Il y a beaucoup de correspondances entre l'Algérie et la Corse : par le paysage autant que par la force de la tradition orale. Une vingtaine de poètes l'a expérimenté samedi 1er juin dans une rencontre qui se tenait à Alata, près d'Ajaccio.
Dans le creux des vallons d'Alata, en surplomb d'Ajaccio, une femme semble humer les formes autant que les arômes.
Ce paysage corse est, pour cette poétesse algérienne, subtilement familier. « C’est quelque chose qui m’émeut. Ça me rappelle mon enfance et ma jeunesse dans ce beau pays qu’est l’Algérie », livre Ouahiba Aboun Adjali.
Ils sont quelques-uns, poètes des deux rives, à se rapprocher depuis des années, grâce à Danièle Maoudj. Les auteurs algériens de langue française expliquent que le français, langue coloniale, a été réappropriée par la pratique populaire.
Un constat partagé pour certains, dans leurs familles. « En traduisant du corse au français, ça crée une langue complètement poétique et complètement à côté. Elle est très savoureuse, très belle. J’ai beaucoup de souvenirs de mes oncles et tantes, pour te parler en français, ils traduisaient du corse, mais en passant par leurs schémas mentaux », témoigne Dominique Ottavi, poète et chanteur.
Donner du pouvoir à la contestation
De quoi donner du pouvoir aux imaginaires et à la contestation. Dans les manifestations en cours en Algérie, tout le monde a remarqué la puissance des mots utilisés.
Et il y aurait un lien avec la poésie. « Aujourd’hui vous avez des slogans qui sont amenés sur la place publique qui traduisent concrètement une force au niveau intellectuel et au niveau poétique. Ils donnent le ton de ce qu’attend toute une jeunesse et tout un peuple », souligne Téric Boucebci, directeur de la publication Revue 12x2.
Déception quand même pour les organisateurs : peu de monde jusqu'en début d'après-midi, samedi 1er juin, pour partager ces rencontres.