Insee sur les seniors dépendants en Corse
Chaque année, les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses. Selon l'Insee, un Corse sur trois aura plus de 65 ans en 2050. Parmi eux, 1500 nouveaux centenaires. Mécaniquement, il y aura de plus en plus de seniors dépendants : 21.000 en 2030.
De plus en plus de seniors dépendants
Ces chiffres s'expliquent par l'arrivée d'une population majoritairement vieillissante ou retraitée sur l'île et la diminution du nombre de naissance.La Population des 20-60 ans semble, elle, se stabiliser.
Bien viellir en Corse
Pour accompagner cette situation, la Collectivité de Corse a lancé l'opération "Bien viellir", des ateliers destinés aux plus de 60 ans pour travailler la mémoire et le corps. En tout, 600 actions sont menées depuis 2018 à travers des Centre Intercommunaux d'Action Sociale (CIAS), des associations, des Ehpad ou des maisons de santé.Prévention des chutes, mémoire, souplesse sont au programme des différents ateliers.
"Cela nous permet de fixer le maintien à domicile des personnes âgées, ce à quoi nous tenons beaucoup à la Collectivité. C'est un cap que nous nous sommes fixés, avec la prévention de la perte d'autonomie", précise Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge du social et de la santé, qui se félicite que l'opération touche aussi "des endroits très reculés comme Calacuccia ou Bastelica."
Zoom sur Cargèse, Piana et Vico
Dans la région de Cargèse, Piana et Vico, une centaine de personnes participent chaque année aux activités pour "bien vieillir". C'est aussi une occasion de se rencontrer, de discuter."On a coutume de dire que plus les années passent et moins on a de chances de se faire des vieux amis. Là, on avance quand même en groupe et en cohésion. Ca me paraît être fondamental pour la vie, tout court", explique Dominique Mattei, Habitante de Piana.
Ceux qui organisent ces ateliers notent eux aussi l'importance des rencontres entre participants. C'est le cas d'Emma Frau, psychologue clinicienne : "J'aime le fait que les générations se mélangent. Leur ouvrir un espace pour qu'elles puissent créer du lien avec d'autres personnes du même village qu'elles n'ont peut-être pas forcément l'habitude de fréquenter et aussi ouvrir un espace de parole pour raconter les difficultés liées au vieillissement, au fait de vieillir dans un milieu rural. "
Réticences
Pour Dominique Poggi, médecin en milieu rural, le lien social est essentiel, au même titre que les activités proposées. Il voit pourtant des réserves dans cet univers villageois où tout le monde se côtoie : "Parfois la première réaction, par exemple pour les ateliers de prévention de chutes, c'est de dire "moi je n'en ai pas besoin. Je ne suis jamais tombé", explique-t-il. Il y a la réticence d'être avec des gens qu'on connaît, d'être quelque part dans une position de faiblesse. Mais en fait ce sont des réticences qui disparaissent assez vite."50.000€ alloués sur deux ans par la Collectivité ont permis de proposer des activités entièrement gratuites à Piana, Vico et Cargèse. Aller au contact d'une population qui ne se serait pas forcément déplacée vers les grosses agglomérations était une nécessité.
L'importance d'agir dans le rural
"Il a fallu qu'on regroupe les professionnels qu'il fallait pour ces ateliers en sachant qu'ils ont la plupart leur métier sur Ajaccio", précise Audrey Antonini, secrétaire Coordination du Pôle santé.Mais les professionnels de santé le rappellent : le mieux, pour bien vieillir, est d'entretenir sa santé dès le plus jeune âge.