Cinq pompiers ont été blessés dans la nuit de vendredi 24 à samedi 25 mars à Bastelica (Corse-du-Sud) dans un violent feu de maquis. Une enquête est en cours. Une personne est en garde à vue.
Un incendie, d'une violence rare à cette époque de l'année et toujours pas maîtrisé samedi en début d'après-midi, a ravagé plusieurs centaines d'hectares de maquis à Bastelica (Corse-du-Sud) dans la nuit de vendredi à samedi. Cinq pompiers, "pris au piège" des flammes, ont été blessés.
@SDIS34 apporte son soutien aux 5 SP blessés sur le #feu de Bastelica @sdis2a et aux l'ensemble des SP pic.twitter.com/7Z6AhDgwJe @Prefet34 pic.twitter.com/xsqMvamqgW
— SDIS 34 (@SDIS34) 25 mars 2017
Les soldats du feu, brûlés aux premier et second degrés, ont été touchés aux mains et au visage. Le pronostic vital d'aucun d'entre eux n'est engagé, mais deux sont "sérieusement" blessés, a précisé le service départemental d'incendie et de secours (Sdis) de Corse-du-Sud.
Ce sinistre, qui pourrait être d'origine volontaire, a démarré en milieu de nuit sur la route montant à la station de ski du Val d'Ese, à une quarantaine de minutes de route d'Ajaccio.
L'enquête, menée par la gendarmerie nationale, a conduit à l'arrestation d'un homme de la localité, qui a été placé en garde à vue. "Il aurait été aperçu à proximité des lieux par plusieurs témoins", a expliqué le procureur d'Ajaccio Eric Bouillard, précisant que le mis en cause nie les faits devant les enquêteurs.
"En début de soirée, un groupe de sapeurs-pompiers s'est retrouvé pris au piège des flammes, à la suite d'un changement d'orientation du vent. Ils se sont alors réfugiés dans leurs véhicules équipés d'un dispositif d'auto-protection", a précisé samedi matin dans un communiqué le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl, en souhaitant "un prompt rétablissement" aux pompiers blessés.
Au moins trois véhicules de pompiers ont été détruits par le sinistre. Un photographe de l'AFP a pu voir dans la nuit les carcasses de deux véhicules entièrement calcinées, sur la route à proximité de l'incendie, dans une zone essentiellement dévolue au pâturage des troupeaux.
Dans la nuit, un berger, affolé pour ses bêtes, a remonté en 4x4 la route d'Ese, pourtant barrée par les gendarmes, afin de tenter de retrouver son troupeau, a constaté une correspondante de l'AFP. "C'est une honte, c'est une honte", hurlait-il au milieu de l'épaisse fumée.
Une montée en puissance du potentiel opérationnel est en cours sur le feu de Bastelica, avec sapeurs-pompiers et sécurité civile. pic.twitter.com/TcUBsVY9Dq
— SDIS 2A (@sdis2a) 25 mars 2017
Le bar du village, U Renosu, a ouvert ses portes en pleine nuit pour ravitailler les pompiers.
"Après reconnaissance aérienne, l'estimation provisoire est à présent supérieure à 300 hectares parcourus", a indiqué en fin de matinée le préfet de Corse-du-Sud sur son compte Twitter.
Les pompiers ont un peu plus tard évoqué 400 hectares.
La centaine d'homme du Sdis de Corse-du-Sud engagés sur le terrain depuis le lever du jour a reçu le renfort d'un groupe de l'unité de sécurité civile de Corte (Haute-Corse).
Cinq mises à feu
En raison des mauvaises conditions climatiques, les Canadair n'ont pas pu participer à la lutte contre l'incendie samedi matin, mais sont entrés en action à la mi-journée.Les braises, emportées par le vent particulièrement violent, ont déclenché de nombreux départs secondaires, ont précisé les soldats du feu, qui ont recensé "cinq mises à feu" initiales.
"Une enquête est en cours, menée par la gendarmerie nationale, pour déterminer les causes de cet incendie", a précisé le ministre de l'Intérieur.
"L'enquête se poursuit, mais pour l'heure, il n'est pas possible de procéder aux constatations techniques. Les premières informations font état d'au moins cinq mises à feu, donc il est raisonnable d'envisager la piste d'un incendie volontaire, même si tout cela doit être recoupé", a indiqué le chef d'escadron Christophe Capsié, commandant de la compagnie de la gendarmerie d'Ajaccio.
"Plusieurs personnes, qui auraient pu se trouver à proximité de l'incendie, ont été entendues comme témoins. Aucune bête, nombreuses dans le secteur dû à la présence de troupeaux de bergers, n'a été victime du sinistre", a-t-il précisé.
Le président du Sdis de Corse-du-Sud, Charles Voglimacci, va porter plainte pour atteinte aux personnes et destruction de matériel, a-t-il annoncé sur Twitter.
Le préfet de Corse-du-Sud a tenu "à exprimer toute sa solidarité et son entier soutien aux cinq sapeurs-pompiers blessés" ainsi qu'aux pompiers mobilisés, dans un communiqué.
Une cellule psychologique est actuellement activée à la caserne d'Ajaccio, selon le ministère de l'Intérieur.
La route D27 a été fermée à la circulation et la station de ski du Val d'Ese, à laquelle elle mène, était également fermée samedi.
Une cellule de soutien psychologique sera mise en place ce matin au centre d'incendie et de secours d'Ajaccio.
— Préfet Corse-du-Sud (@Prefet2A) 25 mars 2017